Décade rance
Ce matin en ouvrant
mon magnifique éditeur de texte je suis tombé sur une bafouille pleine de fiel
écrite avant les fêtes et que je n’avais pas mise en ligne…c’est trop tard, et
puis je dois avouer qu’en terme de fiel et d’aigreur les choses sont radicalement
différentes qu’avant la coupure des dites fêtes.
Néanmoins ça n’est
pas le sujet…
BONJOUR
MESSIEURS-DAMES, nous revoilà pour une nouvelle année pleine de poésie, de
colère, de sourires, de larmes, d’amour et de réflexion, bref une nouvelle
année pleine de vie.
C’est chiant les
vœux non ? Ce « bonne année » lancé à la volée dès que l’on vous
croise n’a pas toujours beaucoup de sens il faut l’avouer. Ce qui me fait
sourire ce sont ces gens qui vous disent « bonne année » sur le même
ton et avec le même regard fuyant qu’un « bon appétit » ou une
« bonne soirée »…en soi ça ne me blesse pas, je trouve ça juste un
peu ridicule.
Personnellement je
l’ai souhaité aux gens que j’aime, même si certains d’entre eux n’y prêtent
aucune importance et ce, je pense, à raison.
En fait on pourrait
se souhaiter une bonne année tous les jours, ça aurait autant de sens, voire
même un peu plus…méditons cela en silence et en rang, merci !
Fin de l’aparté.
Nous entamons donc
la dernière année de la première décade du 21ème siècle. Siècle qui
débuta réellement le 11 Septembre 2001, je pense que l’on peut s’accorder sur
ce point sans trop se forcer.
Toutefois, une
personne que j’estime beaucoup de par son parcours, sa capacité d’analyse et de
réflexion ainsi que sa culture, m’a rétorqué il y’a peu que le vrai virage qui
nous a fait entrer dans le 21ème siècle se situe en 1979 au cours de
la révolution iranienne.
Je ne suis pas
d’accord.
La prise d’otage de
l’ambassade américaine est certes un fait majeur de cette fin de siècle, mais
selon moi ne constitue qu’une facette assez mineure de ce qui va façonner
l’après de cette révolution étrange et passionnante.
Je m’explique :
L’argument massue qui me fut donné étant que cela marqua la fin du respect des
conventions internationales telles que la non intrusion dans les lieux dits
« neutres et inviolables » comme une ambassade, ou une église, un
temple ou tout autre lieu de culte et de recueillement.
De là, toujours
selon mon interlocuteur, tout est parti à vau-l’eau et on ne respecte plus
rien, on assomme Berlusconi à coup de statuette, on tente de tuer le pape lors
de la messe de minuit, on n’appelle plus le président « monsieur le
président Sarkozy » mais Sarko etc…
Inutile de vous
préciser que ça m’a fait bondir et que je n’approuve en rien cette analyse. Le
rapport entre la prise d’otage à Téhéran en 1979 et l’attentat contre
Berlusconi, personnellement j’ai du mal à le voir. De tout temps les dirigeants
ont été la cible d’attentats. Et quand je parle de « dirigeants »,
les hauts dignitaires religieux chrétiens en firent partie durant longtemps, et
de fait furent également la cible d’attentats qui parfois firent mouches.
Est-ce bien ?
Est-ce mal ? On s’en fout, c’est ainsi. On n’est pas là pour juger, juste
pour réfléchir.
Quand au fait
d’appeler le nabot en chef par un diminutif ne me semble ni scandaleux, ni
symptomatique de rien du tout, la caricature étant selon moi un des piliers de
Toutefois étant
parfois de bonne composition, j’ai tenté de décrypter ce dont il voulait me
parler. Et bien entendu il voulait parler du fondamentalisme religieux, et
exprimer ici une haine que je ne comprends pas et qui quelque part me fait
quand même un peu peur.
Pourquoi parler de
ça aujourd’hui ? Tout d’abord parce que lors de cette conversation (c’est
un bien grand mot tant il n’y eut point d’échange, mais c’était un peu plus
qu’un monologue ou un discours, donc le terme est correct…même s’il ne me plaît
guère !) l’accent mis sur les « valeurs » qui partent en sucette
est, selon moi, totalement erroné. Ce discours je l’entends à l’extrême droite,
normalement pas au sein de ma famille, car considérer que cet occident qui
sombre dans le tout sécuritaire, qui voit fleurir les caméras de sécurité dans
les lieux publics comme autant boutons d’acné sur le visage d’un adolescent est
trop laxiste, c’est être totalement aveuglé par la propagande molle qui nous
est imposée par certains média (évidemment et heureusement pas
tous), c’est vivre dans la peur sans même savoir de quoi on a peur.
