Zone libre

Zone libre

La vanité

Qu’est-ce qu’on pourrait bien souhaiter pour la nouvelle année à ce fripon de Manuel Valls ?

Un maroquin ministériel ? Certes le président Sarkozy (putain ça doit être la première fois que je l’appelle comme ça lui…) avait déclaré que l’ouverture « ça suffit », mais là il ne s’agirait pas d’ouverture, ou peut-être à sa droite.

Une exposition médiatique enfin à la hauteur des talents insondables du trublion d’Evry ? Pourquoi pas, mais j’ai très peur pour lui que l’on se rende vite compte de la supercherie. En même temps ça fait bien 9 ans qu’on entend parler de Sarkozy, ou parler Sarkozy, au moins 3 ou 4 fois par semaine et personne n’y trouve à redire. C’est un animal le nabot…un animal !!

De se faire virer du PS ? Ben, ça serait quand même le moins je trouve.

En tout cas on peut lui dire merci d’entretenir le bordel à gauche, sympa Manu ! Très sympa, bon esprit...il doit faire de l’entrisme au PS en provenance de l’UMP ce gars-là, ce n’est pas possible autrement.

Pourquoi on cause de Valls ce matin ? Oh rassurez-vous on ne va pas en causer longtemps, il me sert juste à introduire le thème du jour : la vanité.

Mais pour info cette buse de Valls a déclaré officiellement dimanche soir qu’il fallait reconsidérer en profondeur le système de répartition du temps de travail afin de permettre aux français qui le désirent de travailler plus et de fait de gagner plus. En gros détricoter puis jeter à la poubelle les 35 heures. Parlons simple, parlons vrai, pas de chichis entre nous !

On dirait un mauvais copier-coller de la campagne outrancière de Sarkozy en 2007.

Valls est officiellement au PS, il est encarté, élu député et maire sous les couleurs de la gauche. Les 35 heures ont exactement 10 ans, leur entrée en vigueur date du premier Janvier 2001. 10 ans ça se fête et on a de la matière pour faire un bilan suffisamment exhaustif et objectif de la situation.

En deux mots le « problème » des 35 heures tant décriées n’en est plus un dans les PME (qui concentrent quand même 90% de l’activité du pays, ça n’est pas rien), c’est le secrétaire général de la CGPME qui le dit, ce n’est pas moi ! Les grands groupes, qui eux n’ont jamais souffert des 35 heures, au contraire, les appliquent toujours et gagnent chaque année un peu plus de productivité encore. En effet cette réforme destinée à offrir un peu plus de temps de vie aux travailleurs (qui peut aller contre une telle idée sans être réactionnaire ?) a également permis de faire pression sur les salaires et donc de bloquer l’inflation de ces derniers sous prétexte que c’est la faute aux 35 heures tout ça, tout ça…Certes des problèmes se posent dans les hôpitaux. A moins que ça ne soit dû aux réductions de budget qui empêchent tout recrutement et laisse les centres hospitaliers en grave sous-effectif ? Non, ça ne doit pas être ça, on ne badine pas avec la santé en Sarkozye, on s’en branle, c’est plus simple. N’est-ce pas monsieur Servier ?

Donc les 35 heures, cause de toutes les plaies dont souffre notre beau pays ne sont rien d’autre qu’un champ de bataille idéologique mais, pratiquement, on peut néanmoins considérer cette loi comme un succès. Ahhh !! J’entends déjà monter le grondement de la foule qui déclare qu’elle aime tellement son boulot qu’elle voudrait travailler plus, que c’est scandaleux de rogner sur son pouvoir d’achat, que la compétitivité avec les pays émergents se faisant de plus en plus féroce il est stupide de moins travailler, que de toute façon avec la vie de merde qu’elle a autant la passer au bureau et que ces salauds de socialo-communistes ont affaibli la France pour au moins deux siècles !

Enlève ta casquette Balkany on t’a reconnu….et dégage de cette manif tu me donnes de l’urticaire !

Les arguments contre cette réforme sont malhonnêtes et fallacieux. Parce que finalement ça fait un bail que la droite est aux manettes et que s’ils ont assoupli considérablement cette loi ils ne l’ont en aucun cas abrogé. Pourquoi ça d’ailleurs ? Ne serait-elle pas populaire cette loi ? Ah ben si en fait, les gens sont assez satisfaits d’avoir un peu plus de temps à passer avec leurs gamins. C’est con tiens on y avait pas pensé ça aux gens qui préfèrent vivre à travailler.

