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J'ai même cru à l'amour...pour toujours

Depuis quelques temps déjà j’entends régulièrement la même petite ritournelle qui me gratte un peu la fierté. Enfin la « fierté », c’est beaucoup dire, disons qu’elle ne m’est pas des plus agréables…c’est certainement qu’elle tape juste, car c’est bien connu on ne se vexe que de ce qui est vrai, on n’est jaloux que de ceux qu’on aime et il n’y a que la vérité qui blesse !

Comment ça je verse dans la facilité en usant de poncifs vieillots et archi plats ?

Je vous l’accorde…mais je manque d’inspiration, mon lyrisme naturel a laissé place à une réelle difficulté à écrire des choses que je trouve, sinon jolies, du moins pas trop mal branlées. Si vous me passez l’expression, et je suis certain que c’est le cas…

 

Néanmoins, même si c’est dans la douleur que je m’attelle à déposer mes pensées sur cette feuille, je prends mon courage à deux mains et j’y vais !

 

Alors quelle est donc cette désagréable musique qui me blesse tant ? Une fois n’est pas coutume son créateur n’est autre que ma douce et belle compagne.

Constance est son nom. J’adore ce prénom, faut pouvoir le porter. C'est-à-dire que je ne sais pas pour vous, mais moi avant de la connaître je n’aurais jamais imaginé qu’un si joli prénom puisse être propriété d’une fille moche, flasque et sans caractère.

Ma Constance (ma chérie hein ! pas ma qualité…) à moi en est d’ailleurs la preuve vivante…faut être sacrément belle pour pouvoir porter ce prénom. Mais passons, nous ne sommes pas là pour parler linguistique.

 

Je vous épargnerais la retranscription exacte de notre rencontre, ça nous appartient et c’est difficilement partageable, néanmoins il faut, pour comprendre mon propos du jour, savoir une ou deux choses.

Lors de notre rencontre, j’ai bataillé pour qu’elle accepte de voir ce qui crevait les yeux : nous étions l’un et l’autre faits l’un pour l’autre ! Pour tout un tas de raisons,  légitimes au demeurant, elle refusait d’entrer de plein pied dans ce qui allait devenir l’histoire de notre vie. Etant extrêmement respectueux du choix d’autrui, et plus encore lorsque je suis amoureux, je lui ai donc dit que je l’attendrais tant que mon amour le permettra. Ben oui, s’il n’est pas arrosé régulièrement l’amour peut se dessécher et un jour sans même qu’on s’en rende compte on se plait à regarder une autre fille et mine de rien on tourne la page. J’en étais là, à vivre sur les réserves que mon amour pour elle m’offrait. Mais si je respectais son choix et de fait ne prenais plus contact avec elle, je venais ici même exprimer mon amour, ma compréhension difficilement acceptable et ma tendresse à son égard. Vous n’avez qu’à relire les textes qui datent de la fin de l’année 2009 pour vous en rendre compte.

 

Je venais hurler mon désarroi face à la cruauté de la vie qui nous avait fait nous rencontrer et qui, avec un plaisir sadique et certain, nous empêchait de nous aimer comme nous le méritions.

Ces mots, tels des éructations sous la lune, étaient de fait offerts à tous…il fallait bien que ça sorte ! Et je vous remercie d’écouter lorsque je viens ici mettre mon cœur à nu.

Si, si je vous remercie il faut quand même le dire parfois !

 

Voilà donc des déclarations d’amour emplies de lyrisme et de pessimisme glaçant disponibles à tous sur la toile…A tous ? Donc à elle. Constance.

 

Sont-ce ces mots qui lui firent accepter l’évidence de notre amour ? Elle m’avoua qu’en partie ils eurent leur importance dans sa décision de revenir vers moi.

J’étais fou de joie qu’elle revienne, et qu’elle baisse enfin sa garde. J’étais flatté que ma prose ait pu influencer sa décision.

Et oui il m’arrive parfois d’être un peu vaniteux, je n’en suis pas très fier mais j’essaie d’être honnête alors, je l’avoue.

 

Alors nous nous installâmes ensemble, nous commencions à creuser les fondations de notre vie commune, magnifique idylle qui allait nous emmener elle comme moi sur le chemin d’une stabilité et d’une confiance que jamais nous n’eûmes l’audace d’imaginer possible. Nous décidions de vivre notre amour sans entraves ni limites.

 

Or depuis quelques semaines nous pouvons assister à ce genre de conversation :

-       Tu n’écris plus de lettres d’amour sur ton blog. Ça me manque.

