Zone libre

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Insurrection je crie ton nom !

Quelqu’un aurait dit il y’a quelques temps « maintenant, en France, quand il y’a une grève personne ne s’en aperçoit ».

Amusant.

Nous ne reviendrons pas sur tout ce que ce petit homme dit car nous obtiendrions un florilège de tartufferies et de non-sens plus énormes les uns que les autres, le tout généralement énoncé dans un français plus qu’aléatoire, voire incompréhensible.

Non, nous ne le ferons pas car nous savons raison garder et un certain honneur conserver.

Mais je me marre quand même, faut avouer.

 

Et je dois vous le dire, me marrer en ce moment tient plutôt de la gageure.

J’ai posé ma démission de la boite ou je bosse. Je quitte avec plaisir le milieu de la télévision et ses frasques vulgaires et mégalomaniaques. De fait je dois embaucher fin Novembre ailleurs, et comme un con j’ai accepté de superviser un projet pour eux, donc me retrouve avec deux boulots car de l’autre côté ils me font payer mes trois mois de préavis…dur.

Et comme à son habitude ; la vie, farceuse qu’elle est, m’a offert une opportunité que je ne peux ne pas saisir ! C’est une fois de plus au moment ou j’avais définitivement pris la décision de ne plus chercher à publier quoi que ce soit, à ne dessiner et n’écrire que pour moi, qu’une dessinatrice de grand talent m’a proposé de scénariser les planches de sa BD…et ça se passe tellement bien que je n’ai finalement pas deux, mais trois jobs en ce moment !

J’aimerais que les jours fassent 50 heures.

Je sais que vous allez me dire : « ben pourquoi tu passes du temps à écrire des conneries sur ton blog ? Va bosser feignasse !! ».

Heu, alors je répondrais d’une part qu’on n’a pas élevé les cochons ensemble donc un peu de retenue je vous prie, et d’autre part si je ne peux pas poser mon cerveau deux minutes sur la table et le regarder affectueusement, le dit cerveau risque de lâcher.

Venir ici, écrire mes humeurs me permet de prendre du recul, c’est comme ça !

Vous faites un peu comme mes psys, mais vous êtes bien meilleur marché, c’est certain !

 

Donc me voilà en ce moment à courir trois lièvres à la fois, ça n’est pas facile mais je ne peux pas laisser tomber, je ne laisse jamais tomber. Question de fierté, d’honneur ou simplement d’honnêteté intellectuelle.

Passons au second point, qui est d’ailleurs le plus important, de cette petite balade prosaïque.

Comme c’est un secret de polichinelle, qui d’ailleurs se trouve être dans le tiroir, je l’annonce clairement ici : Constance attend un enfant !

Mon enfant !! Je précise pour les mauvais esprits que je soupçonne de rire déjà sous cape.

 

Je suis fou de joie et…pétri d’angoisses.

Ben ouais, je dois subvenir à ses besoins, l’emmener en vacances, et en même temps ne pas passer à côté de lui comme mon paternel l’a fait. Certes nous avions toujours à la maison absolument tout et en abondance. Les vacances étaient toujours de rêves, et le luxe était la norme. Mais au prix de ne pas voir mon père.

Et ça je le refuse catégoriquement…Cruel dilemme de gagner du blé (vivre à Paris ça coûte un œil !) sans trop bosser et avoir du temps libre.

 

Et puis ma propre histoire en tant que bébé et ensuite d’enfant fut tellement dure que parfois mes repères vacillent et les doutes m’envahissent quant à ma capacité à être un bon père…enfin un pas trop mauvais.

Alors pour évacuer ces doutes, je bosse, je bosse comme un con à me dire qu’il faut préparer l’avenir…

 

Mais l’avenir je le veux avec femme et enfants à la campagne à vivre loin du tumulte des villes, à bosser et être utile…et avoir du temps pour écrire et dessiner !

Cet avenir là, Constance et moi, nous le voulons. Nous le tenterons un jour ou l’autre c’est certain.

Néanmoins en attendant, moi, j’en chie !

 

Il parait donc que les grèves ne se remarquent plus ? Ben déjà si t’écoutes Radio France tu les entends les grèves. Ce matin il n’y avait plus que les infos de France Culture qui me disaient des mots.

Le matin, lorsque je vais travailler, j’ai pour habitude d’écouter la radio sur mon trajet. La matinale d’Inter ou de Culture, parfois France Info…bref je termine ma nuit en écoutant les infos.

Ce matin, vu que seuls quelques flashs informatifs crépitaient sur les ondes, j’ai décidé de passer en mode musique.

Par hasard, ou inconsciemment allez savoir, j’ai écouté le dernier album de Saez, « J’accuse ». On en dira ce qu’on veut, moi j’aime beaucoup cet album. Néanmoins je ne tenterai jamais de convaincre quiconque de la qualité de l’œuvre, mais moi elle me parle, elle me touche et…elle m’énerve !!

Parce qu’écouter « J’accuse » ou « Pilule » dans le métro un matin de grève apporte une saveur particulière à l’instant. Faites l’expérience, ça donne envie de mettre des coups de pieds à peu près partout, voire de boire de la bière tiède en fumant une gauloise ! C’est dire le niveau de punkitude auquel m’emmène l’écoute de ce disque.

 

Donc maintenant, en France, quand il y’a une grève…on le sent !