Dans les faits le temps de travail moyen hebdomadaire en France dépasse les 39 heures. Il faut dire qu’il y a de moins en moins de contrats type CDI, mais plutôt une accumulation de contrats précaires voire une augmentation du nombre de travailleurs au statut d’auto-entrepreneur qui, pour le coup, supprime toute notion de temps de travail ! Par contre, ça n’a rien à voir mais vu qu’on cause un peu chiffres ça mérite d’être souligné : les Français ont passé en moyenne 21 heures par semaine devant leur téléviseur en 2010. Record battu…ça sert vachement de se décarcasser à leur dégager du temps si c’est pour regarder Jean-Pierre Pernaud !

Les cons.

Remarquez les jeunes ont ainsi une idée de ce que peut être un combat idéologique, c’est déjà pas mal.

Nous allons de toute façon vers moins de travail, c’est mécanique. Et puis actuellement en occident on ne croule pas sous les offres d’emploi, alors autant partager ce temps de travail…mais je m’écarte de mon idée première là !

Donc Valls, dont les affinités avec l’UMP ne sont une surprise pour personne, opère un virage sur l’aile droite assez marqué pour que ça fasse parler. Depuis le PS fait la gueule, l’UMP applaudi et ne tarit pas d’éloges sur Manu qui n’est soutenu par aucun de ses « camarades » (oui je le mets entre guillemets le camarade en parlant du PS, car il a perdu son sens depuis bien longtemps. Si tant est qu’il n’en ait jamais eu un !). Les cris d’orfraie des caciques de l’UMP sont somme toute assez marrants, ils accusent le PS de ne pas être démocratique et que dès qu’une voix discordante s’élève elle est éteinte par ce monstrueux et tentaculaire appareil politique aux accointances Staliniennes ! Ça fait froid dans le dos…

C’est vrai que ce n’est pas à l’UMP qu’un truc comme ça arriverait. Ils ont une vraie liberté de parole et de pensée à l’UMP. Bon, le truc étant qu’ils n’aient pas de pensées à l’UMP, ou bien une pensée rabougrie, crétine, viscéralement réactionnaire et malodorante, mais c’est un autre problème.

Quelle bande de faux-derches quand même…je ne découvre rien rassurez-vous, je ne fais que constater.

Quelle est la raison qui pousse un Manuel Valls, dont les chances d’obtenir 3 % à l’élection présidentielle sont de l’ordre du doux rêve (ou du cauchemar selon l’angle de vue) et celles d’être choisi lors des primaires relève lui du fantasme absolu, à nager à contre-courant de sa famille politique ? Quelle est la raison qui amène Ségolène Royal à saloper une stratégie qui même si elle est sujette à débat a au moins le mérite de vouloir faire gagner la gauche en 2012 et à entretenir l’idée qu’un parti de gouvernement dans un pays démocratique se doit d’avoir un fonctionnement démocratique ? Pourquoi le Kapo Eric Von Besson est passé de gauche à droite entre les deux tours de l’élection de 2007 ? Comment Kouchner a pu accepter de se faire humilier quotidiennement durant ses 3 années passées au quai d’Orsay ?

Je me permets d’avancer l’hypothèse de la vanité. Les ego surdimensionnés font faire n’importe quoi aux plus intelligents d’entre nous, c’est humain. C’en serait presque touchant si les conséquences n’étaient pas si potentiellement dangereuses.

Quand j’étais plus jeune, oui j’ai été plus jeune vous pouvez ôter ce sourire narquois qui vous défigure merci, je pensais que pour faire de la politique il fallait avant tout de solides convictions. D’ailleurs à cette époque je rodais près des jeunesses communistes révolutionnaires. En jeunes idéalistes que nous étions, nous idolâtrions Lénine et Trotski, entre autre, mais pas Staline. Je n’étais pas encore en âge de voter d’ailleurs néanmoins le simple fait que Staline ait pu pactiser avec Hitler le décrédibilisait à  nos yeux. Depuis j’ai fait un gros travail et mon regard sur Vladimir et Léon s’est fait plus critique et malheureusement bien moins idéalisé. Néanmoins je pensais encore que l’engagement était le socle de la réussite politique. Ah, petit être naïf et touchant que j’étais, si je pouvais remonter le temps pour me faire un câlin en me disant que ça n’est pas grave et en essuyant mes grosses larmes de déception avec la manche de mon blouson, et bien…j’irai plutôt me botter le cul, et je me donnerais aussi les numéros du loto par la même occasion !