Et c’est la peur qui
fait de nous moins que des humains dès lors qu’elle est collective.
Et surtout ce qui
m’intéresse aujourd’hui est cette réflexion sur la montée des fondamentalismes
religieux et notamment de l’intégrisme musulman.
Ben oui je sais, le
sujet est en vogue et ça peut paraître opportuniste d’en parler. Mais
finalement je ne vois pas le mal de discuter d’un sujet dont tout le monde
parle à tort et à travers, ou nombre de conneries sont proférées et ou parfois,
voire souvent, la bêtise et l’intolérance se substituent habilement à l’analyse
et la réflexion.
Sacrée « bêtise »
tiens ! Il parait que le rire est le propre de l’homme, je dirais que
c’est plus la connerie, mais bon…chacun voit midi à sa porte.
Hier soir, peu avant
d’aller se coucher, elle et moi nous mettons à parler géopolitique et
intégrisme islamiste sur le continent Africain.
Ben ouais, on est
comme ça nous, on est capable de parler d’un phénomène de société tout en nous
entrelaçant dans une harmonie qui m’était encore inconnue, la chaleur et la
beauté de son corps ainsi que la pertinence de ses analyses ne sont que
quelques uns de ses nombreux atouts. Et si je la regarde, la ressens, l’enlace
avec tant d’amour, je l’écoute avec raison et un maximum d’objectivité.
Nous parlions de
l’Algérie, ou nous assistons depuis quelques années à une résurgence de
l’intégrisme salafiste, ce qui au vu de la manière dont fut menée la guerre
civile par les autorités n’est pas étonnant. Massacrer, torturer, emprisonner
arbitrairement n’a jamais été efficace à long terme. Et à l’instar de
l’Afghanistan, la population peut se rapprocher des pires ordures qui portent
du coup le masque du martyr.
Nous sommes d’accord
sur l’Algérie et je dis une connerie et affirmant qu’il me semble que le
problème est moindre au Maroc et en Tunisie, pays dirigés par des autocrates
absolus et dans lesquels il me semblait que ce problème était moins virulent.
Mais elle me
rétorque que le Maroc est en proie à une radicalisation des esprits et s’appuie
sur le témoignage d’une de ses amies, elle-même marocaine.
Je n’ai pas
d’argument et en l’écoutant ainsi qu’en réfléchissant un peu je ne peux que lui
donner raison. Nous arrivons à parler de l’Arabie Saoudite ou nous tombons
d’accord sur le fait qu’en tant que matrice originelle du salafisme et bailleur
de fond des mouvements les plus sectaires et violents de ce courant, il n’y a
plus personne à convaincre là-bas.
La religion est un
business comme les autres, s’il n’y a pas de clients, on ne fait pas
d’affaires !
Toutefois, et c’est
là que nous divergeons elle et moi, elle me dit que selon elle le phénomène est
très important en Iran.
Erreur me
dis-je !!
Bon je me la pète un
peu, mais je me suis fadé des tartines d’info, de livres historiques et autres
analyses de ce pays lors des élections du mois de Juin, je n’ai donc aucun
mérite.
Toutefois voilà ce
que j’ai compris de la situation de ce fascinant pays qu’est l’Iran.
On ne va pas
raconter à nouveau l’histoire de la Perse, puis de l’Iran. Des gens bien plus
compétents et cultivés que moi l’ont fait, il suffit de les lire.
On va partir donc de
cette fameuse révolution islamique datant de 1979.
Le régime qui fut
instauré suite à ces évènements fut pour moi, laïque enragé que je suis, assez
difficile à comprendre. En effet voilà ce que l’on peut appeler une démocratie
religieuse. Théocratie ? Certainement, je pense que c’est le terme le plus
judicieux pour qualifier le régime iranien.
Mais on ne peut pas
dire que ça n’est pas une démocratie. C’est bien là ou j’ai un problème. L’Iran
est un régime autoritaire, guindé et encadré par l’islam chiite, mais c’est une
démocratie, quoi qu’on en pense.
Certes la fraude de
cet été est un scandale monstrueux, mais c’est bel et bien parce que c’est une
démocratie qu’il y’eut d’une part les manifestations, et d’autre part ce vers
quoi j’aimerais arriver par le biais de cette bafouille un peu longue et
maladroite j’en conviens, mais je reprends la main ça fait un moment que je
n’ai pas écrit alors je m’en excuse mais je réclame un minimum
d’indulgence…merci !