-       Mais enfin mon petit canard des îles (j’ai tout un lexique de petits noms doux et animaliers, faut pas se formaliser), que signifie ce reproche ? Ne vois-tu pas que chaque jour qui se fait jour je t’aime ? Que chaque nuit qui s’obscurcit je t’aime ? Que chaque instant, chaque seconde, chaque centimètre cube de mon espace-temps je t’aime ? (j’avoue ignorer quelle est l’unité de mesure de l’espace-temps, si quelqu’un le sait je veux bien apprendre, merci)

-       Ben si, mais moi j’aime bien quand tu écris des mots d’amour et qu’ensuite je vais les lire au hasard de ma navigation

-       Mais, ma gazelle des grandes steppes, le monde va à vau-l’eau et il me faut apporter ma contribution au flot des critiques et des analyses pertinentes ! Mon devoir est l’analyse géo-socio-politique des faits, tu le sais mon petit canari de Guinée.

-       T’es un blaireau (elle aussi manie la métaphore animalière avec bonheur), l’un n’empêche pas l’autre

-       Certes ma mangouste aux yeux de braise, néanmoins tu me connais il me faut être malheureux pour être lyrique et inspiré, et toi tu me rends heureux ! Tu ne vas quand même pas t’en plaindre ! (il m’arrive de rajouter « bordel », ou « merde », mais dans ces cas-là ça passe beaucoup moins bien)

-       Ouais, ben si ça ne tient qu’à ça je vais te re-quitter tu vas voir ! Et comme ça peut-être que môssieur le poète maudit saura se sortir les doigts du cul et m’écrire qu’il m’aime avec un peu plus de panache !

-       Panache, panache…j’t’en foutrais moi du panache, mon lapin nain à moi, t’es pas sérieuse en disant ça ?

-       Pffff…que tu ne comprennes rien aux femmes, à la limite et d’ailleurs je m’en fous, mais que tu ne comprennes rien à TA femme, je trouve ça douteux, mon petit cancrelat aux pattes velues.

 

Me voilà bien avec ça moi !

Il est vrai que ma propension à la poésie (en toute modestie hein ! n’allez pas croire que je me considère comme un poète, j’ai juste plaisir à griffonner parfois quelques mots et ce par amour de la langue essentiellement) est surtout liée à mon état psychologique. Quand ce dernier est déplorable, je ne sais pourquoi mais, les mots sortent tous seuls.

Toutefois elle me rend réellement heureux ! Alors que faire ?

On n’écrit pas des lettres d’amour comme on pond des réflexions sur la situation au Moyen-Orient ou bien des diatribes contre la pègre Elyséenne, faut que ça vienne d’en bas !

Non, pas des pieds, du bide…pfff je me demande parfois à quoi vous pensez, sans déconner !

 

Il est là le dilemme : je suis fou amoureux d’elle et je ne pense pas être dans un état propice à la rédaction de lettres d’amour enflammées.

 

Parce qu’il faut quand même savoir deux ou trois choses concernant la nymphe qui partage ma vie et a conquit mon cœur. Elle est ce que chaque homme mériterait de connaître. Je ne dis pas « avoir » car l’amour n’est pas la possession, c’est même totalement l’opposé. Il ne m’empêche pas d’être jaloux et vigilant mais l’amour sans confiance n’est pas l’amour, et je ne suis pas partageur.

La première fois où je l’ai vue, nous étions éloignés de plusieurs dizaines de mètres et elle fumait une cigarette à l’écart de la foule emmitouflée dans son imperméable blanc, ne laissant apparaître que ses magnifiques jambes infinies et son visage d’ange. A la distance à laquelle je me trouvais je ne pouvais distinguer précisément les détails de son visage, mais elle dégageait une telle classe, une réelle allure, une telle puissance érotique que j’étais plus que troublé.

Tout chez elle est distinction et grâce. Son port de tête altier, la courbure diabolique de sa chute de reins, ses jambes parfaites sont autant d’atouts qui la font désirée par les hommes et haïe par les femmes.

Au dessus de son cou si gracieux trône un minois parfait au milieu duquel son petit nez en trompette offre une séparation magnifique entre ses yeux si troublants.

Ses yeux, ont quelque chose d’indescriptible. Son regard, en fait, plus que ses yeux. Elle ne sait pas faire mentir son regard et il est si émouvant qu’elle n’a aucun mot à me dire pour m’exprimer ses joies, ses peines, son amour.

Ils sont les fenêtres qui donnent sur son cœur, et moi j’ai su le décrypter…je ne saurais dire pourquoi, ni comment, mais je me dis souvent que c’est uniquement l’amour que j’éprouve pour son être tout entier qui m’a offert les clés de cette sensibilité.

 

Une des choses qui m’a rendu fou d’amour pour elle est son esprit. Longtemps je me suis dit qu’il me faudrait choisir entre une belle crétine ou une brillante mocheté.

