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Le jour d'après

Je ne sais pas pour vous, mais moi je ne m’en lasse pas de cette crise grecque…bon le terme n’est pas très heureux, disons que je vais de mauvaises surprises en déceptions.

 

Il a fallu que les bourses dévissent comme c’est pas possible pour que tout le monde s’affole et finalement trouvent une solution ce week-end et mettent sur la table 60 Milliards d’euros, 440 milliards de garanties sur des obligations et que le FMI promette 250 Milliards afin de stopper la spéculation.

J’avance des chiffres en gros, on ne va pas chipoter pour quelques milliards, je ne sais plus ce qui est inclus ou non concernant la Grèce, mais l’important n’est pas là.

 

La semaine dernière le pessimisme me gagnait. L’avenir me semblait sombre, mais sombre…on aurait dit un ciel de Mai au dessus de Paname…c’est dire si je n’étais pas vraiment optimiste.

Alors normalement je devrais être détendu et content, 750 Milliards ça n’est pas rien tout le monde l’admettra, même si pour chacun d’entre nous ces sommes ont quand même quelque chose d’abscons.

Ben, je vous avoue qu’autant j’étais pessimiste vendredi, autant je ne suis pas optimiste aujourd’hui.

Je sais, je suis un oiseau de mauvais augure, je vois le mal partout, je ne suis jamais content etc.

Peut-être bien, mais j’ai quand même un ou deux arguments pour n’avoir aucune confiance en ce qui est en train de se tramer, ce que je vais tenter de développer un peu ici.

 

Tout d’abord il nous faut une fois de plus souligner l’incroyable cynisme de nos chers (c’est un euphémisme) dirigeants.

A un moment ça va se voir quand même les gars, faut faire attention. On ne pourra pas indéfiniment dire au bon peuple qu’il n’y a pas un rond pour les hôpitaux, les écoles, les retraites ou les salaires et en même temps mettre moins de 72 heures pour sortir 750 Milliards afin de « rassurer » les marchés.

On ne pourra pas toujours se coucher devant la finance mondiale et cogner sur la plèbe sans que la dite populace ne commence à trouver ça lourd.

En 2008 c’est plus de 1500 Milliards qui furent trouvés en cash ou en garanties entre les USA et l’UE pour renflouer les banques. En 2010 c’est 750 Milliards qui sont sortis pour (dit-on) endiguer les « inacceptables » attaques dont l’euro fait l’objet…

Je n’ai pas les chiffres du nombre de postes supprimés dans l’éducation nationale, la santé, la police ou la justice ni non plus ceux des hôpitaux fermés, des associations (dont le seul objet est de faire que le peu de ciment social qui existe encore puisse prendre) mises au régime sec ; mais nous savons tous dans quel sens ces fameux chiffres vont.

 

Donc il nous faut « rassurer » les marchés…la belle affaire !

Bon il faut dire qu’ils sont peureux les marchés, ou du moins ils adorent jouer à se faire peur, c’est indéniable.

Mais au fait c’est quoi les marchés ? C’est qui ? Qui sont ces immondes spéculateurs auxquels il faut tordre le cou ??

Sarkozy s’égosille à pérorer à tout va que le prochain spéculateur qu’il rencontre va passer un sale quart d’heure ! Jouyet déclare qu’une, voire plusieurs, commissions d’enquête vont voir le jour afin de savoir qui ose s’attaquer à la monnaie européenne.

On parie qu’ils vont s’arrêter là ? Parce que finalement les Bolloré, Dassault et autres Lagardère auraient le cul qui chauffe et Sarkozy n’est pas du genre à venir chercher des noises à ses amis qui ont quand même bien le droit de gagner leur pognon comme ils l’entendent !! C’est quand même incroyable non ?

Donc au-delà des spéculateurs (que tout le monde connaît soit donc dit en passant), il fallait dire aux marchés qu’on les aimaient, que nous allions sécuriser tout ça afin qu’ils puissent continuer de s’enrichir.

Et que pour qu’ils puissent continuer à s’amuser à se faire peur et à gagner du blé (oui car quel que soit le sens dans lequel va la bourse, certains gagnent du fric à tous les coups, le crime parfait en quelque sorte) il faut que le peuple se sert la ceinture.

« Vous comprenez ma bonne dame si vous attendez 24 heures sur un brancard aux urgences c’est qu’il nous manque du personnel, mais c’est un effort qui permet aux bourses d’être rassurées, il faut ce qu’il faut ! »

« Mais mon bon monsieur, comment voulez-vous que je m’occupe de votre gamin ? Ils sont 45 par classe !! Mais c’est ça ou bien les bourses ont peur, c’est ça que vous voulez ? Hein ? Dites-le si c’est ça que vous voulez !!! Bolchevique !!! »

 

Ben oui, au final c’est ça qui se passe. On renfloue les banques qui ensuite viennent nous chier dans la main en lançant des hordes de spéculateurs à l’assaut de l’euro !!

Bon je caricature…mais à peine je vous assure !

 

On est passé de l’autre côté de la barrière camarades ! Désormais les états se couchent devant les marchés, c’est officiel. On le supputait depuis un moment déjà, on en a désormais la certitude.

Et je vous avoue que je préfère quand même que les intérêts et les services publics soient gérés par les états plutôt que par ces marchés.

Et j’imagine ne pas être le seul.

 

Déjà rien que ça ne me pousse pas vraiment à l’optimisme. D’ailleurs c’est avec la plus incroyable irrationalité que les marchés ont réagi à l’annonce de la mise en place de ces pharaoniques fonds européens.

De toute façon que ça perde ou gagne 10 % dans la même journée, c’est le même manque de lucidité et de logique qui prévaut.

