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Reflexion sur le néo-libéralisme

Il existe plusieurs postures derrière lesquelles se positionner afin de poursuivre, voire d’atteindre, un but commun. Ce but est, mais je pense que vous n’en serez pas surpris ici, la mise à mal du néo-libéralisme et du capitalisme financier.

Souvent je me retrouve la bave aux lèvres pourfendant avec véhémence et moult insultes les cibles de mes foudres. Pour quel effet ? Pour quel résultat ?

Bien heureux finalement le destinataire de ces billets à la limite de la haine, les boulets, aussi rouges soient-ils, que je m’échine à tirer en leur direction ne font que passer au dessus de leurs têtes.

 

Il va de soi que Sarkozy est un nain épileptique à tendance psychotique et schizophrène lourde. Il est vrai que Frédéric Lefèvre est un débile léger à la haine mal dégrossie bien incapable de comprendre le monde tel qu’ils sont en train, tous autant qu’ils sont, de détruire. Personne ne pourra contester la répugnance qu’Hortefeux ou Estrosi peuvent provoquer chez l’humaniste lambda. Je ne parle même pas de « gauchiste », non, je parle simplement d’humain possédant un QI supérieur à 80.

Ce n’est pas beaucoup 80, à 70 on est considéré comme déficient alors…

Certes tout cela on le sait, on peut le dire, l’éructer, le hurler sur tous les toits. Ça soulage, un peu. Ça ne fait même pas plaisir, non, je crois que ça remplit une fonction d’exutoire qui ne sert que celui qui s’y attelle. Et, malheureusement, n’atteint jamais sa cible.

 

J’ai donc décidé de ne plus me laisser aller pour quelques temps à l’insulte facile, d’éviter ces tombereaux d’injures qui me viennent par dizaines et participent, de fait, à ce climat de violence morale que je réprouve.

Paradoxal être humain, j’en suis fort marri lorsque je réalise que je ne suis que ça.

 

Je pense, du moins encore pour quelques temps, que la raison, la pédagogie, la logique et la connaissance sont nos armes les plus efficaces pour lutter contre ce mal endémique qui saccage notre monde.

Voilà plus de 150 ans que Karl Marx a posé les bases intellectuelles du combat qui est le notre, et s’il est un des penseurs les plus brillants du XIXème et du XXème siècle, il est également l’un des plus craints des capitalistes de tout poil. La raison ? C’est qu’il dit vrai, qu’il expose des faits, remonte à l’origine des systèmes qu’il démonte, décrypte, analyse et apporte les réponses aux problèmes structurels posés par le capitalisme, qui à l’époque n’est encore que patrimonial et pas encore complètement actionnarial.

Karl Marx fait plus peur aux Bébéar, Tchuruk, Fillon et autre Sarkozy que Bakounine ou bien Proudhon.

Or ces deux derniers ont participé au courant de pensée qui aujourd’hui encore nous permet de penser le monde autrement. Ils n’ont pas uniquement prônés la lutte armée, l’anarchie et la révolte dans le sang. Mais ils l’ont fait, et c’est ce que les oligarques du capitalisme retiennent pour ensuite le resservir à toutes les sauces. « Comment voulez-vous discuter avec un révolutionnaire ? Je suis prêt à parler moi qui suis un humaniste bon teint qui ne cherche qu’à faire que tout le monde s’enrichisse, mais comment le faire avec une bête enragée et pleine de haine ? »

Marx prônait également la lutte armée, mais il le faisait autrement, sans jamais céder à la colère, ce qui le rend plus crédible aux yeux de nos ennemis.

C’est stupide mais je n’ai jamais dit que les capitalistes ne l’étaient pas.

Même Engels est moins pris au sérieux, et pourtant sans Engels point de Marx.

 

Je vous fais ici un résumé certainement trop court du cheminement intellectuel qui fut le mien au cours des dernières années, mais j’essaie d’aller à l’essentiel, et résumer génère des erreurs et il sera aisé de m’apporter la contradiction. Toutefois je tiens le pari.

 

De ses expériences propres, de sa vie on tire chaque jour des conclusions, ou au contraire on ouvre des portes sur telle ou telle réflexion. Cette expérience empirique qui est la mienne a surtout eu pour sujet les addictions, la violence urbaine et la drogue. La sociologie de la toxicomanie est peut-être le sujet sur lequel je pourrais être le plus crédible, mais il est intéressant de constater que cette sociologie là est également liée à celle de l’éducation ou de l’économie.

Tout est lié, le monde n’est pas subdivisé en compartiments étanches malgré ce que les dominants voudraient nous faire croire.

C’est pourquoi j’axerais mon propos, aujourd’hui, sur ce que l’on nomme le « néo-libéralisme ».

Ce terme est des plus vague pris au débotté, et il recouvre autant le champ politique que celui de l’économie ou de la finance.

