Les pages se tournent et se retournent aussi parfois.
Quand je passe
devant cette boutique, que j’ai un truc à dire, je n’hésite pas. Ça tombe bien,
c’est chez moi et j’ai les clés !
Parfois j’y exprime
des idées. Radicales, exacerbées, stupides ou malsaines, mais finalement qui
pour m’en empêcher ? Personne.
Qui pour me
contredire ? Sur le papier la terre entière, mais finalement, personne…
Parfois je viens
vomir ma souffrance.
Souvent je m’y épanche.
Pourquoi cette indécence ?
Cette question je me la pose très souvent. Je commence à trouver quelques
bribes de réponses.
Et puis il m’est
arrivé (pas souvent ici je le concède, mais j’ai déjà sévi ailleurs) de venir y
exprimer un espoir, allumer une bougie qui servira peut être un jour à
quelqu’un en manque de feu ? Qui sait ? Si vous avez la certitude que
ça n’arrivera pas, je vous en prie laissez-moi encore y croire !
Voilà quelques jours, à la suite de longues semaines de douleur un évènement
pas vraiment joyeux, mais décisif m’est arrivé. Suite à cela j’ai écrit une
longue lettre ou tantôt je me débattais, tantôt je m’égosillais le plus souvent
je cherchais un apaisement que je me tue à ne pas trouver…Et puis il est arrivé
une chose rare. Une chose qui ne m’arrivera peut être plus jamais. Comme si
vous étiez engoncé dans un corset et qu’une vie passée à chercher l’ouverture
et le nœud, le simple nœud à dénouer, jamais vous ne le trouviez.
Ce nœud je l’ai
trouvé.
En rédigeant une
phrase, une simple phrase.
« Ça n’est pas le manque d’une personne que je
ne connais pas, mais bel et bien le silence et l’opacité qui ont entouré cette
mort qui m’ont bousillé. »
La voilà la phrase.
Je l’ai écrite, réécrite, encore, encore, relue, à l’endroit, à l’envers, dans
les coins, sur le dos…A chaque fois la lumière se fait.
En soi elle n’est
pas importante, et puis j’ai vu trop de gens mourir pour ne pas savoir ce que
signifie le manque d’un être cher. J’ai donc toute crédibilité à dire cela.
Cette phrase, cet
objet abscons, ces quelques mots étranges,
ne parlent qu’à ceux qui connaissent le contexte, que je ne veux
dévoiler ici, le but est ailleurs.
Je reviens sur la
question du « pourquoi tant d’impudeur ». Un des éléments de
réponse est que j’ai trop parlé, trop jeté de mots à la gueule de ceux qui
m’aime, ou m’aimaient. J’ai trop pleuré dans des bras qui avaient tellement
plus à m’offrir, que les gens en ont eu assez et un jour on est seul. Seul avec
soi et ses questions. Alors j’ai trouvé ici non pas une épaule, mais au moins
quelques yeux et cerveaux amis. Même silencieux.
Un ami qui ne se
plaint jamais, un confident qui ne vous trahira pas, jamais ne se moquera…je
crois que c’est cela que j’ai trouvé, alors parfois je dérape, parfois je
m’épanche justement un peu trop, et la bouillie est indigeste mais doit être
sortie.
Ce soir c’est en
ami, en confident, en camarade que je m’exprime.
Cette phrase donc, a
dénoué un des nœuds les plus complexe et les plus humide de mon être tout
entier.
Et comme si elle
était le premier domino qui entraîne les autres inexorablement et dessine un
visage, un pays, une montagne. Un ami, ou un amour…
En postant cette
lettre les pensées se bousculaient dans ma tête, et si trop souvent je les ai
détruits, fumés ou noyés, ce soir j’étais léger. Si léger. Presque insouciant.
Je suis rentré chez
moi et j’ai pris tous les dessins que j’avais faits depuis des années. Ça a
pris plus d'une nuit, il faut dire que je ne jette jamais rien.
Enfin des dessins
hein ! Pas la bouffe…ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit !
Et bien ces dessins,
certains vilains, d’autres ébauchés. D’autres encore tels que je les voulaient,
et enfin des dizaines et des dizaines du même dessin.
Le même
dessin ? Je suis fou me suis-je dit au départ, mais je n’avais pas vu les
variations presque imperceptibles entre chaque dessin.
Je n’avais pas saisi
le sens qu’ils avaient tous ensemble. Et puis j’ai pris les autres, et les
textes aussi, et j’ai lu, j’ai comparé, j’ai trié, j’ai composé. J’assemblais
le Puzzle de ma vie !
C’était
grisant...émouvant.
Durant ces années je
ne trouvais aucun sens à ce que j’entreprenais sans réaliser que je travaillais
sur la même chose quel que soit le support, et qu’à chaque fois j’avançais.
Pour arriver à cette phrase, et tout s’est assemblé.
Tout est devenu limpide.
Oh bien sûr rien
n’est réglé, mais je ne suis simplement plus aussi faible.
Je n’ai plus peur…
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