Zone libre

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Débattons, débattons il en restera toujours quelque chose

C’est un homme atterré qui vous écrit ce matin. Atterré et pour tout dire un poil en colère. Etonnant non ?
Moi qui suis si doux, pondéré, compréhensif, voire parfois, quand j’ai bien dormi et que le temps le permet, philanthrope ! Et bien l’objet de mon courroux ce matin est qu’en plein XVème arrondissement, le XVème en bordure de VIIème hein ! Pas le XVème proche du périph’, le XVème ultra-bourgeois, richissime arrondissement de Paris, et bien on s’est fait chouré la poussette du petit !! Et oui vous avez bien lu, à l’endroit où tous les parents déposent leur véhicules à roulettes dans lesquels ils emmitouflent leurs progénitures, genre de garage à poussettes qui, aux heures de pointes, compte une bonne trentaine d’exemplaires, et bien quelque malfaisant s’est dit « Ah mais si je piquais cette superbe poussette Mac Laren quasiment neuve ? Pas con...et puis on s’en branle du gosse que ça pourrait léser, je la revendrais sur E-bay ».

Je hais E-bay...je suis certain qu’ils encouragent incidemment le  trafic de poussettes !

Donc nous voilà à l’approche des grands froids avec la seule poussette canne qui a fait son temps et ne possède ni protection pour la pluie, ni pour le froid.

Quel peut être le connard qui pique une poussette à un gosse de 18 mois sans déconner ?? Vous comprenez mieux pourquoi je suis atterré ce matin.
Par contre ça me conforte dans l’idée que le sens civique des autochtones n’est pas relatif à leur déclaration d’impôts...Je le savais, j’en ai une nouvelle preuve.

Je ne peux même pas lui vouloir du mal à cet enfoiré de voleur de poussette, si ça se trouve son gamin a enfin une poussette digne de ce nom avec protection pour la pluie ! (S’il veut la capote pour le froid qu’il laisse un mot à la crèche qui fera suivre.)

Il n’empêche que je suis bien emmerdé moi, parce que dans le monde que je cherche à présenter jour après jour à mon fils, et bien les gens ne volent pas les poussettes...c’est moche mais il va devoir apprendre plus vite que prévu.

Bref, je suis colère, je suis désarroi, je suis également tristesse de constater que l’homme est décidément un enculé pour l’homme !

Toutefois je n’ai pas enfourché mon clavier ce matin pour vous parler de mes petits soucis matériels de petit bourgeois, même si ça présente un intérêt majeur et que le risque que vos journées soient toutes chamboulées est important, je ne saurais m’en contenter !
Normalement si vous suivez un peu ce qui se passe ici vous êtes au courant de mes soucis passagers d’inspiration. Remarquez mes scenarii ont quand même avancés depuis la dernière fois, enfin un d’eux pas tous...Je ne suis passé de grosse larve neurasthénique à celui de bourreau de travail. Ou alors j’ai pas fait gaffe.

Ce qui m’a donné envie de tapoter ce matin est en rapport avec la sortie de notre estimé ministre de l’éducation nationale le bien nommé Vincent Peillon ! Ben ouais s’appeler Peillon alors que l’état n’a plus un rond est assez cocasse je trouve...et d’ailleurs je n’entends pas beaucoup de vannes sur son nom, est-ce que la morosité ambiante a également atteint nos si brillants humoristes nationaux ? A moins que ça ne soit le talent qui les fuient ? Voire les deux, mais je n’irai pas plus loin dans ce débat !

Ça n’est pas sur le sujet de l’éducation nationale que m’sieur Peillon m’a interpellé, que nenni, même si je trouve l’idée des devoirs faits en classe excellente ! D’ailleurs quand j’ai partagé mon enthousiasme avec Constance sur ce point, elle me répondit d’un haussement d’épaules désabusé et un rien méprisant : « bah c’est une ordonnance de 1959, il serait temps qu’ils l’appliquent... » ! Putain ce qu’elle est balèze ma femme à moi !
Je ne sais pas pour vous, mais j’ai quand même une plus grande confiance dans les socialistes (je ne dirais pas la gauche) pour redonner un peu de lustre à l’école toute entière qu’à ces escrocs de l’UMP qui aimeraient tant se séparer du budget « Education nationale » qui est, et c’est heureux, le plus important de l’état.

