Zone libre

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La limite

La limite est ténue, presque invisible par endroit, impalpable, subtile et effrontément subjective !

 

Elle ondule telle un boa malicieux suivant les méandres maladroits de nos vies bancales. Elle nous nargue souvent, nous invitant à la dépasser, à la repousser encore et encore.

 

Elle devrait éclairer le bon côté et nous protéger du mauvais. Mais lequel est lequel ? De quelle côté de la limite se trouve-t-on ?

 

De l’autre côté de la limite on ne trouve pas un monde baroque, étrange, merveilleux ou même différent. De l’autre côté de la limite on ne trouve que soi.

 

Certains ne ressentent pas la nécessité d’aller la dépasser. Peut-être ont-ils déjà les réponses ? D’autres aimeraient y aller mais en ont une peur bleue. Ils ne savent pas ce qu’ils vont y trouver, mais eux n’ont pas toutes les réponses, celles qui nous permettent de mettre un pied devant l’autre, de sourire, d’aimer, de voir, d’espérer, de rêver…Alors ils espèrent en savoir plus en la franchissant.

D’autres enfin sont irrémédiablement attirés vers elle et la franchissent allègrement. Lucioles venant se cramer les ailes aux flammes de leurs propres pensées…

 

La limite je l’ai franchie souvent. Dépassée, repoussée, j’ai manqué outrageusement d’humilité face à elle.

 

Je ne me sentais vivant qu’en dehors du passage, au-delà de la limite. C’était grisant. Je m’enivrais d’un souffle de nihilisme mortifère qui me faisait flotter au dessus de ma vie, au dessus de ceux que j’aime, au dessus de moi.

 

Il y’a mille façons de dépasser les limites, j’ai du en trouver bien plus que ça en fait…Et puis il arrive le moment du choix : De quel côté vais-je rester ?

 

C’est dramatiquement cartésien comme question, néanmoins c’est le prix à payer pour avoir piétiné si violemment l’ordre des choses et avoir passé plus de temps hors limite qu’en son sein.

 

Il doit être possible pour certains de s’octroyer des plages de décompression et de franchir la fameuse limite. J’ai longtemps cru que c’était mon cas.

Mais il m’en fallait toujours plus. Chaque voyage en dehors des limites me faisait descendre un peu plus bas, la limite n’était pas uniquement franchie elle était repoussé si loin que la marge de manœuvre devenait de plus en plus mince.

Je n’ai donc pas d’autres alternatives que de choisir entre le blanc et le noir, entre le côté obscur et la force, entre la vie et la mort.

 

J’ai choisi la vie, et si le choix peut sembler évident il ne l’est pas tant que ça et est finalement bien compliqué à assumer.

 

Parfois elle m’attire de nouveau, elle me regarde tendrement pour me dire de m’autoriser à la franchir une dernière fois, une seule fois. Les choses sont différentes désormais, j’ai le droit de m’offrir une pause ! Car si pour beaucoup, et heureusement, le chemin de la vie n’est pas que souffrance, il l’est encore pour moi.

Mais la limite me brûle les doigts désormais, elle me fait peur pour la première fois de ma vie.

Je n’ai pas d’autre choix que de m’en éloigner le plus possible…seulement les mots ne sont pas tout.

 

Ça n’est pas vraiment que j’ai un problème de volonté, en fait j’ai même une volonté de fer, mais si j’ai un problème (oui on peut supposer que je n’en ai pas ! non ? non…bon ok désolé hé, hé) c’est que mon cerveau qui ne fonctionne pas trop mal, se met parfois à déraper. Comme ça d’un coup. Et vu que j’ai une volonté de fer, si ma tête me propose de faire les pires conneries du monde…ben j’irai au bout.

 

Et il est fatiguant le combat contre soi-même. Je constate qu’en avançant, en consolidant ma vie petit à petit, en me resocialisant, en reprenant la main en quelque sorte, tout cela m’offre une assise plus large plus forte et donc j’ai plus de chances de pouvoir raisonner mes pulsions qu’auparavant ou finalement qu’avais-je à perdre ? Mais si mon environnement devient une aide au lieu d’être un argument de ma perdition, le combat que je dois mener est toujours aussi difficile.

 

Je pensais qu’avec le temps il perdrait en intensité et que j’aurais un jour définitivement gagné.


Il n’en est rien. Je sais que le restant de mes jours je devrais combattre ça, mais que jamais je ne pourrais l’anéantir.

 

Ça fait un peu peur. Ça fait surtout chier…mais au moins je le sais.

 

C’est déjà pas mal.

 

« En Septembre en attendant la suite des carnages

  Il se peut qu’arrive la limite 

J’y pense encore, j’y pense…»

(Cantat/Noir Désir)

 

 

Hasta Siempre !



30/08/2009
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