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Obsession

A un moment il fallait bien que ça arrive ! A force de faire mariner à feu doux durant des jours, des mois, des années, moult questions tournant toutes autour du même sujet, ou presque, il eut été bien étonnant que je n'en subisse un jour les conséquences.

Dans Charlie Hebdo on peut retrouver avec joie et gourmandise, et ce, chaque semaine, la chronique économique d'Oncle Bernard. Bernard Maris pour les intimes. Au sein de cette page on trouve ce que l'auteur appelle « Le coin de l'obsédé ». Oh ! Point de stupre, de fornicatrices circonvolutions intellectuelles, ni même de quelconque luxure à cet endroit ! Que nenni ! Son obsession, à Maris, tourne autour des deux conflits mondiaux. A l'instar du dessinateur Jean Tardi qui, s'il sort parfois de sa goulotte pour nous offrir des merveilles à déguster lentement et n'ayant pas pour sujet la Grande guerre, c'est uniquement pour mieux replonger dans le bouillon immonde plein de sang, de merde et d'alcool qui emplissait allègrement les tranchées lors du conflit entre 1914 et 1918. Tardi est obsédé par la première guerre mondiale, Maris par les deux. Ai-je besoin de rappeler à quel point j'admire pour des raisons évidemment totalement différentes ces messieurs ? Ben je le fais, dans le doute on ne sait jamais…

Ma grande obsession, celle que je trainerai jusqu'à la fin de mes jours, est cette satané quête de sens qui souvent m'échappe alors que je crois la tenir fermement dans le creux de ma main et que je serre le poing si fort que jamais elle ne peut s'échapper ! Du moins c'est ce que je pense, car lorsque je déploie mes phalanges afin de contempler ma prise, elle n'est généralement plus là depuis un bail.

Où est-elle ? J'en sais rien ! Qu'est-elle ? Ben c'est bien le problème, et c'est la raison de mon obsession ! Elle est con cette question, je ne me félicite pas…

 Néanmoins cette quête de sens, pour moi, réside en la compréhension du monde. Du Monde !!  Avec un M majuscule comme pour souligner le caractère universel et absolu de la chose. Comprendre le monde…vaste programme. Passionnant programme ! Impossible programme…

Alors je taille, j'élague, je tente de couper  les branches mortes, celles qui obstruent la vue et nous détournent de l'essentiel. Et au final il reste quelques vigoureux troncs sur lesquels je peux lire distinctement : Liberté, Egalité et Fraternité. Tiens ça me dit quelque chose ce slogan…bah certainement une pub à la con pour vendre une bagnole….Naaaan j'déconne je sais très bien ce que c'est, c'est le sous-titre de la France. Attention toutefois, que les choses soient bien claires, ces trois préceptes sont particulièrement pertinents, qu'ils fussent sur le drapeau Tchétchène, Breton ou Libyen leur impact aurait été le même ! J'ai bien pensé à les reformuler afin que ne plane aucun doute sur mes convictions et engagements, et puis j'ai laissé tomber. Je n'aurai pas fait mieux que ça. La révolution française est un fait historique majeur de l'histoire du monde, mais si je suis né français je n'éprouve absolument aucune fierté à ce que ces trois idées grandioses et universelles figurent sur le drapeau tricolore. Ou à côté selon l'angle de vue. Aucune fierté, mais aucune honte non plus, non, en fait je ne ressens rien de particulier. Uniquement la satisfaction d'avoir trouvé dans le patrimoine mondial une formule sur laquelle je puisse appuyer mes réflexions dès lors que je m'engage dans cette voie complexe et hasardeuse.