 

On nous annonce la rigueur. Enfin ai-je envie de dire, non pas que je m’en réjouisse, loin de là, mais ça fait un moment qu’il faut faire gaffe ; or depuis que le gnome de l’Elysée est aux affaires le déficit, la dette, les dépenses publiques ont explosées !

Comment, alors qu’ils privatisent la poste, qu’ils suppriment des postes dans tous les sens, qu’ils ferment des hôpitaux, la dépense publique peut s’envoler de la sorte ??

Faut qu’on m’explique je ne comprends plus rien.

 

D’ailleurs dans le Canard Enchaîné du jour une anecdote savoureuse est relatée ; Lagarde proposant en conseil des ministres que chaque ministère opère des coupes franches dans son budget de fonctionnement afin d’une part de faire des économies, et d’autre part de montrer l’exemple.

Que croyez-vous qu’il se passât ? Pensez-vous qu’un Estrosi, un Hortefeux, un Besson ou une Mam s’est levé et la main sur le cœur a déclaré : « Pour la France, par respect pour mes concitoyens, en ces temps difficiles j’accepte de sacrifier 15% de mon salaire ! » ?

Ben non, ils ont tous regardé leurs pompes en attendant qu’on passe à autre chose.

Les minables petites personnes…Ah par contre si demain il faut tailler dans les salaires, qu’il faut augmenter la TVA et la durée de l’âge légal du départ à la retraite que pensez-vous qu’il se passera ? Ils viendront nous expliquer que ces efforts sont nécessaires pour que la nation ne s’enfonce pas dans les tréfonds d’une crise dont on ne pourra plus sortir…scénario surréaliste dites-vous ?

Demandez aux grecs ce qu’on leur impose…vous serez étonnés de leur réponse. Ou pas, c'est selon.

 

Car finalement les grecs servent de tête de pont, de cobayes, on essaie les méthodes sur eux avant de les exporter.

On les oblige à nous acheter nos armes, mais on les renvoie à l’âge de pierre (ou presque), elle est pas belle la vie ?

 

C’est l’inconséquence de nos dirigeants, la cupidité des banques, la lâcheté et l’aveuglement des politiques qui font que la situation est celle que nous connaissons aujourd’hui…et surtout c’est ce putain de « néo-libéralisme » qui nous entraîne chaque jour un peu plus vers le fond. Ou chaque jour les pauvres le sont de plus en plus et les riches également.

Chaque jour les inégalités se creusent et ce qui faisait que le capitalisme était encore acceptable dans une certaine mesure, à savoir la noble idée de tirer tout le monde vers le haut, n’est plus ! Au feu les belles idées d’élévation, désormais c’est effectivement chacun pour sa gueule, sans scrupule, sans compassion, sans rien…on court vers le néant, tête baissée et le sourire aux lèvres.

 

Autre point noir du tableau : Le gros Strauss-Kahn !

Ce type est passé en quelques semaines du rôle d’exilé à celui de sauveur. Il est qualifié de 7ème personne la plus influente de la planète par je ne sais quel magazine américain, il s’épanche dans les journaux histoire de dire que c’est lui qui a permis de résoudre le problème grec et fait passer le message qu’il est prêt pour 2012.

Il veut être le candidat de la gauche a   lors qu’il impose à la Grèce des conditions absolument intolérables socialement ? Il veut être le candidat de la gauche tout en étant le porte-parole des marchés ?

Ça n’est pas possible Dom, ai-je envie de lui dire, pas du tout possible !

En tout cas je ne voterai jamais pour toi personnellement, pour moi le candidat de la gauche est quelqu’un qui porte les espoirs d’un peuple, qui mise sur des services publics forts, qui refuse d’être manipulé par des banquiers sans scrupules…

 

Pour moi le candidat de la gauche ne se satisfait pas de ce qui a été mis en place, alors que tu te targues d’en être l’architecte !

 

Nous avons vu que lorsque cela leur semble nécessaire (ce qui est différent de ce qui EST nécessaire) les états européens peuvent regarder ensemble dans la même direction, et finalement se fédérer un minimum.

Donc c’est possible…donc établir une fiscalité européenne ça doit être possible non ?

Mettre en place un marché du travail harmonisé en tentant de préserver un minimum les conditions des travailleurs ça doit l’être également si je ne m’abuse ?

Et un impôt européen ? Pourquoi ne mettrait-on pas en place un impôt européen ? L’impôt est le socle de la démocratie, on n’aura jamais une fédération d’états digne de ce nom sans un impôt fédéral.

 

Et puis pourquoi ne taxons-nous pas, en Europe, les transactions financières ? Pourquoi sommes-nous si couards devant la puissance de l’argent ?

Pourquoi ce manque de courage politique monstrueux qui amène à des situations telles qu’une fois de plus c’est le peuple qui va payer car on a laissé faire, voire on a encouragé, des bandits sans scrupules ?

 

L'Europe ne sera jamais aussi performante que les États-Unis ou la Chine, alors pourquoi ne construisons-nous pas une Europe véritablement sociale ? Une Europe ou les services publics voudraient dire vraiment quelque chose ?

Une Europe ou le politique aurait pris le dessus sur les marchés ?

 

Quelque chose me dit que ça n’est pas encore demain qu’on verra ça, et pourtant c’est l’Europe entière qui aujourd’hui, demain, voire les jours qui suivront, va être ratatinée par la rigueur…Si au moins ça faisait réagir les foules, qu’elles se lèvent pour dire NON, et qu’elles marchent ensembles pour prendre le pouvoir…ça serait déjà ça de gagné.

Pas encore pour demain, certes, mais pourquoi pas le jour d'après?


Bonne soirée camarades !

 



12/05/2010
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