On a donc un régime
multipartite, pluraliste et qui voit sa population participer activement à la
vie politique du pays en votant massivement. Ce régime ayant la particularité
de voir le conseil des mollahs se trouver au dessus des partis, au dessus du
gouvernement et qui agit comme un censeur des décisions gouvernementales.
Etrange
fonctionnement, mais qui semble être le fruit de la volonté du peuple. Ce
système n’est d’ailleurs pas réellement remis en question par les opposants à
Ahmadinedjad, ce qui est reproché est le vol du pouvoir par ce dernier et
quelques mollahs ainsi que le viol de la constitution par les mollahs eux-mêmes
qui sont tenus à la neutralité, ce qu’une partie d’entre eux n’a pas respecté
et en priorité le plus haut placé : l’ayatollah Khamenei.
L’islamisation des
esprits, comme il est courant de dire en ce moment, a été opérée depuis bien
longtemps en Iran. La religion a toujours été très présente, puissante et
influente dans toutes les strates de la société iranienne. Si toutes les femmes
portent techniquement un voile, nombre d’entre elles sont habillées à
« l’occidentale », et le voile se réduisant à un joli foulard
coquettement disposé et qui laisse souvent quelques mèches de cheveux dépasser.
La société iranienne est dynamique, jeune et relativement cultivée. Le gap qui
existe entre la volonté affirmée du gouvernement de se positionner en opposant
principal à l’occident et à Israël et l’ouverture contrôlée mais réelle de la
société civile est édifiant.
Ahmadinedjad est un
populiste inculte soutenu par une partie du clergé qui peut emmener son pays
vers une catastrophe, c’est certain. Ses principaux adversaires politiques,
Moussavi et Karoubi sont présentés comme des réformateurs. Le terme me fait
doucement rigoler quand on sait par exemple que Mir Hossein Moussavi fut
premier ministre de l’ayatollah Khomeiny durant un moment et n’était pas ce que
l’on peut appeler un « tendre », c’est le moins qu’on puisse dire.
Mais il faut
accepter que les gens évoluent, et si personne n’est dupe du jeu politique qui
est mené, il serait bon qu’une personne de cet acabit, c'est-à-dire avec une
considération certaine pour l’opinion internationale, arrive au pouvoir.
La société civile ne
réclame pas une seconde révolution, mais bel et bien une évolution qui est
inexorable et que le gouvernement tente de contenir.
Je ne vois là aucune
montée d’un quelconque fondamentalisme religieux. Le fait religieux est un
principe de base dans ce pays, la laïcité n’est en aucun cas à l’ordre du jour,
cela n’empêche pas la population d’aspirer à se moderniser.
Nous pourrions, bien
entendu, débattre du bien fondé de cette soi-disant « modernisation ».
Est-ce que permettre à Mac Donald’s de monter un restaurant à Téhéran est une
marque de progrès ? Au fond de moi j’en doute fortement, mais on n’a pas
fini si on s’égare sur ce chemin…et il faut bien que je termine que diable !
Donc la relation « religion
pouvoir » en Iran ne me semble ni remise en question, ni remaniée. Le
problème iranien est avant tout un problème politique et pas religieux.
Entendons-nous bien,
je ne cautionne absolument pas l’intrusion du religieux dans l’exécutif et le législatif,
s’il y’avait un classement des « bouffeurs de curé » je serais
peut-être sur le podium, néanmoins on ne peut parler de dictature salafiste, ou
islamiste en Iran. Je sais, le concept est troublant, et bien que j’y ai passé
nombre d’heures, j’ai toujours du mal à le maîtriser.
Alors problème
politique ? Evidemment !! De par sa situation géographique, sa
taille, sa démographie et la richesse de ses sous-sols, l’Iran est un acteur
majeur au proche et moyen-orient.
C’est un passage
obligé vers l’Asie et surtout un interlocuteur incontournable. D’ailleurs la
diplomatie iranienne, même au plus fort des tensions avec les USA, a toujours
été active, parfois en sous-marin, parfois à découvert il est vrai.
Politique car se
pose le problème du nucléaire. Il semble qu’il faille que le pays développe la
production d’énergie nucléaire pour permettre sa croissance. Oui, je sais le
nucléaire, la croissance etc…sont des concepts et des principes auxquels je
n’adhère pas, mais ça n’est pas le militant utopiste et enragé qui écrit ce
matin, alors je tente d’avoir le recul nécessaire pour ça.