La liberté, l'égalité et la fraternité sont ce à quoi chaque individu sur cette planète doit pouvoir jouir sans aucune entrave.  C'est ce que l'on peut appeler une condition « nécessaire et suffisante » en mathématiques. Il y a quelques années Chirac (vous savez le vieux débris qu'il nous faut juger mais que personne n'ose traîner dans la merde ? Moi j'veux bien si personne ne veux s'y coller, je n'ai pas d'états d'âme) déclarait que le premier des droits de l'homme était de manger. Il en parlait d'ailleurs à propos de la Tunisie, ce qui rend la chose encore plus savoureuse si j'ose dire. Croustillante même si l'on ose être cynique. Et du cynisme il n'en manquait pas le père Chirac quand il a sorti cette ânerie. Oui c'est une ânerie, je persiste et je signe. Est-ce à dire que je ne considère pas comme fondamental que les ventres des humains soient remplis chaque jour, voire plusieurs fois par jour ? Bien évidemment que si, mais manger à sa faim découle du triptyque « Liberté, Egalité, Fraternité ». C'est pas « Liberté, Egalité, Fraternité, Cassoulet »…ce dernier est inclus dans les trois précédents !

Respectons ces trois engagements fondamentaux  et le reste en découlera. En négliger un seul et l'ensemble ne tiendra que par la force, l'équilibre ne sera jamais trouvé. Une matraque ça fait une très bonne béquille. Surtout depuis qu'ils en font des télescopiques.  Donc, non, le premier droit fondamental n'est pas de bouffer, mais d'être libre dans une société égalitaire et au sein de laquelle la notion de solidarité n'est pas qu'une vague idée mais bien un principe de vie. Je le répète, le reste suivra toujours…

Revenons à nos obsessions (les miennes en l'occurrence mais peu importe), parce que l'idée n'est pas d'analyser chacun des pieds du tabouret sur lequel devrait reposer le gros cul mou de la civilisation. Si on se met à digresser sur chacun des mots Liberté, Egalité et Fraternité on ne s'en sort pas et moi j'ai un vrai travail pour lequel je suis payé, alors faudrait voir à ce que je puisse ne pas perdre ma journée sur cet article ! Je sais c'est frustrant mais c'est ainsi. Et puis ça m'oblige à la concision….ce dont j'ai une sainte horreur je dois bien l'admettre.

Un peu comme mes ainés Maris et Tardi, je suis obsédé par la seconde guerre mondiale. Toutefois c'est très réducteur de dire ça, car comprendre ce conflit, ou du moins tenter de le comprendre, car c'est bien là que le bât blesse,  implique de remonter une bonne cinquantaine d'années dans le passé afin de pouvoir placer les évènements dans un contexte correct. Et puis ce qui m'interpelle dans cette guerre ce ne sont pas les combats entre militaires. Dégueulasses, barbares, abjects…rien de bien différent des autres guerres, peut-être qu'un peu plus de barbarie et un peu moins d'humanité animait la Wehrmacht, mais quelle armée peut se targuer de n'être barbare ? Le concept de crimes de guerre fut inventé pour qualifier l'attitude de l'armée allemande, pas les SS ni les SA. Or c'est au sein de l'armée que l'on trouvait le plus de gens qui doutaient du bien-fondé de la politique inhumaine du IIIème Reich. En gros il n'était pas obligatoire pour les militaires d'être membre du NSDAP (Parti National-Socialiste des travailleurs allemands, le parti nazi). C'était mieux vu bien entendu, néanmoins les militaires ça s'y connait dans la chose militaire, et ça ne veut surtout pas se poser trop de questions existentielles. Un fantassin reste un fantassin qu'il soit juif, noir, jaune, vert ou rose….au bout du compte ses tripes auront la même couleur que celles des autres ! Et la même odeur, celle de la merde ! C'est un fait imparable. Je ne dis pas que la Wehrmacht était composé de gauchistes et d'opposants, bien entendu que 99% de ses membres étaient nazis, sinon de cœur au moins de carte. Mais il existait au sein même du parti nazi différents courants, c'est étonnant j'en conviens, mais c'est là aussi un fait.

Bref si je reste obsédé par cette période de l'histoire c'est surtout parce que je ne comprends pas comment les nazis purent arriver au pouvoir, asseoir un régime totalitaire, industrialiser la mort et banaliser le mal avec autant d'aisance. Je ne comprends comment cela fut rendu possible, comment l'enthousiasme des débuts laissa place à une satisfaction malsaine puis à la peur.

