Zone libre

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Being father, a space odyssey

Ça faisait bien un an que je ne l’avais pas vu. Un an c’est long, c’est très très long. Certes à l’échelle géologique c’est une virgule, une poussière, mais à l’échelle de ma vie à moi c’est trop long.

Un an que j’en parlais à mon amoureuse, que je n’osais lui montrer de peur que se brise cette estime dans laquelle elle me porte si haut. Une année à ouvrir le placard à DVD posant la sempiternelle question « Heu, t’as envie de voir quoi ce soir ? Une daube pour laquelle le cerveau n’est pas utile ou bien t’as envie de te masturber le cortex ? »

Croyez-le ou non il arrive qu’elle opte pour la première solution. Ça tombe souvent bien, il est fréquent que nous ayons les mêmes envies au même moment. Certes il y’a un tas de films que je me refuse à voir, toutes les comédies romantiques navrantes et molles dans lesquelles on ne voit d’ailleurs que très rarement l’épiderme de l’héroïne, ce qui soit dit en passant reste le principal intérêt de ce genre de production cinématographique. Nous avons des goûts différents, et fort heureusement. Moi par exemple lorsque je veux me faire 2 heures de pause cérébrale je regarde un « Marvel », ou un « Star Wars ». Ah ouais parce que je ne cautionne plus les pseudos analyses intellectuello-symboliques sur la puissance du récit et des non-dits dans Star Wars. J’aurais bien aimé y croire, mais non…de toute façon cette saga est intégralement pompée dans le cinéma épique Japonais de la seconde moitié du XXème siècle.

Et le cinéma Japonais me fait un peu chier j’avoue, alors que j’adore Star Wars ! Il faut dire que j’ai grandi à l’ombre des Wookies, Darth Vader et autres Etoiles de la Mort !! J’étais un petit garçon totalement fanatique, et si je me souviens bien un de mes premiers films vu au cinéma fut le retour du Jedi en 1984, j’avais 8 ans…je me souviendrais toute ma vie de ce mercredi après-midi.

Ahhh coquine nostalgie quand tu nous tiens !

Concernant le cinéma Japonais, j’aime quand même bien Kurozawa et Ozu, mais je n’aime pas trop les films de samouraï ultra codifiés, trop à mon goût. Dont l’intrigue est souvent cousue de fil blanc et, je trouve, que les acteurs ne jouent pas très bien.

Je sais que c’est une figure de style, mais j’y suis assez insensible. C’est dommage il y’a certainement des pépites dans l’art Japonais en particulier et Asiatique en général mais je passe à côté sans tout saisir, ça me laisse assez froid, je l’avoue au risque de passer pour un crétin bas de plafond.

« Keuâââââhhhh ??? Tu n’es pas sensible au souffle épique des œuvres de Norimasa, toute la symbolique de la femme y est revisitée avec une telle grâce et une virtuosité incroyable, et ça te laisse de marbre ?? Pfff mon mépris n’a d’égal que la médiocrité de ton œil critique ! »

Ben ouais, c’est comme ça…et encore Norimasa tente de dire un truc dans ces films c’est indéniable, mais j’en suis pas, désolé. Autant le cinéma Slave ou Scandinave me plait beaucoup, et pourtant Bergman faut le vouloir pour aller au bout, autant le cinéma Japonais…bof.

Mais qu’on ne se trompe pas, je sais que ce sont souvent des œuvres de grand talent qui nous sont proposées et que je passe à côté mais que voulez-vous ? On ne peut être partout non plus !

Fin de la parenthèse.

Je reviens donc devant mon placard à DVD contemplant des œuvres aussi hétéroclites que « le Mépris » ou « Le jour d’Après »…hé,hé,hé rien que de l’écrire ça me fait marrer, je sais que le Jour d’Après est une infâme bouse et pourtant j’ai dû le voir une bonne vingtaine de fois.

On a chacun nos petits plaisirs honteux. Le mien est ce film nullissime sur la terre qui se met à geler en deux temps trois mouvements et les méchants Américains sont ensuite sauvés par les Mexicains.

Ça ne s’invente pas. Enfin si ça s’invente, ça s’écrit et il y’a même des gars qui mettent du pognon pour faire ça…le monde est fou. Mais parfois j’en profite, et je l’assume !