Lorsque la mère de Constance lui a demandé ce que je voulais pour Noël, j’ai immédiatement répondu « La biographie de Goering qui vient de sortir et qui est la seule et unique, pour l’instant, biographie officielle réalisée par un Français. François Kersaudy en l’occurrence, éminent historien, passionnant bonhomme, c’est un bonheur de lire ce gars-là.

Pourquoi la bio de Goering me direz-vous ? Je suis passionné par cette période de l’histoire. Je lis, regarde, écoute tout ce que je peux trouver et qui raconte comment le monde a pu permettre que se réalise le fantasme nazi. Le fait que je sois d’origine juive polonaise, que la quasi-totalité de ma famille maternelle ait été assassinée entre le ghetto de Varsovie et les camps d’Auschwitz et Treblinka, que ce traumatisme ait fait de ma grand-mère une femme malheureuse qui n’a jamais accepté son judaïsme et que le seul lien que j’avais avec cette branche familiale fut ma mère qui décéda lorsque j’avais 3 ans font évidemment beaucoup dans ma volonté de comprendre. L’énergie que je passe sur ce sujet depuis des années s’explique en partie par les évènements susdits. Toutefois si mon histoire personnelle avait été toute autre je n’imagine pas que mon intérêt et ma curiosité eurent été différents. J’imagine que dans ces conditions il aurait été plus compliqué pour moi d’assumer cet intérêt et que j’aurais dû continuellement me justifier sur la nature véritable de mes motivations. Lorsque nous étions à la Fnac devant la dame qui faisait les paquets cadeaux et se chargeait d’emballer le bouquin, je me suis mis à faire des blagues douteuses mettant en parallèle la taille du livre et la grandeur du Reich, tout ça avec un fort accent allemand et des modulations de voix inhabituelles qui s’élevaient crescendo dans le silence consterné et mâtiné d’incompréhension dans lequel l’assistance était plongée, conséquence de mon humour dévastateur et si drôle. Constance était furieuse, elle avait certainement raison, il n’est pas écrit sur ma tronche que je ne suis ni antisémite ni adorateur du IIIème Reich, mea-culpa.

Mais je crois qu’à l’instar des médecins qui doivent s’immuniser contre la peine en faisant de l’humour, je procède de la même façon. Rire de l’holocauste est une façon de supporter l’insupportable et de poursuivre mes recherches. Néanmoins tout le monde n’est pas dans la confidence.

Il y’a certainement également un peu de fascination pour le mal, une certaine curiosité morbide doit m’animer quelque part. Je ne sais pas si j’en suis vraiment convaincu, mais je suis prêt à l’admettre.

Me voilà donc en possession d’un livre fascinant, sur un homme fascinant. Et oui, je dis bien fascinant. Kersaudy explique dans sa préface la difficulté d’écrire un livre sur un type pareil car la rédaction d’une biographie entraîne immanquablement un sentiment d’empathie pour le sujet sur lequel on travaille. Et faire preuve d’empathie à l’égard d’Hermann Goering doit être terrifiant. Néanmoins je lui sais gré d’avoir été au bout de son travail. Ce livre est passionnant.

Goering est l’archétype, presque le symbole, du politicien arriviste prêt à tout pour le pouvoir et totalement accro aux honneurs et aux décorations. Une des choses les plus évidentes qui caractérise le personnage est la vanité. Lorsque plus haut je parle de conséquences éventuelles que l’on ne peut pas toujours prévoir, l’histoire du gros maréchal en est l’exemple-type là aussi. S’il ne devient nazi qu’au contact d’Hitler, pour lequel il gardera toujours une admiration sans bornes et totalement irrationnelle, si son antisémitisme bien que forcené n’en était pas moins à géométrie plus que variable, s’il a eu tant de vies au cours de son existence une constante le guide tout au long de sa sinistre carrière : sa vanité ! Ce besoin irrépressible d’être populaire, alors que tous les autres dirigeants nazis s’en foutaient, cette nécessité absolue d’être décoré, admiré, flatté, son incapacité à la modestie ou à l’humilité ont fait de lui ce qu’il était. A savoir un truand sans foi ni loi. De toutes les fonctions qu’il a eues (il n’accumula pas moins de 8 fonctions officielles en même temps au milieu des années 30), de tous les qualificatifs avec lesquels on peut le définir, celui de truand sanguinaire est certainement celui qui lui sied le mieux.