Je ne comprends simplement pas comment il fut possible de jeter dans les ténèbres une nation si éduquée et qui paraissait solidement démocratique qu'était l'Allemagne de l'époque ? Je ne pige pas…Enfin, si je pige certaines choses, je comprends les mécanismes « physiques » qui ont permis à Hitler d'arriver au pouvoir, comment il a pu s'emparer de la Pologne, de la Tchéquoslovaquie,  de l'Autriche en bluffant, ça je le comprends bien merci…mais je ne comprends pas l'ensemble.

Comme dit Winston Smith, personnage central du livre 1984 d'Orwell : « Je comprends comment mais je ne comprends pas pourquoi… »

Je suis un peu comme Winston lorsque je me trouve face à la barbarie Nazie. Je suis perdu devant ce monument d'inhumanité. Le monde a changé le jour où les américains ouvrirent le premier camp d'extermination. Il y a un avant et un après Shoah. Comment un continent entier peut perdre à ce point la raison ? Qu'un homme malade viole, torture, tue, mange, émince, épluche…bref s'éclate sur ces congénères, je ne le comprends pas vraiment mais on parle de folie, de maladie mentale donc finalement on s'en sort. Je n'arrive pas à parler de folie ou de maladie mentale concernant une nation entière. La folie peut être, sporadiquement, le moteur de tout un peuple, j'en conviens et nous avons chaque jour de nouveaux exemples du phénomène. Mais sur le long terme qu'est-ce à dire ?

Le régime nazi symbolise le mal absolu, inqualifiable, la perte totale d'humanité. La barbarie la plus aboutie, la plus simple qui soit. La haine du monde, de l'autre…Je ne sais plus quel historien ou sociologue avait échafaudé un théorème dans lequel il indiquait que dans chaque conversation, si tant est qu'elle dure un peu, arrive un moment où elle dévie pour parler d'Hitler et des nazis. Comme une fatalité. Notre inconscient collectif est marqué au fer rouge par ces faits. Ils marquent une rupture dans la civilisation, un monstre que je n'arrive pas à cerner…c'est la raison de mon incompréhension.

Bon, je ne comprendrais vraisemblablement jamais complètement comment il est possible de rendre la haine si tangible. La haine est un sentiment, ils en ont fait un axiome politique…c'est fascinant autant que terrifiant. Mais parfois je me dis que le simple fait de chercher est déjà satisfaisant, je sais qu'intellectuellement c'est douteux comme réaction, mais à chaque lecture nouvelle ou bien relecture de textes connus, une nouvelle pièce se met en place dans ce puzzle démoniaque. Il arrive que la mise en lumière d'un fait ou d'un processus vienne en éteindre plusieurs autres et remettre en question d'autres faits antérieurs…qu'à cela ne tienne je recommence. C'est pourquoi je regarde régulièrement le documentaire « De Nuremberg à Nuremberg » par exemple. Constance me regarde étrangement lorsque je mets le DVD dans la machine sous la télé, mais si elle ne partage pas cette obsession, elle la comprend, c'est le principal. Pour info ce documentaire en deux parties d'une heure et demie chacune relate l'histoire du conflit en prenant comme borne temporelle inférieure le rassemblement de Nuremberg en 1936 où nombre de lois antisémites furent votés, faisant de Nuremberg la ville symbole de la folie nazie. Et comme borne supérieure le procès des criminels nazis qui eut lieu entre 1945 et 1946, à Nuremberg. La boucle est bouclée. Néanmoins comme tout documentaire télévisuel il comporte des limites. Limites de temps essentiellement. De fait, par exemple, l'Allemagne nazie d'avant-guerre est décrite comme une machine militaire impressionnante, quasiment imbattable et dont les forces, l'effectif et le matériel semblaient sans limites. Aucune limite de nombre comme de qualité. Dire ça c'est permettre d'aller à l'essentiel, mais c'est faux. En effet en 1939 l'Allemagne n'a opéré son réarmement progressif que depuis 5 ans, et bien que les cadences de production fussent impressionnantes elles n'étaient quand même pas suffisantes pour dépasser en nombre et en qualité les armées françaises, tchèques ou bien Russes. Ces dernières avaient, pour leur part, bien d'autres problèmes. A cette époque l'Allemagne n'est pas prête à faire la guerre. Ses hommes manquent de formation, surtout dans l'armée de l'air (Luftwaffe), son matériel est certes moderne mais manque d'essais et il est  toujours hasardeux d'aller au combat alors que son flingue peut te péter à la gueule n'importe quand. Ses effectifs sont encore trop limités et puis l'économie allemande est exsangue, elle ne peut pas absorber le coût de la guerre sans d'effroyables conséquences. Hitler prend l'Autriche, la Tchéquoslovaquie et la Pologne en deux temps trois mouvements et surtout au bluff ! Il est incroyable de constater que si la France et le Royaume-Uni avaient tenus leurs engagements vis-à-vis de Prague et que ces derniers se soient battus, l'Allemagne aurait été écrasée en très peu de temps et nous n'aurions pas basculé dans l'horreur absolue. Mais on ne peut pas réécrire l'histoire, malheureusement.