La maîtrise des
technologies relatives au nucléaire ne peut être offerte à un gouvernement
comme celui d’Ahmadinedjad, c’est indéniable. Par contre nous n’avons pas le
droit de déclarer qu’ils doivent s’éclairer à la bougie ou au charbon, et donc
je ne vois pas de raison pour qu’un programme d’approvisionnement d’énergie
issue du nucléaire et à usage civil ne soit pas mis en place.
Et ça, la population
le sait, ce qui fait une raison de plus de vouloir déboulonner le plouc
antisémite de son siège de président.
Depuis cet été les
média parlent beaucoup moins de la répression qui a lieu actuellement en Iran.
Elle est terrible et sanglante, mais les caméras sont ailleurs. Elle n’a toutefois
(j’insiste je sais, mais c’était quand même le thème de base de cet article)
aucun lien avec une radicalisation du fait religieux. Par contre elle s’est
radicalisée de manière évidente et ultra violente depuis que les yeux du monde
se sont détournés de l’Iran.
C’est tragique,
égoïste et d’un cynisme finalement pas si étonnant de la part de cette bestiole
à sang chaud qu’on appelle l’humain.
Néanmoins une lueur
d’espoir est venue éclairer faiblement mes réflexions sur le sujet.
En effet, d’une part
désormais les populations rurales prennent part aux contestations et
manifestations, ce qui est nouveau car jusqu’ici la contestation était
l’apanage des populations urbaines. D’autre part les sinistres pasdarans,
gardiens d’une révolution confisquée (quelle révolution ne l’est pas ?
vaste question…) et véritables mercenaires à la solde du gouvernement qui
répriment à tour de barres de fer, constatent désormais que le peuple se
rebiffe. Il y’a encore peu de temps ils faisaient si peur que personne ou presque
n’osait les affronter, il semble que ce temps soit révolu.
Il semble que malgré
le fait que les résultats aient été entérinés et validés par les mollahs les
contestations continuent.
Et il faut un sacré
courage pour aller dans la rue pour manifester quand on est jeune, iranien et
plein de rêves !
Alors ce que j’ai
pris pour un virage très encourageant cet été, qui m’a ensuite plongé dans un
abîme (NDLR : tu constates que je t’écoute et ne fais plus la faute J) de
tristesse devant la lâcheté de la communauté internationale, pour finalement me
redonner espoir me fait dire que tout cela ne fait que commencer.
Nous avons besoin
d’un Iran stable et démocratiquement viable pour, justement, contrer la montée
du fondamentalisme islamiste.
Alors si cette année
pouvait être celle d’un changement de dirigeant à la tête de ce magnifique pays
ça serait un progrès réel et palpable qui permettrait d’avancer de plusieurs
pas concernant nombre de dossiers épineux dans la région(Israël, Palestine,
Afghanistan, Liban etc…), selon moi bien évidemment.
Je ne suis ni devin
ni analyste politique. Je ne suis pas historien ni sociologue, mais je serai
prêt à mettre un petit billet sur le fait que les événements qui ont eu lieu
cet été n’ont pas été qu’un coup d’épée dans l’eau. Je pense que la population
ne peut plus reculer, que la lutte va être compliquée et violente, que la
possibilité d’une guerre civile n’est pas si idiote que cela, mais les choses
vont bouger il ne peut en être autrement. Le clergé se fissure et la jeunesse
et le dynamisme de la population ne pourront pas être contenue durant des
décennies.
Nous voilà à la fin
de la première décennie du 21ème siècle, et je maintiens qu’il
débuta le 11 Septembre 2001, espérons que la seconde décade sera synonyme de
progrès après des années de régression et de glissement vers l’obscurantisme
religieux le plus abject.
Enfin bref, vous
l’aurez compris j’aime beaucoup l’Iran bien que je n’y sois jamais allé, et je
pense que le problème des extrémistes religieux ne se pose pas en tant que tel
là-bas.
A part ça à Dubaï
ils ont construit une tour de
Autre sujet de
rigolade, j’écoutais Michel Serres hier à la radio qui parlait de l’origine du
prénom Michel. Au cours de son exposé il parle de Lucifer tentant Eve au jardin
d’Eden en lui déclarant que si elle mange la pomme elle sera comme Dieu. Et
Serres de rebondir en déclarant que c’était là la première publicité de
l’histoire et que donc la publicité est satanique…j’ai adoré la démonstration,
et j’adhère à fond au concept !
Sinon ça caille,
mais dans mon cœur il fait chaud.
A bientôt pour de
nouvelles aventures…et pour changer : HASTA SIEMPRE,
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