Zone libre

Au moment de me saisir de mon clavier et venir déposer quelques pensées converties en mots sur ce papier virtuel, la question de mon introduction se pose invariablement.

Et bien aujourd'hui je vais faire simple : Un jour j'irai au Japon !!

C'est clair, concis, ça n'attaque pas la religion, et ne blesse personne. Ce qui en soi est déjà un bon point.

Donc le Japon. Pourquoi le Japon me direz-vous ? Ou pas, mais en fait je vais faire comme si sinon je m'arrête là et je n'en ai aucunement l'intention.

Passe ton chemin, toi lecteur, qui n'a pas envie de connaître mes pensées intimes relatives à l'empire du soleil levant !

Bon trêve de plaisanterie, je ne suis pas payé à la ligne, donc on s'en fout.

J'aurais du mal à déterminer une seule raison de mon désir de connaître ce pays. En effet, le Japon, seconde économie mondiale, un pays en miettes en 1945 qui est devenu un géant industriel et économique alors que rien ne s'y prêtait vraiment.

Pas de ressources naturelles, une topographie peu propice au développement, le risque quotidien d'être enseveli sous un tsunami ou englouti par un tremblement de terre…pas vraiment bandant sur le papier, comme disent si poétiquement les journalistes sportifs.

Profession hautement dénigrée et à raison. J'apprécie de lire l'équipe mais certainement pas pour la qualité des écrits qui s'y trouvent.

Bref ça n'est ni le sujet ni le moment.

Le Japon est un archipel de nombreuses îles (je n'ai pas le nombre exact en tête et aucune envie de chercher, vous le ferez vous-même si ça vous intéresse), très densément peuplé de japonais, ce qui est une de ses nombreuses caractéristiques.

Ne riez pas, ça n'est pas toujours une évidence. Par exemple c'est bel et bien l'île de France qui possède la plus grande concentration de citoyens portugais au monde et pas le Portugal.

Ah ! On se moque moins là d'un coup !

Quand j'étais gosse le Japon était surtout un gros studio de télévision duquel sortait nombre de Mangas et autre séries pleines de super-héros aux couleurs vives qui affrontaient des poupées gonflables monstrueuses et leur mettaient des branlées à coup de tatanes et de figures empruntées aux plus nobles des arts martiaux.

Autant dire que dans ma naïveté mâtinée d'inculture le Japon n'était pas grand-chose.

C'est en étudiant l'histoire et surtout la seconde guerre mondiale que je me suis pris d'un intérêt grandissant pour cette fascinante nation.

On pourrait remonter très loin dans le temps, néanmoins ce qui m'intéresse vraiment et ce qui alimente mon attrait pour ce pays démarre lors de cette période.

Durant la guerre le Japon était un des pays de l'Axe, je n'apprends rien à personne mais ça ne mange pas de pain de le rappeler. Les trois grands pays qui constituaient l'Axe étaient l'Allemagne, l'Italie et donc le Japon.

Peut-on dire que le japonais est par nature fanatique ? Bien évidemment que non, car non seulement cela relèverait du racisme le plus primaire, mais en plus ça serait erroné. Ça n'est pas le japonais qui a une propension au fanatisme, mais bel et bien l'être humain en général !!

Mais il se trouve qu'à cette époque les japonais étaient totalement fanatisés autour de leur empereur, Hiro-Hito. Le Japon est une monarchie constitutionnelle mais la place et l'influence de l'empereur y était à l'époque prépondérante.

L'armée japonaise, vers 1941, s'est mise en tête de conquérir les îles et pays voisins. Elle nous a quand même bien fait chier cette satanée quête de l'espace vital. Ils étaient tous plus ou moins obsédés par ça. Peut être était-ce une condition à l'entrée dans le club de l'Axe ? Ou alors une histoire avec un déodorant…je m'interroge encore.

Bon donc on a des japonais, totalement hystériques qui massacrent à tour de bras, Chinois, Coréens, Hongkongais etc. Et ils le font de façon extrêmement brutale, cruelle et relativement efficace.