En fait, c’est la saillie du ministre concernant la dépénalisation du cannabis qui a retenu mon attention. Ce matin tout le monde crie au couac, à la boulette (elle est fine celle-là), à la cacophonie gouvernementale...et je ne peux même pas leur donner tort, ce qui est assez navrant mais une fois passé les protestations d’usage concernant la forme, on pourrait regarder le fond. Pas le toucher, juste le regarder.

Au fond que dit-il ce brave homme ? Précisons tout d’abord qu’il n’est pas un cannabolégaliste enragé ni un fumeur de moquette patenté ! Même si lorsqu’on est agrégé de philosophie comme l’est ce monsieur il semble évident qu’on a déjà fumé des gros pétards en dissertant sur Foucault, Descartes ou Karl Marx. En tout cas c’est ce que je ferais...c’est d’ailleurs ce que je fais, mais ça n’est pas le sujet.
Il exprime simplement le fait qu’il est nécessaire, voire urgent, d’ouvrir un débat de manière intelligente, apaisée, responsable et de grande ampleur sur le sujet.
Un débat, un vrai, un qui permet de répondre à des questions, de dégager des consensus, de faire avancer la société !

A mon avis ces concepts semblent très éloignés de la doxa ultra-droitière de monsieur Jean-François Copé qui lui, le ridicule ne tuant malheureusement pas, EXIGE que la question soit tranchée dans la journée par le président Hollande ! Donc un débat pour Copé ça se mène en une ou deux heures et ça se tranche à la hache.
Sinon, menace-t-il, il va lancer une pétition et aller chercher des témoignages de parents d’enfants drogués !!

AAAAHHHHH QUOI !!!!???? DES ENFANTS DROGUÉS !??! Putain mais ils nous cachent tout, heureusement que Copé est là pour dire tout haut ce qu’il pense tout bas.

Sombre abruti que tu es Jean-François...que ta défaite soit amère, lourde et jette sur toi la honte et l’opprobre.
Hop ça c’est fait (j’ai cru savoir que Jean François Copé pouvait être amené à me lire vu que je le nomme et qu’il emploie une batterie de gus qui traquent tout ce qui le concerne sur la toile...et bien si tu me lis sache que je te méprise !)

Pourquoi un débat ? C’est vrai ça, on a tous une idée sur la question, alors il suffirait de faire un référendum non ? Bah ça serait bien trop simple, limite simpliste. Bon je sais qu’ils sont un peu con-cons à droite donc il faut simplifier à l’extrême mais quand même, on n’est pas obligé d’être binaires non plus !

Personnellement, en tant que fumeur de joints, je pourrais être pour une dépénalisation de l’herbe. Je pourrais même être carrément pour une légalisation et une gestion par l’état de la production, de la distribution etc.
Je pourrais mais le suis-je ? Et ben j’en sais rien, c’est pourquoi un débat me serait très utile.
Parce que je ne suis pas qu’un fumeur de joints, je suis aussi un ancien toxicomane à l’héroïne, à la cocaïne et au crack ! Et ça c’est déjà beaucoup moins marrant.

Me suis-je jeté à corps perdu dans les drogues dures parce que je fumais des joints ? Bien sûr que non.
Le fait de fumer des joints a-t-il, à l’époque, joué sur le fait que je cherchais d’autres sensations ? Certainement.

On peut en conclure que l’herbe mène à l’héroïne, mais ça serait faux et malhonnête. Sauf que c’est le discours que tient en substance la droite.

Mais cessons d’avoir des œillères et faisons le constat simple que la répression, telle qu’elle est menée depuis des décennies, ne fonctionne pas. La France est le pays le plus répressif d’Europe en terme de cannabis. La France est le pays au sein duquel la proportion de jeunes fumant du cannabis est le plus élevé en Europe.
Cherchez l’erreur !!

