Zone libre

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Le colosse titubant

L'Europe est morte, vive l’Europe !

 

Aujourd’hui j’ai envie de parler de la Grèce et, un peu, de ce magnifique métier qu’est banquier.

 

Alors débutons et résumons un peu la situation. La Grèce est au bord du gouffre, son déficit budgétaire est astronomique et plus personne ne veut lui prêter de pognon. C’est pas très sympa, mais le marché a ça pour lui de ne pas être très très gentil.

C’est un fait. En même temps ça n’est pas ce qu’on lui demande.

D’ailleurs on lui demande quoi ? J’aimerais bien le savoir, mais ça n’est pas le sujet.

Donc la Grèce est dans le caca…jusqu’au cou !

Mais la Grèce est un pays européen, membre à part entière de l’Union Européenne et de la zone Euro. Ce qui en fait normalement un pays plus ou moins préservé des vicissitudes du marché et de ses aléas, car comme on nous l’a expliqué lorsqu’on nous a fourré le traité de Lisbonne dans le fion, ainsi nous tendrons vers cette unité politique qui alliée à l’unité économique fera de nous de sérieux concurrents des USA et surtout de la Chine !

Vous avez le droit de ricaner…voire de rire à gorge déployée.

 

On nous a même vendu la solidarité européenne vous vous rappelez ? Si, si je vous assure, adhérer au traité de Lisbonne ferait de nous des battants, et selon le vieil adage capitaliste les forts entraîneront les faibles vers le haut et tout le monde sera plus riche, donc plus heureux.

Tirer vers le haut ou bien écraser et subir la douloureuse loi de la sélection naturelle ? Je ne sais plus en fait…

 

Donc la Grèce a besoin de sous, 54 Milliards d’euro pour être précis. C’est beaucoup.

A ce niveau c’est même totalement abscons de parler chiffre, enfin pour moi, apparemment pas pour Goldman Sachs, mais ils ont tout compris eux.

On pourrait dire qu’ils n’avaient qu’à faire gaffe à leur pognon, mais en même temps tout pousse les états à s’endetter. C’est relativement normal jusqu’ici, j’en conviens. Et vous me direz que certes ils ont emprunté de l’argent et vécu à crédit mais ce fut certainement pour de bonnes raisons, comme investir dans la recherche, les énergies renouvelables, l’emploi ou l’éducation…bah même pas.

Les états s’endettent pour faire tourner la machine uniquement, c’est un peu con en fait quand on y pense. Bon, tout tournait plus ou moins bien jusqu’à ce que quelques facétieux banquiers se mettent à fourguer des produits pourris aux états, les fameuses « subprimes », qui ont entraîné tout le monde vers le fond. Enfin pas « tout » le monde, les fonds spéculatifs et les banques d’investissement vont plutôt bien et ils vous embrassent !

Quand le Togo ou la Guinée se retrouvent en cessation de paiement, que personne ne veut les aider, que plus aucun espoir ne subsiste un seul recours : LE FMI !!!

(Bon, là imaginez une musique entraînante et un nuage de fumée duquel sort le gros Strauss-Kahn en slip rouge et portant une cape siglée d’un gros $...c’est pas évident à rendre et ça prend de la place, faites un peu marcher votre imagination ça m’arrangerait…merci !)

Mais en Europe ça n’a pas de sens, on a la même monnaie, on fait partie du même espace économique, on est soumis aux mêmes lois supra nationales…les USA ne font pas appel au FMI pour financer la dette Californienne, ça serait aberrant non ? Et bien pas tant que ça en fait.

Alors les chefs d’états européens se sont réunis voilà quelques semaines afin de devancer le scandale d’un pays européen sous tutelle du FMI et en bombant le torse ont affirmé en cœur que s’il le fallait vraiment ils prêteraient à la Grèce.

Papandréou, qui est bien courageux je trouve car s’est retrouvé élu pour résoudre le merdier, un peu comme un Obama sauce blanche salade oignon, a dit « Chiche ».

Le voilà donc en train de monter un dossier pour emprunter quelques 40 milliards d’Euros…mais personne ne veut lui prêter.

« Merde » se dit-il, « m’aurait-on vendu du vent ? Je n’ose y croire car Nicolas Sarkozy lui-même s’est engagé à tenir cette promesse, et j’ai cru comprendre qu’il n’était pas homme à se dédire de sa parole. »

Sacré George, il reste stoïque je trouve.

Seulement voilà, un problème de taille se pose (et ça arrange un peu tout le monde en fait) et ce problème se nomme l’Allemagne.

Oui, je sais on a déjà entendu ça dans l’histoire du XXème siècle…on y reviendra peut être plus tard, qui sait ?

 

L’Allemagne donc, où vont avoir lieu des élections législatives très prochainement, n’a pas très envie de casquer. D’autant plus que c’est elle qui doit prêter le plus, environ 8 milliards (La France est à 6). Pourquoi n’aurait-elle pas envie de prêter son pognon sachant qu’elle va faire une bonne affaire, si tant est que la Grèce puisse rembourser ? Ben c’est con mais les Allemands, je veux dire le peuple Allemand, n’ont aucune envie de prêter de l’argent.

