Zone libre

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Goldman et Sachs sont dans un bateau. Goldman tombe à l'eau, qui l'a poussé ?

En 1995, alors que les experts de l’époque, l’armée des sondages et les quelques patrons de presse (de gauche comme de droite) alors en place prédisaient une victoire écrasante de Balladur, Chirac l’avait emporté grâce, il parait, à la géniale trouvaille de la « fracture sociale ».

Ceux qui ont l’âge de mes artères, ou environ, se rappelleront aisément de cette incroyable campagne de propagande sur le cas Balladur qui louait les qualités, innombrables et indispensables, du goitreux aux chaussettes rouges face à la loose congénitale du grand benêt au crâne gominé.
Et puis les Guignols de l’info, alors au faite de leur gloire et de leur influence, qui prennent parti pour Chirac, ou du moins qui ne veulent surtout pas de Balladur et (assez étonnement) pas plus de Jospin et qui se mettent à dépeindre le grand couillon comme un type sympa, proche du peuple dont le slogan de campagne se résumait alors à « mangez des pommes » !

La France est un pays étonnant et passionnant, on aime les loosers magnifiques, ceux qui retournent des situations perdues d’avance !
Chirac n’a rien d’un looser magnifique, il est LE cynisme en politique, il est le siècle dernier, il est le passé…maintenant, sympa et proche des gens il l’est certainement. Proche du peuple certainement pas, le peuple étant un mot qu’il ne connait pas malgré ses années passées aux côtés des jeunesses communistes de France !

Lors de cette campagne le concept de « fracture sociale », ou plutôt le simple fait d’avoir trouvé l’appellation, semble être devenu, la légende se construisant petit à petit, comme le déterminant majeur de son élection.

Malins les communicants, parce que la fracture sociale, au fond, a toujours existé et si la révolution française de 1789 (1793) eut la prétention de la réduire, on sait bien 220 ans après que ce ne fut pas le cas, loin de là.

D’ailleurs ça ne sera jamais le cas tant que…ben tant que le système sera ce qu’il est, je sais j’y reviens toujours mais ça me semble tellement énorme, aberrant, simple à comprendre, évident à contrer que je ne lâcherai pas le morceau…même si mes espoirs s’amenuisent de jour en jour.

La fracture sociale était pourtant un sujet porteur en 1995. Nous n’étions pas encore entré dans cette spirale vertueuse qui gonfla tant et tant la bulle des nouvelles technologies qu’elle nous explosa à la gueule au cours des années 2001-2002. Le rêve d’égalitarisme, l’acceptation d’un capitalisme responsable et à visage humain était faite, 14 années d’une gestion économiquement de droite par une prétendue gauche Mitterrandienne avaient mises le pays à genou et surtout il n’était absolument plus certain de reconnaitre cette nation que nous vendaient les livres d’histoire contemporaine !

Et oui à cette époque il a fallu qu’un escroc en col blanc nous déclare que l’objectif prioritaire de sa mandature serait de réduire la dite fracture pour que nous le croyions ! Enfin que la France le croie, personnellement je n’y ai jamais cru un instant ! Mais le geste avait quelque chose de fascinant, avait du panache
La raison, selon moi, est simple : le constat était lucide et pour une fois compréhensible par tous.
Depuis 1981, et l’arrivée de Reagan à la tête des USA, l’informatisation de la finance, la financiarisation de l’économie et la fusion des  activités des banques de détail et d’investissement avaient fait prendre un virage on ne peut plus dangereux au monde.
Ici, pays réfractaire à ce qui vient d’outre-Atlantique tout en étant fasciné par eux (les Français sont épuisants quand on y songe deux minutes), les dégâts ne s’étaient pas ressentis immédiatement. Ajouté à cela la latence normale qui accompagne tout changement aux États-Unis avant qu’ils ne se répercutent ici, ainsi qu’un état (tout de même) actif en terme de protection sociale, le résultat est qu’en 1995 les choses se ressentaient, se vivaient, et souvent tragiquement, mais la définition du concept n’avait pas encore été rendue accessible au plus grand nombre.
Nommer les choses est aussi important que les concevoir…enfin c’est mon avis et je le partage !!

Depuis 15 ans déjà le monde courrait sans retenue vers le mur que nous nous mangeons désormais, mais nous fûmes légèrement préservé ce qui permit à Chirac de faire son coup de com’.
Néanmoins le constat était juste et l’est toujours.

17 ans plus tard qu’en est-il de cette fameuse fracture ?? Et bien de fracture elle est devenue gouffre béant ! Abyssale crevasse…désespérant puits sans fond.

Mais ça on le sait tous, du moins c’est ce que je pensais encore hier matin…

C’est cheveux au vent et nez levé que je surfais tranquillement hier matin, lorsque je tombais sur un article du nouvel observateur relatif à la « boulette » de Peillon sur l’herbe qu’on fume et qui fait rire les oiseaux, chanter les abeilles et j’ai oublié la suite si tant est que je l’ai jamais sue, et qui comme c’est l’usage était suivi d’une palanquée de commentaires tous plus plats et stupides les uns que les autres.