Les soldats japonais étaient d'autant plus cruels avec leurs prisonniers qu'ils ne comprenaient pas que l'on puisse hisser un drapeau blanc et se rendre, alors que l'honneur dicte de se suicider.

Le japonais est fier et ombrageux.

Un soir j'ai diné entre un japonais, un sicilien et un catalan…je n'aurais pas du…mais c'est de l'histoire ancienne.

Pour l'anecdote, les arbitres de combats de sumo portent un poignard à la ceinture pour…se suicider en cas d'erreur d'arbitrage !! Un peu frapadingues quand même, j'adore ça !

Hiro-Hito était bien évidemment tenu au courant des mouvements militaires, mais savait-il vraiment ce qu'il se passait dans le détail ? Connaissait-il les nombreuses atrocités perpétrées par ses troupes ? Rien n'est moins certain.

En effet, et nous y reviendrons plus loin, l'appareil d'état était déjà tenu par des militaires et politiques d'extrême droite, ou de la droite extrême, ce qui est différent, et surtout ultra nationalistes.

Dès lors les informations qui parvenaient aux oreilles de ce monsieur Hito étaient plus ou moins filtrées. Bon ça ne lave pas l'honneur de l'empereur mais permet de relativiser un peu les crimes qui furent pourtant commis en son nom !

En décembre 1941, lorsqu'ils attaquent la base américaine de Pearl-Harbor dans le pacifique sud, ils entrainent les USA dans la guerre et le conflit devient alors mondial.

On va passer sur la guerre dans le pacifique qui a elle seule nous tiendrait des semaines, et hop d'un saut gracile et majestueux, telle une sauterelle de l'histoire, nous voici en Aout 1945 !

Hiroshima et Nagasaki feront à jamais partie des symboles les plus puissants de la folie meurtrière des hommes.

Une fois vitrifié le japon n'était qu'un champ de ruines. Sous tutelle américaine, au ban des nations, c'est avec une belle gueule de bois qu'il envisageait l'avenir.

Et cet avenir fut assez prodigieux.

Vu qu'ils n'avaient pas le droit d'avoir une armée, pas de budget militaire, et quand on y pense, sans armée à entretenir, sans armes à développer, sans militaires à caresser, un pays avance bien plus vite vers des lendemains qui chantent…à méditer.

Dès la fin des années 50 l'industrie japonaise commençait son essor. D'innovations technologiques en production en grande série de matériel hi-fi, télévisuel ou informatique. Des composants électroniques, des puces, des microprocesseurs etc…l'axe (sans mauvais jeu de mots) de développement de l'industrie japonaise était (et est toujours) la technologie.

Quid de la situation politique ? Oh et bien les hommes politiques japonais souvent considérés comme médiocres par la population étaient plus là pour la décoration qu'autre chose, et c'est l'administration, l'énorme bureaucratie japonaise, qui dirigeait, voire contrôlait la nation.

Dès 1955 un parti de droite libérale (au sens européen du terme et surtout pas américain !!) pris le pouvoir.

Et c'est donc une économie ultra-capitaliste qui s'est mise à sévir.

Néanmoins, moi qui suis fondamentalement anticapitaliste, je ne peux que constater que ce que nous connaissons en occident des ravages de ce type d'économie et surtout le fossé énorme qui subsiste entre les très riches et les très pauvres, n'était pas de mise au japon, et ce jusqu'au début des années 90.

Non là-bas, malgré une économie donc ultra libérale, 90% de la population se considérait comme faisant partie de la classe moyenne. C'était surtout du à une étonnante culture d'entreprise ou le paternalisme était la règle.

Le travailleur japonais savait jusqu'à il y'a peu de temps, qu'il ferait l'ensemble de sa carrière dans son entreprise. Le chômage était un concept peu connu. De même que les vacances, dont le mot même n'existait pas en japonais avant 1945, mais ça n'est pas très intéressant, et on caricature un peu trop les japonais comme ultra-bosseurs, un peu comme les français le sont comme ultra-fainéants.