Toutefois la face du monde aurait été toute autre s’il avait su garder une certaine mesure. Sa vie d’adulte débute en faisant de lui un héros national, un de ceux qui avaient leurs photos sur les cartes postales. Il était séduisant, extrêmement brillant (les américains lui trouveront un QI de 156 lors de tests effectués au cours du procès de Nuremberg entre 1945 et 1946), avait tout à perdre à s’acoquiner avec des fripouilles comme Hitler ou Goebbels (que Goering nommait comme le « nain venimeux ». J’aime bien l’expression, elle sied bien à notre saloperie de président je trouve) mais son inextinguible soif de pouvoir et de puissance en ont décidé autrement. Ce qui de toute façon confirme qu’il était une ordure avant toute chose, c’est évident, mais les choses sont bien plus complexes avec un personnage comme Goering qu’avec les autres nazis. D’ailleurs il est probable que le régime n’aurait pas pu tenir s’il n’avait eu à sa tête que cette bande d’hommes gris et secrets, macabres fanatiques et monstres hystériques qui composaient la direction du NSDAP (Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei – Parti National Socialiste des Travailleurs Allemands ou parti Nazi) et de l’Allemagne entière. La popularité de Goering, considéré comme un bon vivant, tout en rondeur et qui savait rire en buvant de la bière (ça plait beaucoup aux allemands de l’époque ça), a permis à Hitler de réussir parfaitement sa funeste entreprise jusqu’aux années 1942-1943. Les nazis avaient besoin de la popularité de Goering, lui avait soif du pouvoir que lui conféraient ses fonctions. Il ne fut pas moins un des architectes les plus entreprenant de la monstruosité nationale socialiste, il n’était pas numéro deux du Reich pour rien ! Toutefois si Hitler était guidé par un fanatisme sans faille, il y’eut des moments entre le putsch raté de 1923 et la prise de pouvoir des nazis, 10 ans après, où Goering aurait pu écarter sa route du petit caporal à mèche. Mais son incommensurable vanité a œuvré pour la perte de l’humanité.

Putain je réalise que dans le même article je parle de Valls et de Goering en leur trouvant un point commun…c’est peut-être un peu excessif !

Mais j’ai été tellement navré d’entendre le crétin du Val d’Oise déclarer la guerre aux 35 heures que je me permets quelques excès.

Je ne conteste pas qu’il faille n’être pas très sain pour réussir en politique, néanmoins lorsque la vanité éclipse tout le reste la catastrophe n’est pas loin. Car si c’est la vanité qui poussa Goering à accomplir tout ce qu’il fit afin de permettre l’avènement du parti nazi au pouvoir, c’est également sa vanité (ainsi que celle aussi énorme d’Hitler) qui leur feront perdre la guerre sur le terrain militaire. C’est ce qui les poussa à commettre d’incompréhensibles erreurs, pour le plus grand bonheur des alliés il est vrai.

L’ambition, si je ne la comprends pas toujours très bien, est indispensable pour remporter des victoires électorales. L’impatience, l’arrogance et donc la vanité provoquent irrémédiablement la chute. Ça n’est pas moi qui le dis, c’est l’Histoire elle-même.

Il serait bon que ces dirigeants du PS aient ça en tête car si leur objectif est de voir le nain réélu pour 5 ans dès 2012 il ne faut rien changer. Si par contre ils désirent réellement l’emporter et, enfin, pratiquer une politique économique et sociale un peu plus digne que ce que l’on subit depuis trop longtemps il faut qu’ils changent leur manière de fonctionner, de penser, d’agir et ce au plus vite !

Enfin voilà, c’était un petit constat du matin…faut que je travaille maintenant !

J’avais envie de vous parler de cet incroyable bordel que fut le putsch raté de 1923 à Munich, dit « Putsh de la Brasserie », mais ça sera pour une autre fois.

Hier soir en me couchant je parlais putsch à Constance et lui exprimais mes envies d’invasion et de renversement de régime…ben elle a mis son veto. J’étais choqué ! Elle m’a dit « ça suffit les conneries, maintenant tu vas être père alors pas de Putsch ! »

Je n’ai même pas eu droit au Luxembourg….c’est moche. M’enfin elle a raison, je préfère m’occuper de mon petit bonhomme que de renverser des gouvernements. Encore un rêve qui se brise sur les rochers acérés des regrets de la vie…

Bon allez, ça suffit les conneries….Bonne journée, bonne santé et surtout bonne année mon cul !

Hasta siempre camarades !

 



04/01/2011
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 2 autres membres