Je tombe alors sur un de ces commentaires qui disait en substance que la seule réponse à apporter à la drogue, « fléau du XXIème siècle » (sic) était la répression. La répression la plus virulente, qu’il fallait ; du ferme pour les fumeurs de joints, que le simple fait d’envisager un débat était un scandale absolu et qu’en gros la totalité des problèmes du monde tenaient dans un 3 feuilles de skunk !
Le gars ne parlait même pas du crack mais de l’herbe…bref, un ramassis de sottises mâtiné d’une agressivité malséante et finalement hors sujet, vu que le fait qu’il faille un débat n’est même plus discuté par les progressistes.
Je sais Copé n’en veut pas, mais je vous parle de progressistes pas des fachos. Évidemment que les fachos ne veulent pas de débat, c’est même leur marque de fabrique !

Le fléau du monde n’est pas la consommation de drogues, les épidémies ou bien la faim des enfants en Afrique ou à Aubervilliers, non ces phénomènes ne sont que les conséquences (plus ou moins directes j’en conviens) du vrai fléau de notre monde à nous tous, à savoir la finance !

Les vrais fléaux du monde sont les Credit Default Swap, les produits dérivés, les fonds spéculatifs, les stock-options etc…le vrai fléau du monde est cette machine à créer sans discontinuer de l’inégalité, à enrichir ceux qui le sont déjà et à broyer les autres.

Vous allez dire que ce sont des propos de gauchiste énervé ? Certes, vous n’aurez pas tort, néanmoins Alain Minc (qu’on peut taxer de beaucoup de choses mais pas d’être de gauche) le déclare sans ambages « le capitalisme est une machine à produire de l’efficacité et de l’inégalité ! » (Les Échos du 17 ou 18 Octobre 2012…)

Et il en est fier le con…oui le capitalisme crée de l’inégalité, c’est indéniable. La finance accentue tout ça dans des proportions que nous ne pouvons plus contrôler.

Lorsque les bourses d’actions furent inventées, ça fait un moment, le but était finalement assez louable. D’un côté un investisseur qui a du pognon et voudrait en tirer quelques bénéfices. Pourquoi pas, j’ai un peu de mal avec le concept, mais pourquoi pas !
De l’autre un entrepreneur sans le sou mais avec une idée, un carnet d’adresses, un concept fort…bref les deux sont faits pour se rencontrer !

Bon ensuite on a le 3ème larron de la foire qui est le prolétaire, au sens Marxiste du terme à savoir « celui qui gagne sa vie par le travail » (ce qui fait de nous tous des prolétaires ! j’aime le concept) à qui on va purement et simplement voler la force de travail, mais c’est un autre débat vous n’avez qu’à  vous taper « LE CAPITAL »(livre 1 et 2 ça suffit pour comprendre ça…le 3 j’ai pas fini, chiant long indigeste ! Un génie le père Karl mais c’est vraiment pas un poète!),  et vous verrez comment fut organisé le plus grand hold-up de l’histoire !
Un jour peut-être les travailleurs sauront reprendre ce qui leur appartient, à savoir leur force de travail, qui sait ?

Bref, donc au départ les bourses d’échanges sont utiles quand même, elles permettent à des entreprises de se financer à des taux intéressants.

Sauf que c’est bien fini tout ça ma bonne dame ! Les bourses d’actions, sont devenues des bourses d’obligations ou finalement la quasi-totalité des revenus viennent de la spéculation !

J’ai 1 dans ma poche, donc je peux emprunter 10 (le fameux effet de levier, autre fléau de ce putain de système), mais je ne les emprunte pas vraiment, enfin rien ne sort de nulle part et de toute façon cet argent n’existe pas.
J’ai donc 11…alors j’achète 5  actions Orange pour 5 (au hasard…je les hais tellement eux !), chaque action valant 1.
Sauf que comme je suis malin je me dis « Ouais mais bon ça va pas fort chez Orange avec tous ces gens qui se suicident…je vais couvrir mes arrières ». Donc j’achète, auprès d’un assureur, les fameux Credit Default Swap (CDS) qui m’assurent que si l’action Orange descend sous la barre des 0,8 ils me remboursent, non pas la différence, mais la totalité de ce que j’ai payé, donc 5.
Ces CDS m’ont également coûtés 5.
Le simple fait d’émettre des CDS fait baisser le coût de l’action ou l’obligation concernée (c’est important pour la suite), c’est mécanique. Pourquoi une assurance s’il n’y a pas un risque ? Tout ça étant fait en temps réel bien entendu, sinon le jeu ne tient plus…

A ce moment-là je suis couvert, mais faut que je rembourse mes 10 de départ…que faire ? Bah facile : Je revends mes actions Orange, donc je fais baisser le cours de l’action. Comme je suis influent je dis à mes copains de faire pareil, que ça pue du cul Orange, que les gens sont incompétents et qu’ils se suicident tous les uns après les autres.
L’action descend, descend et hop j’arrive à mes 0,8 de mes CDS. Donc je récupère 5 !!!

