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Vacances j'oublie tout !

Longtemps j’ai eu ce que l’on peut appeler une aversion pour les congés payés.

Pas sur le principe, cela va de soi, les congés payés sont une des plus importantes avancées sociales du siècle dernier et leur apport ne peut et ne doit être remis en question. De cela je doute de trouver quiconque pour me contredire.

Une fois n’est pas coutume.

Non, mon problème était très intime. En effet lors de l’été 1999 je faisais mon stage de fin d’étude au sein d’un embryon de société que j’allais faire grandir et porter à bout de bras avec le fol espoir que nous deviendrions le premier studio de création multimédia en Europe.

Ah la belle époque, les utopies les plus flamboyantes nous étourdissaient et c’est avec passion que nous nous lancions dans la production de jeux vidéos, le bandes-dessinées tant sur un support papier que sur un support numérique, de dessins animés etc.

Mais cet été 1999 fut également celui ou mon frère de sang, mon camarade pour la vie, mon ami en entier eut la singulière idée de tout foutre en l’air en assassinant l’un de nous avant de se jeter du haut d’un immeuble.

Je dois être le seul sur cette terre à ne jamais lui en avoir voulu, à ne jamais le haïr et à toujours garder de lui ce que nous nous étions offerts.

Néanmoins le coup fut rude, très rude. A l’époque je commençais à peine de sortir de l’enfer de l’héroïne (du moins le pensais-je avec sincérité), je découvrais l’amour, le vrai et de ces années saccagées je conservais une culpabilité mortifère et je pensais (à tort ou à raison, peu importe aujourd’hui) que ma rédemption passerait par l’effort et l’abnégation au travail.

Et bien l’épisode Marc (c’était son nom) redéposa une épaisse couche de culpabilité sur votre serviteur qui, il faut bien l’avouer, avait un peu de mal à gérer tout ça.

Il faut dire que je fus le dernier à l’avoir eu au téléphone, que si je ne l’avais pas incité, voire poussé, à s’entretenir avec sa future victime peut-être n’en serions-nous pas là aujourd’hui…mais avec des si il parait qu’on mettrait Paris en bouteille.

Expression pour le moins absconse s’il en est. Qu’est-ce à dire de mettre « Paris en bouteille » ? Sans déconner les types qui inventent les expressions populaires confinent parfois au génie, ou à la connerie la plus crasse c’est au choix.

Passons.

Donc dès que je me suis mis à travailler dans la vraie vie afin d’y gagner à la sueur de mon front ce pain doré et croustillant dont je me repais encore chaque jour, j’y ai mis une ardeur démesurée. Je bossais 80 heures par semaine pour toucher le SMIC. Mais il le fallait, il fallait que d’une part j’occupe mon cerveau de plus en plus torturé et d’autre part que je lave mes pêchés d’une vie que je fuyais.

Voilà pourquoi à l’approche de mes congés estivaux j’étais pétri d’angoisse et d’aigreur.

Je n’ai jamais craint de m’ennuyer, bien au contraire si je pouvais ne pas dormir afin de faire tout ce dont j’ai envie (ou besoin, rayer la mention inutile) j’en serais bien plus heureux.

Malheureusement j’ai besoin de dormir. Certes j’ai pris beaucoup de drogues en ce sens, mais ça ne fonctionne qu’un temps et puis ma santé mentale déclinant je dus me résoudre à faire comme tout le monde. Dormir et manger.

Ça n’est donc pas l’inaction qui m’effrayait mais simplement l’angoisse de l’inutilité, l’impression de ne plus servir à rien ni à personne à partir du moment où je ne travaillais pas. De plus je continuais à gagner de l’argent sans rien faire et le concept, bien que je l’eu compris très vite et comme je l’ai signalé plus haut le loue haut et fort, m’était assez difficile à accepter me concernant.

Comme si je devais inlassablement payer, encore et encore.

Il faut également souligner qu’étant un piètre organisateur jamais je n’eu pris le temps de préparer ces dits congés.

Je n’ose imaginer le jour ou je serai contraint de cesser de travailler, je ne parle pas de retraite le sujet est sensible et peut-être y reviendrons nous un autre jour, mais ça aussi ça doit se préparer s’il on ne veut pas devenir totalement dingue.

Voilà donc pourquoi les vacances étaient plus une souffrance qu’autre chose.