Et je ne dis pas ça parce qu’en ce moment je subis une crise aigue d’hémorroïdes…je sais c’est dégueulasse, mais c’est la vie et elle n’est pas toujours rose la vie ! Elle a aussi parfois le trou de balle comme une grappe de raisin !

Quand je vous dis que c’est pas facile en ce moment…même mon cul me fait la misère !

 

De toute façon, et je pense que tout le monde ici est au courant, je soutiens entièrement les grèves, les blocages même les dérapages des étudiants.

Je n’ai pas connu Mai 68, pour moi la référence en termes d’ambiance de fin du monde date de 1995. Ah les grandes grèves de 1995, étudiant je passais mes journées à forniquer en fumant des pétards.

Néanmoins, si je ne m’abuse, les actions du moment sont bien plus importantes que celles de 1995 non ?

Certes à l’époque il y avait grève totale des transports, mais point de blocage de raffineries, ou de lycées envahis par des zazous.

Certains, donc, parlent de Mai 68. C’est à mon avis une connerie. D’une part car en 68 il n’y eut aucun appel à la grève générale, elle s’est faite d’elle-même, et d’autre part car nous ne sommes plus en 68…Cette lapalissade n’est pas si stupide, elle dit simplement que les motivations, les espoirs comme les désespoirs, les craintes sont différentes. Le système lui-même est totalement différent.

C’est toujours tentant de rattacher le moment présent à un autre moment historique, c’est rassurant. Ça nous permet de penser que l’on saura ce qui va se passer car on l’a déjà vécu.

C’est quand même très souvent totalement faux.

 

Personnellement je trouverais de nombreux parallèles beaucoup plus aisément entre la situation de l’Europe juste après la crise de 1929 qu’avec la situation de la France au printemps 1968.

L’Europe exhale un parfum rance des années 30, et si on sait comment ça s’est passé il y’a 80 ans, on n’est bien incapable de prédire l’avenir…rapport aux motivations différentes, le système qui a changé, tout ça quoi !

 

Néanmoins, nonobstant la montée du nationalisme, du racisme et du populisme le plus nauséabond et ce dans toute l’Europe, rien ne nous permet d’être optimiste.

 

Et moi je suis partagé entre la nécessité de bosser dur pour offrir à ma femme et mon enfant la sécurité matérielle nécessaire à leur bonheur (je ne cherche pas la fortune non, juste de quoi vivre correctement) et l’envie de me joindre aux cortèges.

Même si j’ai un peu horreur de la foule ce qui ajoute au paradoxe de la situation, j’en conviens. Mais on ne va pas s’arrêter sur tous les détails sinon on n’en finit pas !!

 

Je suis déchiré entre le désir de voir ce système voler en éclat, que les cocktails Molotov répliquent aux flash-ball, que les lycéens soient déchainés, que les convoyeurs de fonds, les routiers, les cheminots bloquent le pays, et la volonté de voir mon gamin naitre dans un monde un peu accueillant.

On ne fait pas la révolution avec femme et enfant parait-il. Ça semble logique, néanmoins si elle arrive la révolution tu n’es pas pour autant exempté de la faire sous-prétexte que tu es soutien de famille !!

 

Je crois que la folie de mon emploi du temps alliée à mes angoisses relatives à la grossesse de ma douce tout ça sur fond de contestation sociale grandissante me perturbent beaucoup.

 

Je ne sais pas comment va s’en sortir le gouvernement.

Soit ils nous font un remake du Thatchérisme le plus vil et ne cèdent rien en attendant que le mouvement pourrisse.

Mais va-t-il seulement pourrir le mouvement ? S’il n’y a plus d’essence, plus d’argent dans les distributeurs, plus de trains ni d’avions, donc plus de produits dans les magasins il se passe quoi ? Il va envoyer l’armée le gouvernement ???

 

Soit ils font des concessions, offrent une porte de sortie aux syndicats. Mais comment faire ? Il s’est grillé tout seul le nain de l’Elysée, son fusible (Woerth) n’est plus effectif. Ben ouais, il aurait pu (du) dire à un moment « cette réforme est portée par un homme qui n’a plus la confiance des syndicats, donc on arrête on se remet autour d’une table et on bosse ».

Il n’a pas compris l’intérêt d’avoir des ministres dans ce genre de situation…en même temps il y’a un tas de choses qu’il n’a pas comprises.

Mais je suis certain qu’il serait bien capable de nous la sortir comme ça son excuse. Un mois après avoir dit que le « bouclier fiscal » était un symbole que jamais il ne toucherait, il déclare être prêt à le modifier, voire le suspendre !

 

Qui peut aujourd’hui faire confiance en ce gouvernement ? Même à droite ils n’y arrivent plus !

 

Ah si seulement ça pouvait être le début d’une nouvelle ère, la révolution, la vraie, celle qui mettra à bas le capitalisme !!

 

Je sais, je me fais des idées mais on ne sait jamais. Bien malin qui peut me dire comment les choses vont se passer au cours des prochains jours. Des prochaines heures même !

 

Enfin c’était un petit cri du matin, comme ça en passant.

 

Je retourne travailler…au cas où ça ne soit pas la révolution, que je puisse accueillir mon enfant avec les égards qu’il mérite !

 

VIVE LA REVOLUTION

HASTA SIEMPRE CAMARADES !!!



19/10/2010
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