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L'analogie du pire

J'ai comme l'impression que Carla Bruni a un effet dévastateur sur la santé mentale des hommes avec qui elle couche. Je ne dis pas ça pour le nain en chef qui n'a jamais été un parangon d'équilibre mental, loin s'en faut, et je ne vais pas ici lister l'ensemble des ex-compagnons, rencontres d'un soir, amants et autres camarades de jeux sexuels de la perruche de l'Elysée, le temps nous manquerait indiscutablement.
Je vais donc simplement m'arrêter sur un de ceux-là, j'ai nommé Arno Klarsfeld. Et bien je puis l'affirmer sans crainte aujourd'hui, Arno Klarsfeld est devenu totalement fou. Ça peut sembler hâtif comme jugement et pourtant…
Qui est Arno Klarsfeld ? Tout d'abord il est le fils de Serge et Beate Klarsfeld, chasseurs de nazis notoires et défenseurs courageux et pugnaces des rescapés des déportations nazies ainsi que des enfants des déportés. C'est en partie grâce à ce formidable couple que nous avons pu avoir un procès Barbie, un procès Papon et un grand nombre d'autres procès mettant en accusation une pléiade d'anciens nazis. Si je ne m'emmêle pas les pinceaux je crois même qu'ils eurent une part de responsabilité dans la traque et l'enlèvement d'Adolf Eichmann par le Mossad en 1960-1961.
Arno lui est avocat de formation, comme son papa. Il fut le jeune, beau, flamboyant et irrésistiblement brillant avocat de la partie civile au cours du procès Papon, entre autre. A cette époque, je n'étais pas vieux mais je m'en souviens encore fort bien, ce type était une sorte d'idole magnifique, un héros moderne. Enfant de déportés il était le bras de la justice qui allait enfin demander des comptes aux bouchers nationaux-socialistes, quelle belle image d'Epinal. Il aurait pu rester cette icône de gauche, bobo et intellectuelle mais également animé d'un idéal irréprochable. Il aurait pu….mais il ne l'a pas fait.
Le pouvoir corrompt, c'est indéniable, alors quand on est venu le draguer afin d'avoir dans sa besace le défenseur attitré des hommes face aux monstrueuses machines bureaucratiques ce qui permettait de dire « Vous voyez comme je suis sensible aux droits de l'homme, j'ai Arno Klarsfeld avec moi ! ».
A l'instar d'un Kouchner qui fut ramassé pour les mêmes raisons et acheté pour tellement peu que seul le mépris me permet de ne pas le haïr. Ces mêmes personnes avaient certainement dû également penser qu'en s'affichant avec Didier Barbelivien ils auraient eu les mélomanes avec eux, bon c'était très con comme idée, mais si la droite avait de bonnes idées ça se saurait depuis le temps…

Après le 11 Septembre 2001 un grand nombre d'intellectuels juifs se sont rapprochés d'Israël, et se sont mis à accepter l'inacceptable. Sous prétexte de se protéger de la menace terroriste le gouvernement d'extrême-droite de Sharon puis de Netanyahou trouva au sein des pays occidentaux un soutien inespéré. Arno Klarsfeld faisait partie de ceux-là. Il décida d'aller faire son service, j'imagine qu'il a la double nationalité Franco – Israélienne, ce qui au-delà du symbole démontre quand même un léger trouble psychologique mais bon, qui suis-je pour juger que passé l'âge de 12 ans il est suspect d'aimer se balader en treillis, de ramper sous des grillages et de faire joujou avec une arme automatique ?
J'ai bien l'impression, mais je peux me tromper, que le rapprochement entre Klarsfeld et Sarkozy s'opère au moment où le nabot se tape sa cruche à Eurodisney. Peut-être avait-il besoin de conseils de la part d'un ex ?
En Sarkozye on croule sous les commissions, les comités, les offices divers. La république des copains ça ne se fait pas tout seul, il faut bien les caser les dits-copains. Depuis un moment déjà c'est Dominique Paillé, Sarkozyste repenti, qui dirigeait l'office de l'immigration. Il en fut remercié voilà quelques jours suite à son ralliement à Jean-Louis « tu nous remets la même » Borloo. Et voilà donc notre beau et magnétique avocat qui le remplace. Et c'est là que ça dérape…

L'autre jour sur France Inter le voilà en train de justifier la politique inique du chiffre que chérit le gouvernement concernant les reconduites à la frontière d'immigrés en situations irrégulières. Et notre ancien gauchiste de dire qu'il est normal de sanctionner les préfets qui ne tiennent pas les quotas, qu'il est normal de renvoyer des Roms en Roumanie sous prétexte qu'ils sont Roms et que surtout on ne les envoyait pas à Auschwitz mais bel et bien en Roumanie.