C'est en me référant à d'autres sources que j'ai compris cette histoire du bluff d'Hitler. Ce con avait d'ailleurs planifié l'entrée en guerre en 42-43, c'est-à-dire qu'il manquait au minimum 3 ans pour que son pays soit prêt. Pourquoi avoir voulu accélérer le mouvement ? Plusieurs théories existent, elles se valent toutes, et je pense sincèrement que c'est l'addition de ces raisons qui ont poussé Hitler à partir au combat alors qu'il n'était pas prêt. Il est étonnant de noter qu'une de ces raisons est qu'il aurait déclaré à ses collaborateurs qu'il n'avait pas envie de régner sur l'Europe à 60 ans et qu'il préférait le vivre dans la force de l'âge, c'est-à-dire à 50 ans. Ben oui, le nazi est coquet mais ça on le savait déjà. Quand on connait un peu la psychologie délirante d'Hitler, rien ne nous étonne.

Cet exemple montre en fait que j'essaie de balayer le spectre le plus large possible afin de parfaire mes connaissances du sujet. C'est uniquement comme ça que je pourrais comprendre le pourquoi du comment.

Pour qualifier le nazisme et le Stalinisme (je différencie le stalinisme du communisme, je m'en expliquerai un autre jour) on inventa le terme de « totalitarisme », nouveau palier dans l'échelle sordide de classification des dictatures.

Et c'est en partie la raison de cette digression matinale. Voilà quelques jours  j'ai débattu avec un internaute sur le forum de Libé sur le mot dictature. Ce gai-luron plein de ferveur révolutionnaire et semble-t-il prêt à en découdre sur une barricade, certainement en écho avec les évènements du moment en Egypte et en Tunisie, déclarait sans ambages que nous vivions en France sous le joug d'une dictature.

Il est évident que je n'ai pas pu laisser passer ça, et me suis mis à expliquer pourquoi il était inconvenant mais surtout erroné de dire que la France était une dictature. Inconvenant à l'égard des milliards d'êtres humains qui sont morts arbitrairement, qui souffrent actuellement et qui ne voient l'avenir que sous la coupe d'une ordure sans scrupule. C'est erroné car si je suis le premier à exprimer mon désaccord, parfois violemment, envers le gouvernement et notre souverain républicain j'ai nommé « Riquiqui Premier » ; je m'élève en faux lorsque l'on qualifie cette république de dictature.

Au départ je pensais que ce garçon, le type du blog, était excessif mais avait conscience de l'absurdité de telles paroles. Je lui demandais par exemple s'il avait conscience que ne pas employer le terme idoine pour décrire une situation en général, et un système politique en particulier, était très dangereux. Mais je me trompais, et il s'est mis à m'expliquer point par point pourquoi la France était donc, à ses yeux, une dictature.