Je suis donc spectateur occasionnel de ce qu’il est coutume d’appeler des « blockbusters ». C’est un fait. Néanmoins, et heureusement, ce que j’aime au cinéma ça n’est pas que ça.

Pour la petite histoire saviez-vous que le premier blockbuster de l’histoire fut « Les dents de la mer » (Jaws en VO, mâchoires) ? A l’époque les films ne sortaient jamais l’été, période creuse pour la fréquentation des salles, et je ne sais plus exactement la raison mais il a été décidé que ce film sortirait donc l’été. Il faut dire que le précédent film de Spielberg, Duel (qui est un téléfilm au départ, si je ne m’abuse) s’il avait bénéficié d’une bonne critique n’avait pas non plus déplacé les foules. Il n’était pas encore si Bankable que ça le Spielberg…alors les dents de la mer sortent, carton incroyable, rentabilité hallucinante de ce film qui, s’il était assez richement doté, ne boxait pas non plus dans la même catégorie des blockbusters d’aujourd’hui. Et donc le principe du film de divertissement à forte rentabilité sortant l’été était né. L’ironie de l’histoire voulant que ça soit un réalisateur amoureux de la nouvelle vague, faisant partie de la bande des indépendants qui étudiaient le cinéma à UCLA (University of California, Los Angeles), département cinéma, et qui avait comme rêve de faire un cinéma intelligent, critique, esthétiquement intéressant…bref différent de ce qui se faisait à l’époque. Cette fameuse bande de potes était quand même composée de George Lucas, Francis Ford Coppola, Brian de Palma, Martin Scorcese et donc Steven Spielberg. Ces types voulaient révolutionner le cinéma, et dans un sens ils le firent. Mais pas exactement comme ils l’avaient pensé.
J’aime beaucoup cette anecdote.

Il y’a deux réalisateurs chez qui je passe tout, avec lesquels je suis d’une indulgence qui confine au fanatisme parfois, deux types qui quoi qu’ils fassent, ou faisaient, trouvent chez moi un écho positif et je n’arrive pas à trouver de tache sur leur cinématographie.

Ces deux réalisateurs sont Martin Scorcese et Stanley Kubrick.

Pour le premier, j’avoue qu’il y’a des films moins bons que d’autres, des choix moins heureux que certains autres…et encore ! Un film comme « Les nerfs à vif » est certes un film de commande, et ça se sent parfois, il n’en reste pas moins je trouve un film efficace et que je regarde souvent avec plaisir. J’avoue également que bien que je m’en défende avec beaucoup de mauvaise foi, j’ai été déçu par « Gangs of New York ». Bon, il a dû payer ses impôts et je ne pourrais l’en blâmer, moi-même je ne suis pas exempt de tout reproche concernant les activités rémunératrices auxquelles je m’adonne dans le simple but de remplir mon assiette. Il faut dire qu’il a claqué un pognon fou en cocaïne et en excès divers le Martin. J’avais lu une biographie un jour et avant de réaliser « Raging Bull », chef d’œuvre parmi les chefs d’œuvres, il avait un pied et demi dans la tombe, passait son temps à se défoncer et ne pesait plus que 40 kilos…c’est peu.

Il faut dire que les obsessions de Scorcese sont accessibles, compréhensibles et son œuvre est d’une cohérence certaine malgré un apparent éclectisme. Finalement il parle toujours plus ou moins de New-York, la famille, la religion, la communauté italo-américaine et la rédemption.

Il est pour moi le seul cinéaste de la rédemption. Il a réussi à construire une fabuleuse carrière sur ce thème, et bien que certains ne partagent pas cet avis, il a toujours su parler de ce thème sans se répéter ni utiliser les mêmes ficelles.

Je suis fan de ce type qui en plus est passé par les affres des excès propres aux artistes tourmentés, excès pathétiques lorsque ce sont des loosers qui les commettent et deviennent flamboyants quand ce sont des génies au bout de la seringue ! Le rapport à la création et aux mythes qui l’entoure est bien complexe…mais là j’enfonce une porte ouverte.

D’ailleurs en parlant de rédemption, un journaliste lui posant un jour la question de savoir comment cette obsession s’agençait au sein de son processus créatif et quel film exprimant le mieux cette idée isolerait-il de sa biographie, se vit répondre la chose suivante : « Selon moi, le meilleur film sur la rédemption qui fut réalisé et qui est également le plus beau film sur la ville de New-York est BadLieutenant d’Abel Ferrara ».