Le Rubicon était franchi quant au point Godwin….avec les Klarsfeld il n'est jamais très loin.

Avec un aplomb ébouriffant il nous déclare que certes les Roms vivent mieux ici que là où on les envoie mais que, bon, on ne les envoie pas non plus dans des camps d'extermination.

J'étais sans voix. Encore heureux qu'on ne les envoie pas dans des camps de la mort ! Il faudrait vous féliciter pour tant d'humanité c'est ça ? Est-ce parce que son mode de pensée ne s'articule que par rapport à la Shoah qu'il jugea opportun de faire cette analogie ? N'est-il pas, justement, en tant que fils de déportés, témoin direct de l'abjection de la discrimination raciale et, en tant qu'avocat humaniste, celui qui devrait trouver incroyablement infâme et lâche de procéder à des rafles arbitraires et de renvoyer sans plus de considération des gens vers un horizon bouché ? C'est pourquoi je me permets d'affirmer haut et fort qu'Arno Klarsfeld est devenu fou.
Il devrait être le premier à s'offusquer et à protester, il est pourtant le premier à défendre ces agissements immondes. Ah c'est Guéant qui devait se frotter les mains en entendant la radio ! Un des aspects incroyablement pervers de cette intervention est qu'on a l'impression qu'Arno Klarsfeld ayant une certaine légitimité à parler de la destruction des juifs d'Europe il lui est permis de dire tout et surtout n'importe quoi.
La même phrase dite par Claude Guéant et c'était un tollé magistral dans la presse toute entière. C'est tout simplement abject.
Je ne parle même pas du fond, je ne sais pas moi s'il y'a réellement un problème de délinquance au sein des communautés Rom en France, et à la limite peu importe. Il y'a des problèmes de délinquances partout, toujours, et il en sera toujours ainsi n'en déplaise aux gros cons de la droite populaire. Mais expulser une communauté sous ce prétexte devrait lui rappeler de bien mauvais souvenirs à Klarsfeld, il n'en est rien bien au contraire.
Les juifs en 1933 étaient accusés de détenir les rênes de la finance, de comploter contre le peuple allemand. Il n'y a aucune raison qu'il n'y ait pas eu des banquiers véreux, certains devant être juifs le raccourci fut vite fait. Quel rapport entre un enfant Polonais et un banquier Autrichien si ce n'est l'obédience ? Il en est de même pour les Roms.

Tout rapporter toujours à la Shoah est tentant, moi-même j'ai tendance à regarder le monde par ce prisme. S'il peut s'avérer être déformant parfois, il arrive qu'il me permette de mieux comprendre et analyser une situation donnée. Il est en effet évident que les structures même du monde actuel, sociologiques, sociales, sociétales, intellectuelles…, ont un lien avec la catastrophe qui failli précipiter la civilisation entière à sa fin. Néanmoins ce qu'affirme Klarsfeld est certes vrai, on ne va pas gazer les Roms, mais n'en reste pas moins abject et d'une rare stupidité.
C'est tellement décevant de la part d'un homme qui fut si brillant jadis…

En fait moi aussi je peux faire des analogies entre les années 30-40 et aujourd'hui. Tout le monde peut le faire…et si on regarde bien elles ne seront pas toutes à l'avantage du pouvoir actuel, loin s'en faut.
Je le tente ? Allez….je le tente !