L'exposé valait son pesant de cacahuètes croyez-moi ! La stupeur passée, j'ai pris ma plus belle plume pour exposer mon point de vue.  De là est partie une conversation assez surréaliste d'où il est finalement ressorti que nous pouvions avoir des points de vue convergents mais que j'attachais une importance particulière à ne pas dévoyer le terme si inquiétant de dictature. Il m'a été reproché de ne soulever uniquement que des problèmes sémantiques.

Je dois avouer que ça m'a agacé, mais à un moment j'ai baissé pavillon….non sans tristesse néanmoins il faut parfois savoir stopper une discussion lorsqu'elle dérape et que plus personne n'y comprend rien.

Est-ce que mon intérêt pour la période 1920-1950 en Europe est la conséquence d'une sorte de morbidité malsaine ? Très franchement je ne crois pas. Il m'est arrivé d'avoir à expliquer que si je m'infligeais régulièrement des images et des textes très durs ça n'était pas pour le plaisir, loin s'en faut. D'une part c'est toujours parce que je recherche dans le document,  quelle que soit sa forme, une réponse à une question précise. Une date, un fait, une articulation qui va permettre de comprendre la situation…et d'autre part je reste convaincu du bien-fondé du devoir de mémoire tellement décrié ces dernières années. Il semble que plus on s'approche du moment où plus aucun témoins de cette période ne sera vivant et moins le devoir de mémoire semble une chose normale, acceptée et reconnue par les jeunes générations. C'est assez tragique selon moi.

La culpabilisation à outrance n'est pas une voie acceptable, certes, mais il est possible d'être instruit sur cette période sans s'en sentir coupable. Ou pas plus que chaque être humain sur cette terre n'a le devoir de l'être en tout cas.

Cette quête de sens, relatée plus haut, prend une tournure particulièrement ardue dès lors que je me pose la question de savoir comment il fut possible qu'une nation entière, et dans son sillage de nombreuses autres, sombre comme un seul homme dans la barbarie la plus sauvage. Cette rupture de civilisation est un fait effroyable qu'il est, à mon avis, nécessaire de comprendre. Toutefois il est important de noter à quel point le mal absolu est symbolisé par les nazis. Tout y est,  l'esthétique inquiétante, l'angoissante présence de ces hommes devenus, par le simple fait du fanatisme, des animaux enragés, l'atrocité innommable des actes commis…Je crois que le fondement de cette politique étant le nationalisme et surtout le racisme, et que ces deux notions sont tellement effrayantes pour tout humaniste, il est aisé de ne trouver aucune circonstance atténuante à ce qui s'est produit. De plus les méfaits des nazis ayant été exportés à travers l'Europe, le problème dépassa totalement le simple fait de la dictature intérieure, qui fut pourtant une des plus sauvages de l'histoire de l'humanité. Il y avait des opposants en Allemagne, ils furent impitoyablement exterminés ainsi que familles et amis. Il est moins aisé de réaliser à quel point, sur le plan de la politique interne, les dictatures Soviétique, Chilienne, Tunisienne ou Birmane (Il serait bien trop long de toutes les énumérer) furent et sont tout aussi inhumaines. D'une part parce que dans ces systèmes c'est l'opposant politique que l'on traque, celui qui ose le délit d'opinion. Quelle que soit la couleur de sa peau. Il est évident que la férocité de la dictature Chilienne, d'extrême-droite et à laquelle ont participé nombre d'anciens nazis réfugiés en Amérique du sud, n'a rien à envier à ce que Staline a pu commettre sous couvert de conserver le système communiste en place.

Et là je suis un peu gêné aux entournures. J'ai une grande tendresse pour la révolution Russe, pour ses idéaux, pour le romantisme qui en découle et cette formidable utopie qu'est le communisme. Néanmoins je ne peux cautionner les atrocités commises en son nom ! Bref, c'est un dilemme personnel que je me permets de simplement évoquer…

Au début de cette bafouille je vous disais que de toutes ces réflexions j'avais subi le contrecoup il y'a peu. En fait c'est un rêve que j'ai vécu il y'a quelques jours. Je venais d'attaquer la dernière partie de livre d'Orwell, « 1984 », le moment où Smith est arrêté et que va débuter son effroyable et long, tellement long interrogatoire.

