De beaux lendemains
Depuis quelques jours je travaille sur un texte évoquant la représentation caricaturale de ce qu’est un junkie dans la société. Bon, dit comme ça on est en droit de se demander quel est l’’intérêt d’un tel sujet…je vous l’accorde. En fait c’est en lisant un petit livret sur les préconisations à appliquer pour que l’on puisse s’injecter sainement de la came dans les veines que je constatais qu’une fois de plus le petit personnage censé représenter le toxico était un punk dans tout ce que l’imaginaire collectif est capable de décrire. Crête invraisemblable sur le haut du crâne, épingle à nourrice en guise de piercing, rangers gigantesques aux pieds et un air hagard d’abruti notoire. C’est alors que je lève les yeux et je ne constate aucun punk dans cette salle d’attente et pourtant tous sont des junkies. D’ailleurs en 4 ans au centre je n’ai jamais croisé de punk tel qu’on ne cesse de le voir dans tous les fascicules d’aide aux toxicos. Cela m’a interpellé puis amusé c’est alors que j’ai décidé d’approfondir un peu le sujet. Néanmoins (Car il faut un néanmoins, n’en déplaise à tous ceux qui me disent que j’abuse de ce mot, qu’y puis-je si j’aime ce mot?) si je prends le clavier ce matin ça n’est pas pour terminer l’article dont je parle, il attendra encore quelques heures voire quelques jours. Ce matin si tel Bayard enfourchant son fidèle destrier, je saute sur mon clavier c’est pour partager avec sincérité et une bonne brouette d’émotion mon expérience d’hier après-midi.
Je vais assez peu au théâtre, je vais d’ailleurs assez peu
au cinéma ou bien à des concerts. Je souffre d’une légère, très légère,
agoraphobie qui entraverait mes velléités culturelles si celles-ci n’avaient
pas tendance à se réfugier dans les livres. Et puis trop déçu par de nombreux
spectacles il est vrai que ça faisait un bail que je n’avais pas mis les pieds
dans un théâtre.
Hier après-midi je me suis donc rendu plein d’entrain au théâtre des bouffes du
nord à Paris histoire d’aller voir « de beaux lendemains », l’adaptation
d’un roman de Russel Banks. Je ne connais cet auteur que de nom et je n’ai pas
souvenir de l’avoir déjà lu, quant au sujet de la pièce je n’en avais aucune
idée pour tout dire.
Je n’avais pas pris une telle claque depuis….ben je ne sais
même plus pour tout vous avouer !
La mise en scène minimaliste et incroyablement efficace nous happe dès les
premiers mots pour ne plus nous lâcher. Le jeu des acteurs est d’une finesse, d’une
force, d’une émotion…Il est évident que je dois aller plus souvent au théâtre
car il n’y a qu’en direct que l’on peut ressentir une telle émotion.
Le propos de la pièce est incroyablement dur. On ne rit pas un instant au cours de ce
spectacle, enfin si un peu vers la fin pour laisser échapper un peu de ce
malaise qui nous étreint dès les premières phrases. Quatre comédiens et un
musicien venant interpréter une hallucinante version de « Smells like teen
spirit » à la guitare sèche se succèdent pour y jouer leurs monologues.
Lorsque la dernière comédienne se met à chanter une chanson de Radiohead d’une
voix si puissante autant qu’aérienne la salle entière en a la chair de poule.
J’aimerais raconter de quoi ça parle mais je n’en ferai
rien. Ce spectacle s’adresse aussi bien à nos cerveaux qu’à nos cœurs et nos
tripes.
Il est assez rare de voir des spectacles qui ne prennent pas les spectateurs
pour des cons sans pour autant verser dans un snobisme ridicule et sans fond,
pour souligner à quel point celui-ci est intelligent.
Quant à nos cœurs et nos tripes….ils encaissent, ils n’ont pas le choix. Mais
putain comme c’est dur…Pour la première fois de ma vie j’ai pleuré dans un
théâtre.
Cela n’est en rien un gage de qualité, bien entendu.
Alors ce matin je fais la promotion de ce spectacle. Les
places vont de 18 à 23 euros, il en reste, allez-y. Renseignez-vous sur les
dates et foncez ! Une telle qualité de bout en bout est si rare qu’il ne faut pas louper ça…vraiment
pas !
J’ignore les dates exactes je sais que ça joue de nouveau la semaine prochaine,
mais tous ces renseignements sont disponibles sur le site officiel des bouffes
du nord à Paris.
Je suis encore sous le choc ce matin…c’est heureux, je suis vivant !
Allez-y, allez-y…plus jamais vous n’aurez de doute sur le fait qu’il faille subventionner et aider les artistes.
Bon et bien sur ce, je vais tenter d’occuper mon cerveau autrement et peut-être terminer cet article sur le punk du livret, qui sait ?
Hasta Siempre
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