Et Merkel n’a aucune envie de ne pas rester Chancelière. Il parait que tout sera plus simple après les élections, mais c’est aujourd’hui, voire hier, que les Grecs ont besoin de blé !

C’est inextricable non ?

Mais d’ailleurs je me pose une question : Comment ça se passe un prêt aussi important ou tant de monde semble impliqué ?

C’est assez simple. La Banque Centrale Européenne prête aux banques à un taux d’intérêt de 1 %.

Les banques prêtent à un taux d’intérêt de 3 ou 4 % aux pays qu’elles jugent « solvables ».

Ces pays prêtent à un taux d’intérêt de 5, 6, 7 voire 8 % à la Grèce.

Donc tout le monde se fait du pognon sur le dos de la Grèce qui ne peut que rembourser les intérêts et pas le capital…c’est simple et très con en plus d’être abject !

Si la BCE prêtait directement à la Grèce à un taux de 1% le problème n’en serait pas un très longtemps.

Qui a dit que les banquiers étaient des raclures ?

Je suis d’accord vous pouvez vous rasseoir.

 

La Grèce a reçu plus de 70 Milliards d’euros depuis son entrée dans l’UE, or durant cette période elle était gouvernée par des libéraux sans scrupules qui ont investi dans des produits merdiques conseillés notamment par Goldman Sachs qui dans le même temps spéculait à la baisse sur les dits produits.

 

C’est écoeurant, et pendant ce temps c’est le peuple Grec qui morfle…je vous laisse méditer la morale de l’histoire qui est loin d’être terminée.

 

Ma conclusion de ça est que le traité de Lisbonne, entre autre, mais c’est le dernier donc c’est lui qui prend, est une vaste fumisterie. La solidarité européenne n’existe pas, l’Europe n’est plus rien, et ce qui nous assura plus de 60 ans de paix relative ne signifie plus aujourd’hui grand-chose.

 

Car finalement ce qui fait la grandeur de l’Europe, pour l’instant, est qu’elle a assuré la paix sur un continent qui, depuis que le monde semble monde, n’avait jamais réussi à ne pas s’entredéchirer.

 

Il y’eu certes l’ex-Yougoslavie, qui fut une abominable boucherie, mais malgré tout l’Europe réussit à amortir les conséquences dramatiques de ce conflit.

Or sans une Europe forte, unie et tant soit peu solidaire que se passe-t-il ?

Les extrêmes remontent, gagnent du terrain. Les nationalismes s’exacerbent et les dérapages deviennent monnaie courante, puis anecdotique et enfin inaudibles tant ils sont nombreux.

 

Et un jour un homme politique Polonais fustige les « juifs sentant l’oignon ». Et puis on entend un dirigeant Italien déclarer que les « Roms sont plus difficiles à éliminer que les rats ». Jusqu’au moment ou finalement on a basculé d’un système qui , bien qu’imparfait, unifiait les nations, à une mosaïque de petits états apeurés et près à faire passer leurs frustrations et leurs haines sur l’autre.

 

Il faut comparer la situation de l’Europe à la fin des années 1920 à celle d’aujourd’hui, et constater avec effroi que l’histoire, implacable se répète encore et encore.

 

Certes l’époque est différente, les schémas sont différents et surtout nous avons vécu l’holocauste voilà 70 ans.

 

70 ans c’est peu, néanmoins de moins en moins de survivants restent pour témoigner, pour alerter et pour ressentir ce qu’ils ont tant souffert.

 

Dès lors la Shoah, l’atrocité de la guerre, le sang et la poudre sont des concepts qui deviennent flous, abscons, presque pittoresques parfois.

 

Le monde a incroyablement changé et pourtant…tout est réuni aujourd’hui pour que le pire soit possible.

Lorsque je parle de ça on me rit au nez. Je ne sais pas trop quoi en penser.

 

Mais il se fait tard, je dois vous laisser et si j’aurais aimé parler des prisons privées aux USA, de la chute du nazisme en 1945, des élections législatives en Hongrie ou bien de la sordide manipulation à laquelle s’adonne actuellement le gouvernement concernant le voile intégral, il faut savoir en garder pour plus tard.

Ce que nous tenterons de faire, cela va de soi.

 

Je terminerais par une citation bien connue de Jean Paulhan à laquelle je me réfère souvent lorsque j’ai la sensation que l’espoir m’abandonne, que la lassitude me gagne :

 

«  Tu peux serrer une abeille dans ta main jusqu'à ce qu'elle étouffe, elle n'étouffera pas sans t'avoir piqué, c'est peu de chose, mais si elle ne te piquait pas, il y a longtemps qu'il n'y aurait plus d'abeilles. »

 

Hasta Siempre Camarades…



27/04/2010
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