Donc pas de chômage, un emploi garanti mais en contrepartie une abnégation et un dévouement presque total à son entreprise, et des salaires assez bas.

De ces deux faits résulte un taux de natalité désespérément bas, les japonais n'ayant à l'époque, ni le temps, ni les moyens d'élever des enfants.

Et puis comme je l'ai dit plus haut, la densité de population est telle dans les zones habitables que les campagnes de promotion de la natalité ou les aides aux familles n'étaient pas légion.

Cette incroyable industrialisation a fait du Japon le géant que nous connaissons tous ! Pionnier en termes d'innovation et de technologies, le Japon a toujours su garder l'équilibre entre modernité et tradition. Le seul pays qui à mes yeux peut éventuellement être comparé au Japon sur ce point reste la Corée du sud.

Ce mariage entre tradition et modernité est certes un poncif largement usité, mais selon les japonais que j'ai connu et les occidentaux qui en sont revenu, ça n'est vraiment pas mythe.

C'est une des raisons qui me pousse à aller là-bas, constater ce que ça signifie, car ça reste quand même assez abscons pour moi…mais étant curieux par définition, j'irai vérifier par moi-même !

Durant ces décennies de croissance le même parti politique est resté au pouvoir. 54 ans de pouvoir !! C'est long quand même, ça use le pouvoir, et je les imagine rincés jusqu'à la corde les mecs…

Et bien, mes amis, mes très chers camarades, depuis hier le parti de gouvernement au Japon a changé ! C'est un premier ministre de centre gauche qui a été nommé et qui saluait presque hilare les parlementaires debout en train de l'applaudir. Scène surréaliste et finalement rassurante d'une démocratie vivace.

Le Japon vire à gauche. Comme les USA l'ont fait voilà près d'un an. Certes ça n'est pas vraiment l'extrême gauche, néanmoins le clivage entre droite et gauche au Japon comme aux États-Unis est suffisamment important pour que cela ait des conséquences réelles et un impact important sur la vie du peuple.

La réforme du système de santé d'Obama en est un exemple frappant. Au Japon, lors de la campagne électorale, le nouveau premier ministre, Yukio Hatoyama, faisait souvent référence au système français de financement de la santé ainsi qu'à l'héritage de la révolution Française et outre la liberté et l'égalité, c'est surtout la fraternité qu'il veut remettre (mettre ?) au goût du jour !

N'ayant aucune expérience du pouvoir, il va évidemment rencontrer des difficultés à appliquer son programme, néanmoins tout ça me met en joie et ravive la flamme vacillante de mon espoir en l'humanité !

Si des pays si libéraux que le Japon et les États-Unis virent à gauche, peut-être réussirons-nous à botter le cul de notre immonde droite brutale, autoritaire, hautaine, incompétente qui occupe la place depuis trop longtemps.

Bon en terme de compétences notre PS national n'est pas mieux loti, mais en même temps on ne peut pas trop juger ils ne sont plus au pouvoir depuis plus de 7 ans !

Pour l'anecdote le premier ministre japonais est l'homme politique le plus riche du pays…étonnant pour un démocrate.

Et puis, cerise sur le gâteau, c'est suite à un vernissage de lithographies japonaises la semaine dernière que j'ai ressorti mes pierrots des cartons et me suis remis à crayonner…quand je vous dis que ce pays m'attire et que sa culture m'inspire !!

Saluons l'arrivée au pouvoir d'un parti humaniste et prompt à rompre avec le capitalisme échevelé et aveugle qui a failli plonger le monde dans le gouffre dans un pays qui n'a connu qu'une vision des choses depuis qu'il est une démocratie !

C'est pas tous les jours que ça arrive, il est bon de le souligner.

Bon c'est vendredi, il est 16 heures…je ne vais pas faire long feu moi j'ai l'impression !

A bientôt camarades et comme on dit du côté de La Paz : Hasta Siempre !