On a parfois tendance à considérer le régime nazi comme étant monolithique, ses affidés alignés en rangs d'oignons derrière le chef pour lequel il travaille tous. C'est une grossière erreur, du moins c'est bien trop simpliste pour que ça soit pertinent. Ce régime très particulier, matrice en partie du totalitarisme (l'autre grand schéma étant, vous vous en doutez, le Stalinisme) n'a connu, et c'est heureux, aucun égal et il est fort probable qu'il ne sera pas possible de voir un régime fonctionner à l'identique. Enfin, si on reste rationnel ce qui n'est pas gagné, je vous l'accorde !
Le culte démesuré de la personnalité, la quasi-déification d'Adolf Hitler s'est opéré petit à petit, mais de manière incroyablement efficace. Les ordres du Führer, les führerbefehl, avaient force de loi. « Commande, ô führer et nous obéirons » était un adage que l'on entendait souvent lors des meetings ou des réunions du parti. De fait il n'était nul besoin d'ordre précis pour que la multitude de cloportes rampants aux pieds de l'assassin à moustache agissent « en direction du führer ». Par exemple il n'existe aucune trace écrite ni de témoignage racontant qu'Hitler donna des ordres précis quant à la mise en place de la solution finale. Il lui suffit d'établir une prophétie, datée de 1939 mais qui reste un axe structurant (si on peut dire) de la politique du IIIème Reich et ensuite de donner les pleins pouvoirs à un homme, Heinrich Himmler, pour que soient créés les abattoirs humains que nous vîmes à Treblinka, Sobibor ou encore Auschwitz. Avant 1939 il était question de débarrasser le Reich des juifs, non pas de les exterminer. Au cours d'un discours fameux à l'été 1939, si mes souvenirs sont bons, Hitler déclara que si d'aventure l'Europe était plongée une fois de plus dans une guerre mondiale, guerre qui dans l'esprit pervers d'Hitler était la conséquence des manœuvres de la « Juiverie », un complot « Judéo-bolchévique », et bien la conséquence ne serait pas la destruction de la race Aryenne mais bel et bien celle du peuple juif. Menaces mises en application à partir du moment où les américains entrent dans la danse, en 1941, la guerre devenant effectivement mondiale.
On est donc face à un régime qui agit dans la direction de la volonté d'un homme, où toutes les strates du régime sont organisées en ce sens. L'autorité et le pouvoir d'Hitler en 1941 sont sans limites. Toutefois un trait caractéristique de l'Hitlérisme est vraiment de diviser pour mieux régner. Et en attisant les haines farouches entre les pontes du parti ou les autorités militaires il garde la main sur chaque détail de cette monstrueuse machine inhumaine. A l'extérieur la Wehrmacht aidé de la SS et des Einzatsgruppen sèment la terreur et la désolation. La guerre contre la Russie est certainement le conflit le plus barbare que l'humanité ait été obligée de subir. Les cibles sont évidemment les commissaires politiques soviétiques, les partisans et surtout les juifs. A l'intérieur du Reich c'est un état policier d'une brutalité sans nom qui officie. On subit les foudres de la Gestapo, de la Kripo, également des SS. On est surveillé par le SD et le RSHA….bref une multitude de structures composent le IIIème Reich, chacune d'entre elle étant dirigée de manière relativement indépendante ce qui provoque inévitablement un enchevêtrement procédural et une guerre des administrations dont les premières victimes sont bien entendu les populations civiles. Un historien disait que la seule manière de faire tomber le communisme était qu'il subisse des attaques venant de l'intérieur, étant absolument inattaquable de l'extérieur. Le nazisme étant à l'inverse un régime qui ne peut se déliter qu'en subissant des attaques de l'extérieur. La violence de cet état policier reste, selon moi, le sommet macabre de ce que peut engendrer la barbarie humaine.
En 1942 la guerre en Russie commence à partir en sucette. Les plans optimistes indiquant qu'elle serait gagnée en quelques semaines étaient tous remisés au placard et l'armée s'apprêtait à vivre son deuxième hiver russe….en bref ça chie sévère sur le front de l'est !
A l'intérieur du Reich la population commence à être lassée de la guerre et des restrictions qui vont avec. Goebbels, le démoniaque ministre de la propagande et fidèle soutien d'Hitler dont il a l'oreille, le sait parfaitement et il convient de remobiliser la population derrière son chef.
En 1942 il reste encore quelques lambeaux de constitutionnalité au sein du régime Nazi. Oh, bien entendu ce ne sont que quelques parcelles qui sont plus là pour la décoration qu'autre chose, mais quand même, il en reste. Notamment la justice. Il se trouve, en effet, qu'à cette époque même Hitler ne peut pas démettre les juges qui sont donc théoriquement indépendants. On peut dire que l'état est organisé autour de 4 grands corps : la justice, la police, l'armée et le parti. Si un juge déplait au parti il peut très bien finir dans un camp de concentration, personne n'y trouvera rien à redire mais aucune légalité là-dedans. A quoi bon me direz-vous ? Et vous avez raison, cela n'avait pas grande importance dans les faits, mais, par contre, en termes de propagande un coup était encore possible.