Je caricature un peu, mais vous aurez compris le principe.

Je m’étais fait à l’idée et finalement étais parfois agréablement surpris par la finesse d’analyse, ou la culture que pouvaient avoir certaines camarades de jeux en plus d’un joli cul.

Je dis bien parfois. Je devais dire rarement.

Très rarement.

Par contre j’ai très souvent été affligé par la crétinerie de certaines qui ne pouvaient remplir autre chose que le rôle, déjà assez prestigieux, de comparse d’ébats sexuels !

 

Constance n’a pas seulement une culture si vaste qu’elle me ramène à ma condition d’ignorant bien plus souvent que je ne le voudrais, mais elle a une capacité d’analyse, une finesse, un esprit si riche et si curieux qu’elle est devenue ma première et principale camarade de discussion.

C’est un truc fondamental chez moi, il n’est pas possible d’apprécier les crétins, ou les feignasses. Je ne suis pas un prix Nobel, c’est certain, et il m’arrive bien trop souvent (à mon goût) de m’échouer lamentablement sur les écueils de la connaissance de nombre de personnes auxquelles il m’arrive de vouloir me confronter. Néanmoins je suis curieux, et demande au minimum à mon interlocuteur de l’être également.

Et bien avec elle nous pouvons refaire le monde, et pas comme on le refait avec ses poteaux au bar après 4 Ricard. Dans ces cas-là le monde tel qu’on le refait n’est pas vraiment viable, même s’il est marrant.

Non, avec elle nous pouvons avoir de réelles discussions de fond, sur tout ! Il m’est coutume de dire qu’il est préférable d’aborder les sujets dits « sensibles » avec des gens qui partagent nos opinions. Ces sujets étant en vrac, la politique, la religion, l’éducation des enfants etc.

C’est vrai, discuter politique avec un militant du front de gauche sera d’une part plaisant, car ça me conforte dans mes idées et idéaux, mais d’autre part ça ne risque pas de déraper et de nous entraîner dans quelque ravin poisseux ce qui entraîne parfois dans de réels conflits qu’il est ensuite compliqué de résoudre.

Certes elle et moi avons la même sensibilité politique, d’ailleurs je reste persuadé qu’il est impossible d’être amoureux de quelqu’un qui ne partage pas un minimum de valeurs sociales, sociétales et, donc, politiques.

 

Autant, sodomiser une militante UMP avec vigueur et enthousiasme est une chose envisageable. Autant vivre avec est absolument inconcevable.

 

Mais si nous avons nombre de points de vue convergents, nous avons également, et c’est heureux, pas mal de divergences. Ce qui rend la chose incroyablement enrichissante est que les rôles peuvent s’inverser selon les sujets ou les moments. Soit je suis le révolutionnaire implacable et intransigeant quand elle tente de me convaincre du bien-fondé des compromis, soit c’est totalement l’opposé et je devient très modéré quand elle fulmine et est à deux doigts de prendre le cocktail Molotov qu’elle garde toujours à portée de main, afin d’embrasser ce monde moribond.

 

Même ses défauts, sa mauvaise foi légendaire, son incroyable obstination à vouloir démontrer qu’elle a raison, ses incohérences déroutantes, tout cela me fait l’aimer encore un peu plus.

Maso dites-vous ? Non pas un gramme, je l’aime en entier pour ce qu’elle est et en aucun cas pour ce que j’aimerais qu’elle puisse être.

D’ailleurs je ne me suis jamais demandé ce que j’aimerais qu’elle soit, se poser cette question n’est-ce pas déjà douter de son amour ?

Tout ce qu’elle est, tout ce qu’elle sera, tout en elle me rend amoureux.

 

Elle est marrante quand même ! Comment je fais moi pour lui écrire une lettre d’amour alors que le monde réclame ma prose pour fomenter cette révolution qui nous fait tous vibrer ?

 

Je ne doute pas que je réussisse à lui écrire de nouvelles chansons, à lui dessiner encore mon amour, mais là…je sèche.

 

Je sais que tu liras cet article perdu au milieu d’un flot d’âneries plus ou moins bien senties. Tu sais que je t’aime, que nous sommes unis pour le reste de nos jours, tu sais que même si ton ventre devient rond tu restes la plus belle…

 

Sur ce, je vais travailler chers amis, camarades et néanmoins lecteurs.

Ce n’est pas le tout d’écrire à la femme qu’on aime…qu’on l’aime ! Il faut aussi faire bouillir la marmite, car l’amour et l’eau fraîche ça va bien un moment…malheureusement.

 

Hasta Siempre CAMARADES



30/09/2010
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