Certes il y’eut quelques exceptions, et notamment lorsque ma compagne de l’époque prenait les choses en main et me collait un billet d’avion entre les mains sans me demander mon avis, ce que finalement j’apprécie car je ne sais si je vous l’ai déjà dit mais si je suis dur au mal et au travail je n’en suis pas moins une grosse feignasse.

Je sais c’est un aberrant paradoxe que j’énonce ici, mais je travaille à le comprendre et ça prend un temps fou donc je ne saurais en dire plus ici.

 

Et puis les choses évoluent. Je vieillis, je n’ai plus l’énergie d’antan et surtout je commence à me débarrasser de cette foutue culpabilité qui me plombe depuis tant d’années.

Surtout depuis que Constance est entrée dans ma vie pour ne plus jamais en sortir je vois les choses bien différemment et pour tout vous avouer c’est extrêmement plaisant.

Car voilà, pour elle les vacances sont importantes et il est hors de question qu’elles ne soient pas l’occasion de s’élever et de voir du pays.

C’est pourquoi cette année j’ai pris de vraies vacances et, croyez-le ou non, avec un réel plaisir.

Et oui camarades, j’ai fui Paris et sa folie pour passer trois semaines hors du temps, de mes angoisses et des cons qui m’entourent.

Certes nous n’avons pas vraiment des finances extensibles et surtout n’ayant absolument rien préparé jusqu’à trois jours précédant le départ nous restâmes en France, et c’était enchanteur.

La majorité du globe rêve de venir passer ses congés sur la côte d’azur ou à Paris ; nous, parigots pur jus, rêvons toujours d’ailleurs lointains et exotiques.

Le monde est mal foutu quand même…quoique pas tant que ça en fait si l’on y réfléchit bien.

La vallée du Rhône, la Drôme et la Bretagne furent les points de chutes auxquels nous nous fixâmes quelques temps nous laissant porter plus ou moins au gré des vents malicieux.

Pour cela je la remercie, elle qui déjà avait su rendre mon anniversaire agréable alors que c’est certainement le jour que je déteste le plus au cours de l’année, elle a réussi à me faire aimer les vacances…cette fille est formidable !

Je me suis alors retrouvé en maillot de bain, affalé sur un transat, un verre de rosé à la main et un florilège de la presse nationale dans l’autre.

Et, putain que c’était bon.

J’en ignorais la saveur comme quoi on apprend à tout âge !

D’ailleurs je me suis même mis à apprécier le rosé ce qui n’était pas gagné car faisant souvent mienne une vanne de LUZ, talentueux dessinateur que j’admire sincèrement et qui faisait dire à José Bové dans un de ses albums que « Manu Chao c’est comme le rosé, au début ça désaltère mais vite fait ça te colle un mal de crâne carabiné ».

Malgré tout ça me fait rire.

 

Donc me voici épluchant avec attention la presse qui est une de mes activités favorites je dois l’avouer sans aucune honte ni forfanterie. Or que fut le feuilleton de l’été (d’ailleurs il n’est pas terminé le dit feuilleton et quelque chose me dit qu’il en est loin) ?

Et bien soyons grégaire pour une fois et bavons un peu sur la fameuse « affaire Bettencourt ». Au départ c’était l’affaire Bettencourt-Banier-Bettencourt. Puis c’est devenu l’affaire Bettencourt-Woerth-Bettencourt-Banier. Ensuite elle s’est muée en affaire Bettencourt-Woerth-Sarkozy-Bettencourt-De Maistre.

J’attends avec impatience qu’elle devienne l’affaire Bettencourt-Woerth-Sarkozy-Ben Laden-Bettencourt-Banier-Armstrong-Mon cul sur la commode !

Mais peut-être mes espoirs dépassent la réalité, c’est triste.

 

Donc je me suis fadé à peu près tout ce qui a été publié sur la fameuse et énorme affaire Bettencourt (on va faire court on va la nommer ainsi, ça va vite me péter les couilles de rajouter les noms de tous les protagonistes de ce sinistre feuilleton).

Au départ elle s’apparente à une sordide histoire d’héritage et de vénalité malsaine, la fille de la vioque craignant que François-Marie Banier lui pique son dû à la mort de sa mère.

Classique me direz-vous.

Certes vous répondrais-je mais déjà un goût amer semble poindre au fond de la gorge en découvrant que telle une bouse bien fraîche la patronne de LORÉAL voit tournoyer autour d’elle un tas de mouches à merde attirée par l’odeur de son fric. Comme quoi l’argent ne rend pas spécialement heureux, mais il attire les salauds.