Afin de garder les courageux qui liront ce texte jusqu’au bout avec moi, je réduirais encore un peu plus le débat pour me concentrer sur un exemple précis, à savoir ce que l’on nomme les politiques publiques et sociales.

 

Vous aurez remarqué, aisément, que la logorrhée politique ambiante tente de nous démontrer par A+B que nous vivons dans un climat d’insécurité patent, et qu’il faut montrer la plus extrême sévérité à l’encontre des voyous. Ces racailles sans foi ni loi.

Nous pouvons jouer avec les statistiques, les manipuler et se contredire aisément, néanmoins il est évident que la violence de la société est un fait. Que les actes délictueux ou criminels, qu’ils soient en hausse ou en baisse, ne sont pas près de disparaître. Depuis que le monde est monde il y’a des bandits. Depuis que le monde est monde il y’a des inégalités. Depuis que le monde est monde il y’a des dominants et des dominés…Dire ça ne fait pas de moi un réactionnaire, même si certains le penseront facilement, mais ce constat posé nous pouvons désormais regarder quelle est la réponse que les politiques, de droite comme de gauche, tentent d’apporter à ce problème dit de l’insécurité.

Des commissions sont créées. Des chercheurs, des intellectuels, des gens de terrain, des juristes sont mis ensembles un bloc-notes à portée de main et ayant pour mission d’une part d’analyser les causes de cette situation de violence sociale permanente pour ensuite tenter d’apporter des solutions aux politiques. Ces derniers veulent des solutions, ou du moins veulent pouvoir annoncer qu’ils ont des solutions…

Faut-il mettre plus de policiers dans tel quartier ? Faut-il subventionner les associations d’aide à l’insertion ? Faut-il encourager la mixité sociale dans certains quartiers ? etc.

 

Passionnant débat qui ne débouche bien souvent que sur les mêmes constats navrants d’ajustements de telle ou telle variable.

Car il est bien sur hors de question de remettre en cause le système lui-même, les fondements de l’économie néo-libérale.

 

Un des axiomes des néo-libéraux est le « moins d’état ». Déréglementer et empêcher l’état d’intervenir dans les champs qu’ils considèrent comme faisant partie de leurs prés carrés est malgré tout d’une rare hypocrisie.

 

Revenons à notre histoire de commission à laquelle il est demandé de statuer sur les actions à entreprendre afin d’endiguer la violence structurelle de la société.

Quelles que soient les axes de réflexion ou d’action qu’ils proposeront aux politiques, ceux-ci auront un coût élevé. La police, la justice, la sécurité sociale, tout cela a un coût. Or ce coût est supporté par nous tous, c’est l’impôt qui permet cela.

Mais au fait, quelles sont donc les causes de cette misère sociale qui génère une telle violence ?

 

Pour répondre aux exigences de rentabilité totalement délirantes des marchés néo-libéraux, les entreprises, qui sont jusqu’à preuve du contraire les meilleurs pourvoyeurs de travail et donc de salaire aux salariés, se doivent d’appliquer ce qu’elles appellent des « plans sociaux ». Je n’ai d’ailleurs jamais bien pu m’expliquer pourquoi on nomme ces plans de licenciement massifs comme « sociaux », mais passons ça n’est pas le sujet.

Licencier 100, 200, 1000 ou 2000 personnes afin d’optimiser les coûts de production et ainsi assurer les 15% de rentabilité exigés par l’actionnaire est un gain pour l’entreprise. Ou du moins pour l’entrepreneur, ce qui est malheureusement devenu différent. Ce gain, important, a un coût. Tout d’abord il y’a les assurances chômage qui ne sont pas financées uniquement par les entreprises, bien qu’elles en prennent leur charge et c’est bien normal. Ensuite il y’a le coût social de ces licenciements, les anti-dépresseurs, les drogues, l’alcool, l’ennui et le désespoir qui créent la frustration qui elle-même engendre la violence sur laquelle nos chercheurs ont planché voilà quelques lignes…

 

Ce qui est gagné d’un côté par l’entreprise privée, coûte beaucoup plus cher à la société toute entière. Et pas uniquement en valeur « argent », mais le coût est exorbitant.

 

On voit ici que l’état, dont ne veut pas entendre parler l’entreprise, est malgré tout le bienvenu pour passer la serpillière une fois que les actionnaires ont dévoré la carcasse.

 

Autre exemple de l’hypocrisie néo-libérale, je vais tenter de narrer l’exemple d’Alcatel, société phare de l’industrie française, fleuron de notre savoir-faire technologique et fierté nationale.

Au début des années 2000 Alcatel est une société dite d’économie mixte. Ce terme effraie alors les libéraux purs et durs qui arguent qu’un système mixte offre les inconvénients des deux systèmes sans en tirer aucun des avantages.