Donc là déjà j’ai 10 pour rembourser, mais comme il y’a un taux d’intérêt ben en fait je rembourse 11. Mais j’ai des CDS pour Orange, qui sont sous la barre des 0,8…donc ce qui m’intéresse maintenant est que ça remonte au-dessus pour les revendre ! Je recommence donc le cycle,  sauf que mon action est plus basse, donc à chaque opération je fais du bénéfice !

Je joue à la hausse, je joue à la baisse je gagne. Je n’investis rien, je ne prends des risques qu’au départ en empruntant à la banque mais c’est tout.

Ce qui est dingo est qu’à la fin de la journée du vrai pognon est viré sur mon compte. Donc du vrai pognon a été sorti d’un compte vers le mien…Or jusqu’à preuve du contraire je n’ai jamais vu un billet de banque en train de bosser ! Ou pour être clair je n’ai jamais vu l’argent créer de la richesse réelle.
Or pour dégager du cash il faut soit vendre et faire des marges, soit réduire les coûts, voire les deux.
Donc licenciements, fermetures d’usines etc. …
En 2007 les subprimes n’étaient rien d’autre qu’un avatar édifiant de cette fuite en avant éperdue. On prête à des gens qui ne pourront pas rembourser de toute façon, mais on essaime les produits, ça ne se voit pas, on gagne toujours, alors on continue, ça enfle, ça enfle et un jour il suffit qu’un des acteurs panique pour que tout le monde panique.
Le spéculateur est un mouton.

Aujourd’hui la bourse ne finance plus l’entreprise, elle la pille !

Les rémunérations des actionnaires ne sont rien d’autre qu’une mise sous perfusion des bourses alimentées par …notre travail à tous !

Elle est pas belle la vie ?

Bah non pas vraiment non…La création de fausse-monnaie est pourtant un truc qui est puni par la loi non ?
Le pire étant que les crises sont toujours issues des mêmes causes : la confiance disparait, le pékin moyen veut récupérer son pognon en banque, mais nenapu du pognon !!
Ah…merde…et donc on fait comment ?

Avant on se faisait la guerre, c’était pratique et ça occupait l’esprit.
Aujourd’hui on ne peut plus, alors on ne se cache plus, on assume notre destruction systématique, minutieuse, chirurgicale, implacable…n’en jetez plus !

Moi je suis toujours à découvert alors ils n’ont rien à craindre les banquiers, mais Constance par exemple si elle veut récupérer son pognon, ben ils seraient bien dans la merde les gus !
Faire tourner la planche à billets ? Perso je ne suis pas contre mais ça ne résoudra rien à long terme.

Ce qui peut éventuellement remettre les choses sur les bons rails est l’interdiction absolue de la spéculation et des outils qui la permettent.
Ils sont trop puissants ? Ok, commençons par séparer banque de détail et banque d’investissement, ce qu’avait fait Roosevelt en 1930 et défait Reagan en 1981 (cherchez l’erreur !)

Au moins allonger le temps, empêcher que dans la même seconde on puisse échanger des titres et ainsi spéculer aussi vite, car si on observe une durée tampon entre les actions on réduit drastiquement les dégâts de la spéculation…mais ça irait à l’encontre du progrès technologique qui doit tous nous rendre heureux et à qui nous rendons grâce chaque jour ! Amen.

Aujourd’hui un débat fait rage concernant les dépassements d’honoraires des médecins. Tout le monde est d’accord pour punir les abus, personne n’est capable de dire ce qu’est un dépassement abusif !!

C’est assez symptomatique, à partir de quand c’est trop ? Est-on plus heureux avec 1 milliards ou 100 millions ? 10 fois plus heureux ?
Mais alors avec 1 million on est 100 fois moins heureux qu’avec 100 ?? Pourtant 1 million c’est beaucoup quand même non ? On ne gagnera jamais ça, ou alors sur une vie entière !

Les inégalités sont le vrai fléau du monde, le cancer qui le ronge…mais il est évident que tout ça a une fin, mais quand ?

Il parait que seule une catastrophe qui remettra tout à plat redonnera le sens de la raison et de la mesure. Une catastrophe genre Tsunami, tremblement de terre, explosion de centrale nucléaire ou même conflit nucléaire !!
Face au désespoir on est tous égaux finalement.

Mais tant qu’il sera possible que dans le même monde on ait des milliardaires et des gens qui meurent littéralement de faim, de froid, de ne rien avoir, et bien toutes ces belles paroles resteront lettre morte.

Donc je te le confirme, toi le petit crétin libéral qui sévit sur le site du Nouvel Obs : fumer des pétards est un bien moindre mal face aux agissements de Goldman and Sachs !
Mais le dire me semble tellement évident que j’arrête pour ce soir….

HASTA SIEMPRE CAMARADES !

 



18/10/2012
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