Finalement si elle veut donner son pognon à un gigolo qui a le droit de l’en empêcher ? A priori personne, sa fille en a décidé autrement, et c’est leur affaire.

Seulement voilà, tel un oignon moisi chaque couche que l’on en retire fait apparaitre un nouveau scandale qui resterait à la page des faits divers et alimenterait les gazettes à sensation si l’état n’y était pas impliqué. Or l’état c’est nous, et des pages people l’affaire glissa invariablement vers les pages politiques des journaux.

On ne va pas raconter de nouveau ce que tout le monde sait, ça ne servirait à rien, de conflits d’intérêts en mensonges d’état. De blanchiment de fraude fiscale en détournement de l’esprit de la loi sur le financement des partis politiques on n’en finissait pas de sombrer dans le sordide le plus glauque.

De tout ça j’ai retenu deux choses étonnantes et quand même assez abjectes. La première est que la Liliane dont la fortune est estimée à environ 15 Milliards d’Euros fraude allègrement le fisc et ne paie pas plus de 9% d’impôts sur le revenu. Elle paie moins que moi !!!

En proportion ça va de soi faut pas déconner, mais lorsque les caciques de l’UMP non contents de crier au « facho-trotskysme » (argument textuellement repris de la rhétorique Stalinienne soit-dit en passant) arguent qu’elle a payé en 10 ans 400 millions d’Euros d’impôts alors s’il vous plait si vous estimez que c’est rien c’est que vous n’êtes qu’une bande d’infâmes populistes, et bien cela ne représente rien pour elle. Enfin pas « rien » on s’entend, mais de niches en fraudes, toutes deux fiscales, elle paie moins de 10% d’impôts. C’est non seulement un scandale mais je ne comprends pas que cela puisse être possible sans qu’elle ne finisse soit sous les verrous, soit avec un sérieux redressement fiscal au cul, soit les deux ne soyons pas pingres.

La seconde chose qui m’a frappé et dont j’ignorais finalement presque tout, est le fait qu’il existe en France près de 300 partis politiques.

Ça fait beaucoup quand même.

Ces micros-partis sans adhérents ni programme, sans locaux ni activité possèdent tous un compte en banque.

Ils ne servent qu’à permettre de détourner l’esprit de la loi sur les financements des partis politiques en toute impunité. Certes il n’y a rien d’illégal là-dedans et il faut tout simplement réformer la loi et ne permettre aux particuliers de faire un don annuel d’un montant maximum fixé à un seul et unique parti politique.

Mais c’est usant de devoir légiférer à nouveau parce que des crapules qui prétendent incarner une république irréprochable détournent sans vergogne la loi alors qu’il nous a fallu des années pour arriver à une certaine transparence concernant le financement de la vie politique.

C’est usant et désespérant, il faut bien l’avouer.

 

Tout ça est écœurant, indécent et totalement déprimant. Alors on se console comme on peut et je me dis que le nain de l’Elysée ne pourra pas en sortir blanc comme neige, que si la justice ne peut rien, ce qui semble le cas et m’indiffère plutôt d’ailleurs, au moins les électeurs sauront lui renvoyer sa médiocrité, sa malhonnêteté et ses mensonges en pleine gueule lors de la présidentielle de 2012.

Si seulement il pouvait se prendre la branlée qu’il mérite…si seulement.

 

A la rentrée on reviendra sur les retraites, l’affaire Bettencourt va se tasser vous verrez et on ne parlera plus de ça. Néanmoins il ne faut pas qu’ils n’en paient pas les conséquences électoralement, il faut qu’ils soient écrasés. Il faut que les Estrosi, Bertrand, Hortefeux, Lefebvre et autre Sarkozy bouffent leurs chemises et restent quelques années au placard.

Je sais bien que LO (pour qui je vote régulièrement) n’arrivera pas au pouvoir par les urnes, mais il est impératif que la droite dégage, alors même si ça me brûle les doigts il est fort possible que je mette un bulletin PS dans l’urne le jour ou l’on me demandera mon avis.

 

Et croyez-moi c’est une gageure pour votre serviteur.

 

Bon, il se fait tard et j’ai quand même un peu de boulot, c’est dommage j’aurais bien parlé un peu football avec vous…quelle rigolade là aussi. Au moins ça nous a fait marrer à défaut de nous faire plaisir.

 

En vous souhaitant une belle journée.

 

HASTA SIEMPRE CAMARADES



27/07/2010
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