La répression est nécessaire dès lors qu’on fixe un interdit, mais les moyens sont disproportionnés. Les dealers ont beaucoup trop d’avance.
Si on veut vraiment éradiquer le problème du cannabis on met les moyens et on va mettre à sac toutes les caves de toutes les cités de France et de Navarre. On lance des hélicos à la recherche de plans en Ardèche ou ailleurs, on s’attaque au blanchiment, on cesse de se concentrer sur les fumeurs et on tape sur les dealers, les gros, ceux qui ont du poids et de l’argent.

Mais ces moyens on ne les a pas, et d’ailleurs quel gouvernement voterait un tel budget ? Sauf que ça coute quand même bonbon la lutte contre la drogue, et que le pognon dépensé pour courir après des revendeurs de barrettes à Barbès n’est pas mis dans la lutte contre le trafic de coke ! Parce qu’il faut savoir qu’il est plus aisé de se procurer de la coke à Paris en 2012, que du shit. Là aussi, cherchez l’erreur !
A cela ajoutez le problème des drogues de synthèses qui sont légales jusqu’à ce qu’on les place dans la liste des produits interdits, alors les chimistes changent une double liaison par ci, un polymère par-là et hop ! La molécule est modifiée, elle n’est plus illégale et généralement (ironie de l’histoire) elle défonce encore plus que la précédente !
En plus, dans ce cas, pas besoin de matière première (pavot, coca, cannabis), ce qui rend la chose encore plus aisée à produire discrètement.

Ensuite on fait quoi des paysans colombiens ou Afghans qui cultivent pour nourrir leurs familles ? Généralement ils sont spoliés par les trafiquants, mais ils ont la garantie que leur production sera achetée, alors a-t-on les moyens de les inciter à cultiver du riz ou du maïs qu’on achètera aux mêmes tarifs que le pavot ou la coca ?
La réponse est dans la question.

Je suis donc partagé entre le fait qu’il faut faire quelque chose parce que l’hypocrisie ambiante nous coûte très cher. En argent, en énergie, en santé publique etc…et le fait que légaliser peut engendrer de graves problèmes de salubrité publique. Il ne faut pas non plus oublier que ces substances furent à une époque légales et accessibles à tous, mais que la loi s’est faite de plus en plus répressive à leurs égards et ça n’est pas uniquement sous les coups de boutoir des réactionnaires de tous poils qui ne voient que la composante morale et l’idée bien à eux qu’ils s’en font !
C’est bien qu’il y’avait des problèmes sanitaires qui devenaient ingérables.
Même s’il ne faut pas éluder les pressions politiques, électoralistes et financières qui ont peu à un moment ou un autre s’opérer, je doute qu’elles furent si décisives que ça...Mais je suis peut-être un peu naïf.

Il faut, toutefois, avouer que l’actualité du moment est assez facétieuse avec cette élue Europe Ecologie Les Verts qui se trouve dans une vaste affaire de blanchiment d’argent de la drogue. Elle se défend en disant que ça n’est que de la fraude fiscale, ce qui la fout aussi mal vu le discours du parti. Mais c’est la faute d’une personne, pas d’un parti, alors laissons aux populistes et autres poujadistes le soin de faire l’amalgame, ils n’ont pas besoin de nous.

La sortie de Peillon peut être qualifiée de maladroite, de malvenue, on peut lui reprocher son timing, la forme avec laquelle elle fut menée, bref, on peut légitimement critiquer la forme, mais il me semble que le fond ne doit pas être abandonné.

Il est nécessaire que dans ce pays un vrai débat sur ce sujet soit mené.
En faire l’économie serait une grave erreur, et comme ce débat ne peut pas (pour d’obscures raisons idéologiques) se tenir lorsque la droite est au pouvoir, il n’est pas trop tôt pour le remettre sur la table !

En attendant je vais aller voir ce qu’il y’a sur ma table à moi parce que j’ai la dalle...et aussi très soif, mais on en parlera un autre jour.

HASTA SIEMPRE CAMARADES !!



15/10/2012
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