Et ce sans jamais le prouver, mais en économie les incantations de quelques oracles suffisent à convaincre le plus grand nombre.

Alcatel était présent dans de nombreux domaines d’activités de la construction d’infrastructures de télécommunications, construction électrique, câbles, nucléaire etc. Il fut décidé par l’actionnaire de ne se recentrer que sur la téléphonie mobile, martingale magnifique assurant une rente exponentielle…À moins que la bulle de la « nouvelle économie » n’explose ?

Ce qu’elle fut à l’orée de l’année 2002, c’est quand même ballot…

 

Entre temps l’état avait été prié d’aller voir ailleurs, car il est bien connu qu’en terme de gestion d’entreprises l’état est un incapable. Il suffit de voir des sociétés comme Enron, Worldcom ou bien Vivendi qui…Ah non, merde, celles-ci sont privées, pas le bon exemple.

 

Bref, l’état, cet incapable ignorant, fut donc remplacé par l’actionnaire privé, bien plus malin et clairvoyant !

Mais si la dette d’Alcatel lors de l’explosion de la bulle était plutôt saine et sous contrôle, il n’en allait pas de même pour son carnet de commandes, et les pertes devenaient colossales.

C’est alors que Serge Tchuruk, PDG d’alors vint quémander des sous à l’état. Oh, certes il ne parla pas de subventions (on n’est pas assistés comme ces fainéants de chômeurs non plus !) mais d’investissements stratégiques bénéfiques à l’économie dans sa globalité.

Si ça c’est pas du foutage de gueule ?

 

Ce schéma s’est reproduit depuis avec les crises financières qui secouent la planète telle que la crise Grecque.

Les coups de menton de Sarkozy ne servent à rien, tant au niveau de la sécurité si chère à son cœur, qu’au niveau de la finance qui le méprise avec raison du fait de son incapacité à réformer quoi que ce soit.

 

Ce que la main gauche de l’état, celle qui offre les prestations sociales, la santé, l’éducation donne chaque jour un peu moins. La main droite, celle qui détient la police, la justice et l’ordre fait planer chaque jour un peu plus son ombre nauséabonde.

 

Moins d’état providence, plus d’état régalien. C’est ainsi que le néo-libéralisme fonctionne.

 

Il va de soi que ces quelques lignes ne peuvent expliquer tous les mécanismes du système, mais il faut comprendre que le réformer ne se fera pas uniquement par la volonté des politiques. C’est d’un bloc, dans son ensemble du fait de la globalisation, que l’on devra agir.

Mais c’est à long terme que cela semble possible, et à long terme…on sera tous morts ! Il est donc possible de proposer, et d’opter pour des compromis ne favorisant pas toujours les dominants, comme la droite le fait.

Le PS n’est pas anti-libéral, il est simplement certainement moins anti-social que ne l’est l’extrême droite actuellement au pouvoir en France.

 

Il y’a tant et tant à dire sur le sujet que je vais malgré tout m’arrêter là. Je conclurais en insistant sur le fait que les mots, la pédagogie et le dialogue peut permettre à certains de changer leur point de vue sur le monde. Les éructations de Sarkozy ne doivent tromper personne, et il est tentant lorsque l’on est soi-même perdu de croire celui qui hurle le plus fort.

Néanmoins ne serait-ce que pour ce qui fonde le capitalisme et le néo-libéralisme réactionnaire et violent d’un Sarkozy ou d’un Cameron il est impératif de convaincre chacun de nos proches de voter contre la droite en 2012.

 

Pour ceux qui voudraient en savoir plus je vous propose 2 articles, un livre et un film.

Sur le site du Monde Diplomatique, deux articles de Frédéric Lordon intitulés « Comment protéger l’économie réelle » et « Et si on fermait la bourse… ». Il suffit de se rendre sur le site du journal, les articles se trouvent aisément.

Du même Lordon, un petit livre aux éditions « raisons d’agir » et qui s’intitule « Et la vertu sauvera le monde…Après la débâcle financière, le salut par l’ « étique » ». Il ne coûte que 6 euros à la Fnac et croyez-moi, il en vaut bien plus.

Et enfin, un film de Pierre Carles qui date de 2002, un portrait de Pierre Bourdieu mais également bien plus que ça, qui s’appelle « La sociologie est un sport de combat ».

Si vous ne le trouvez pas, écrivez-moi je vous le donnerai au format Divx, soit par courrier gravé sur un CD ou DVD soit accessible sur un site ftp afin que chacun d’entre nous puisse voire ça.

 

Merci d’être allé jusqu’au bout de cet article…je vais à la Fnac acheter des livres avec ma chérie.

C’est samedi alors on a le droit de se détendre un peu bordel !!

 

Hasta Siempre camarades



25/09/2010
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