Trop modeste le Martin….classe ! En même temps j’avoue que Bad Lieutenant est certainement une des œuvres les plus importantes dans ma cinémathèque ! C’est certainement, en effet, un des films les plus aboutis parlant de la rédemption, quant au fait qu’il soit le plus beau film sur NY, là il est possible de ne pas être d’accord du tout, néanmoins je comprends ce qu’il a voulu dire. Scorcese, New-yorkais jusqu’au bout des poils de barbe voyait là sa ville décrite par le petit bout de la lorgnette. Celle des maquereaux, des junkies, de la pègre, de la crasse et du vice. On n’y voit pas Time Square ni Wall Street dans ce film, oh que non, mais par contre il est vrai que l’on ressent New-York, le New-York Underground, celui qui vit sans tricher.

Je pourrais écrire des pages et des pages sur Scorcese, son œuvre, ses choix, pourquoi je suis si sensible à son travail…mais peut-être un autre jour, car ce matin c’est de l’autre dont je voudrais parler un peu.

L’autre étant donc, Stanley Kubrick.

Et oui, je suis absolument, intégralement, passionnément fan de Kubrick. Je déteste ce mot de « fan », mais je n’en ai pas d’autre sous la main bien qu’il ne me satisfasse pas pleinement. Etre fan induit le fait de perdre tout ou partie de son sens critique. Signifie la perte totale d’objectivité et je ne pense pas ne pas faire preuve d’objectivité dès lors que je regarde un film de Kubrick. Le truc incroyable avec ce monsieur est que tous ces films sans exceptions me plongent dans des abîmes de perplexité et de réflexion intense. Ce type sait gratouiller ma cervelle pour la stimuler…je l’adore !!

Même Spartacus, qu’il n’a fait que terminer, est un grand film. Il a réussi à y instiller un peu de ce qui le rendait si particulier, à savoir sa capacité à faire réfléchir le spectateur.

C’est, selon moi, la grande force de Stanley Kubrick, faire un cinéma brillant et provocateur dans tous les sens du terme. Il provoque la réflexion, il nous fait nous poser très souvent de bonnes questions, et c’est là que tient son génie, sans jamais nous imposer une quelconque réponse !

L’exercice n’est pas si évident que ça.

Ça faisait donc un an que je n’avais pas vu « 2001 l’Odyssée de l’espace », un an que je voulais que Constance le voit, un an sans me délecter de ces magnifiques images bercées par les valses de Strauss, un an sans ce film c’est beaucoup trop long pour moi.

Et oui, je place « 2001 l’Odyssée de l’espace » comme LE film de la création. Il y’a lui et les autres. Un peu comme il est de coutume de dire qu’en littérature il y’a Proust et les autres, ben là c’est la même.

Ce film a bouleversé ma vie et continue de le faire à chaque visionnage. Je l’ai regardé hier soir, j’en suis encore tremblant et perplexe.

Comme je m’y attendais Constance n’a pas été au bout, je connais peu de gens qui ont été au bout sans s’ennuyer un instant, j’en connais encore moins qui sont capables de le voir plusieurs fois.

Je peux le comprendre, enfin essayer de le comprendre. Certes ce film est hermétique, ou du moins semble l’être. Certes chacun des deux actes (il est séparé par un entracte ce qui est peu courant au cinéma, je crois qu’à part Lawrence d’Arabie je n’ai pas souvenir d’entractes au cinéma…) est entamé par une séquence au noir habillée par l’angoissante Ouverture d’Atmosphères de Ligeti.

Certes le rythme de ce film est incroyablement lent, les dialogues peu nombreux et bien qu’il soit incroyablement moderne et visionnaire on peut déplorer une certaine esthétique surannée ou tout le moins vieillotte…Constance m’a d’ailleurs fait remarquer hier que ce contraste était étonnant, voire amusant.

Dans la vie il parait qu’il faut faire trois choses : un enfant, planter un arbre et écrire un livre. Personnellement j’en ajouterais une quatrième : voir 2001 l’Odyssée de l’espace !

Ouais je sais c’est un petit peu exagéré mais ça me fait plaisir…et où y’a de la gêne…vous connaissez la suite !

Quelles sont les raisons qui font que ce film est si important pour moi ? Voilà près de 25 ans que je me pose ces questions, et à chaque fois de nouveaux éléments s’ajoutent à la liste. Normal me direz-vous, ma vie évolue…mais ce film n’évolue pas alors pourquoi ?