Forcément ça marque. Et bien dans ce rêve c'est moi qui me retrouvait sur la table, l'horreur était que je ne savais ni, qui me questionnait, ni pourquoi. Ni même ce qu'on me demandait ! Je sais simplement que moi aussi  à la fin j'avouais que j'étais dans l'erreur, que 2+2 ça faisait bien 5 et que la terre était le centre du monde…éprouvant.

A mon réveil j'étais dans un état étrange, c'était très désagréable….Je pense que bien évidemment ce sont mes lectures qui ont alimenté ce rêve.  Il existe plusieurs degrés dans la férocité de la répression que les dictateurs pratiquent à l'endroit de leurs peuples, c'est vrai, mais à mon avis pour le type torturé dans les geôles de Ben Ali le fait qu'il était plus simple de vivre sous ce régime que dans l'Allemagne nazie n'est rien d'autre qu'une vue de l'esprit. Quand tu te fais arracher les dents m'est avis que l'identité et les motivations de ton bourreau importent peu.

En 1936, à Munich, Daladier et Chamberlain, pour respectivement la France et la Grande-Bretagne, préférèrent pactiser avec Hitler plutôt que de courir le risque d'avoir des Communistes à leurs portes. Ou plus particulièrement des bolchéviques. Dès lors tout était réuni pour permettre ce qui allait se passer.  Deux phrases sont entrées dans l'histoire comme le symbole du cynisme et de la lâcheté des gouvernements démocratiques : Churchill dit « Vous aviez le choix entre le déshonneur et la guerre. Vous avez choisi le déshonneur et vous aurez la guerre ».  Blum quant à lui déclara au retour de Daladier « Je suis partagé entre un lâche soulagement et la honte ».

Tout était dit. La realpolitik était devenue la norme pour ne plus jamais quitter les cénacles diplomatiques…triste humanité.

Baldur von schirach, l'homme qui déclarait devant un parterre de nazis hilares « quand j'entends le mot culture je sors mon révolver », s'interrogea quant à lui au sortir de prison dans les années 50 sur le fait que si Hitler avait mené l'Allemagne à la catastrophe il n'était pas idiot de se demander dans quelle mesure l'Allemagne avait fait d'Hitler ce qu'il était. Un autre point de divergence entre les nazis et les autres dictatures connues jusqu'à présent est le fait que le pouvoir fut pris totalement légalement en Allemagne. Certes il y eut un putsch raté en 1923, fascinante histoire on reviendra dessus un de ces jours, mais c'est bien par les urnes qu'Hitler put saisir le pouvoir à bras le corps.

Ça ajoute à la singularité de ce système, quand tous les autres régimes dictatoriaux furent installés par la force. Qu'elle soit militaire ou révolutionnaire.

Aujourd'hui, mardi 8 février 2011, les évènements en Tunisie et surtout en Egypte semblent être remisés au second plan des sujets d'importance médiatique. On parle de Football et de la fronde des magistrats suite à la énième connerie proférée par Sarkozy. Ah si, on en parle un peu avec Alliot-Marie et ses mensonges en bandoulière….mais sinon il faut aller la chercher l'info. Et assez profondément. On est reparti pour composer avec Moubarak, et au regard de la manière dont il s'accroche, ou plutôt dont on l'accroche au pouvoir, ça n'est pas rassurant pour ceux qui aujourd'hui encore ose se lever pour exiger son départ.

Les démocraties tiennent en place grâce à une multitude de facteurs assez complexes, et demandent beaucoup plus d'efforts à tous. Le peuple comme les élites. Il est plus simple de concevoir un état policier, bien plus simple… Néanmoins lorsque je constate tristement que nous continuerons vaille que vaille à travailler avec des despotes sanguinaires au nom d'un certain pragmatisme, j'en conclus que l'humanité n'apprend pas de ses erreurs.

Je terminerai simplement par cette citation de Karl Marx : « Celui qui ne connaît pas l'histoire est condamné à la revivre ».

Rien à ajouter….pour l'instant. Bonne journée camarades !

Hasta Siempre



08/02/2011
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