La chose fondamentale entre moi et ce film est qu’il me parle du sens de la vie. Ça semble con dit comme ça, mais je vous assure que c’est le cas…ni plus ni moins que le sens de la vie. Très très fort Stanley !!

L’histoire même de la création de ce film mérite des livres entiers. D’ailleurs des livres entiers ont été écrits sur le sujet. Mais au final, il me pose des questions sans jamais m’apporter de réponses ce qui aurait été d’une part d’une arrogance crasse et d’autre part d’une grande stupidité.

En effet voilà la seule œuvre qui me parle de ça, du sens de la vie. D’où vient-on ? Où va-t-on ? Qui sommes-nous ? Etc.

A un moment dans le film l’ordinateur, « Hal », est décrit comme une personne à part entière, et afin de s’inclure dans cette hypothèse il ne parle pas d’humains, ou d’androïdes, ou de robots, il parle de systèmes (ou d’êtres j’ai un doute) doués de conscience.  Ne songer qu’à cette phrase, et ce qu’elle va ensuite générer comme questions ; Sommes-nous uniquement des systèmes doués d’une conscience, ou bien sommes-nous autre chose ? Quelle est cette chose ? Comment la définir…on revient alors au monolithe noir, pierre angulaire (sans jeu de mots) du film. Cette chose placée sur la lune comme une sentinelle et qui une fois découverte va émettre vers Jupiter, apparemment là où se trouvent ces êtres doués de conscience qu’on ne connaît pas, peut-être même sont-ils plus que ça ? CQFD…

Ce film est d’une simplicité presque rébarbative quand on y songe, mais les questions qu’il pose il est, pour moi, le seul à avoir osé les poser et que cela n’ait pas semblé être ridicule.

Donc hier soir, bing ! Me voilà à nouveau perturbé par ce film…mais une fois de plus, et c’est ce qui fait certainement que je le verrai jusqu’à la fin de mes jours, une nouvelle réflexion, ou plutôt sensation, s’est faite jour.

La dernière image du film montrant la terre et un fœtus dans un utérus sur le même plan m’a évidemment fortement interpellée !

Chaque jour je parle, à travers le nombril de Constance, à ce petit être en formation qui est destiné à devenir mon fils. Bon, je vous avoue qu’il l’est déjà pour moi, mais il ne faut pas le dire alors…

Chaque instant qui passe m’amène à réfléchir à ce rôle de père, à cette vie que l’on a créée, aux sentiments qui y sont mêlés, à l’amour que j’ai pour lui et sa mère…bref tout un tas de pensées certainement parfaitement en phase avec ma situation du moment !

Et ce film a une nouvelle fois résonné formidablement en moi, une nouvelle composante étant présente : Ma future paternité. Voire ma paternité tout court !!

Ce film reste pour moi la plus belle chose qu’un réalisateur ait pu faire. Et de loin.

A part ça c’est le 31 ce soir, donc demain c’est le 1er Janvier….et ouais je suis pas mauvais en maths, je sais que ça peut impressionner mais c’est surtout du travail !

Donc pour 2011 on peut souhaiter qu’enfin Hortefeux soit viré du gouvernement. C’est quand même un des plus gros scandales politique de ces 20 dernières années ce type. On peut souhaiter que Mariani, Besson, Bertrand soient virés. Voire que tout ce beau monde périsse dans les flammes lors d’un quelconque dîner de levées de fonds sales pour leur parti de salopes !

On peut souhaiter que Sarkozy se tire une balle après avoir trépané son fils Jean. Que Fillon entre en HP et qu’enfin on ait un président (ou une présidente bien sûr….) de gauche !

Enfin, on va surtout se souhaiter d’être heureux et qu’on arrive à peu près à ce qu’on veut cette année, c’est plus sûr.

Pour ma part je n’ai qu’un souhait, que ma douce et belle Constance prenne son fils dans ses bras non sans écraser une petite larme d’émotion alentour du 18 Avril …

Et faites pas les cons dans les voitures avec 4 grammes dans le sang et un chapeau pointu sur la tête.

J’ai toujours trouvé ça con un type mort encastré dans une bagnole avec un chapeau de clown sur la tête.

Et pourtant j’ai de l’humour !

HASTA SIEMPRE CAMARADES !!

 

 



31/12/2010
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