La mise en place de tribunaux populaires (le sinistre tribunal du peuple) a permis de flatter les plus vils instincts de la population, ça ne mange pas de pain et ça permet de décapiter les opposants en satisfaisant le peuple. Je me permets un aparté en m'interrogeant sur le sens que veux donner Sarkozy à ses tribunaux populaires à lui, si ce n'est le même qu'il y'a 70 ans, la décapitation à la hache en moins ?
Mais l'analogie que je veux faire ne se trouve pas ici. J'y arrive…
Donc pour ressouder le peuple derrière l'effort de guerre il faut trouver des boucs émissaires. Il faut toujours trouver des boucs émissaires quand il y'a un problème c'est la base du populisme. Les communistes, les juifs, les homosexuels, les malades mentaux, les libéraux, les ecclésiastiques….tous sont déjà persécutés et martyrisés depuis un bail. Il en faut d'autres.
C'est alors qu'arrive l'idée géniale : Si la société ne fonctionne pas bien c'est qu'il y'a des problèmes d'insécurité. Si la police fait très bien son travail, ces juges laxistes et pseudo-humanistes eux sapent ce beau travail de remise en ordre. Ça ne vous rappelle rien ?
Donc suite à un fait divers qui vit un meurtrier n'écoper que d'une peine plutôt cohérente (une dizaine d'années de prison je crois, pour un crime passionnel) Hitler s'en empara et décida de taper sur les juges. Ces derniers, soucieux de conserver leur indépendance, exprimèrent quelques protestations, mais sans plus. Parce que lorsqu'Hitler et Goebbels parlent de laxisme tout est relatif. A 99,9 % les juges sont fidèles au régime et ne sont en rien des humanistes. Par contre ils tiennent à ce que le principe selon lequel une société doit fonctionner en se basant sur la loi et rien que la loi, et que le corps qui est habilité à interpréter cette loi doit rester la magistrature. En gros ce qui leur importe n'est pas la teneur de la loi, elles peuvent bien être plus inhumaines les unes que les autres, mais qu'ils sont ceux qui doivent l'appliquer.
En s'en prenant à la magistrature et en décidant que désormais le dernier mot revenait au führer, les nazis venaient de faire voler en éclat les derniers restes de constitution qui subsistaient encore.
A partir de ce moment Hitler peut châtier quiconque, quelle que soit sa position sociale ou sa fonction, à n'importe quel moment, pour n'importe quelle raison.
Ce qui surprend les observateurs est qu'il n'avait pas besoin de surseoir à la loi pour arriver à ses fins, avant cela son pouvoir est déjà sans limites. Mais c'est un exemple flagrant de ce qu'est le pire du populisme. Le but de la manœuvre est double : détourner l'attention de la population vers un bouc émissaire et renforcer l'image volontariste et protectrice qu'Hitler cultive auprès des masses.

Je ne sais pas pour vous mais ça m'a furieusement rappelé les saillies immondes de notre nabot de président contre la magistrature et ces juges gauchistes qui n'enferment pas les voyous ! Contre ces corps de fonctionnaires incapables qui ne comprennent pas les désirs du peuple comme lui peut le faire.
Cette analogie est stupide ? Je laisse à chacun le soin de se faire sa propre opinion, mais en tout cas je ne la trouve pas plus con que celle opérée par Arno Klarsfeld lorsqu'il parle des Rom. Nos systèmes politiques ont hérité en partie de ce que les nazis inventèrent en parlant d'esthétisation de la politique. La propagande et le populisme sont toujours bien présents aujourd'hui chez nous et ailleurs.
1942 n'est pas 2010. Hitler n'est pas Sarkozy….Evidemment et dire le contraire serait d'une grande bêtise. Mais par contre on ne peut nier que face à une situation de crise on peut constater que les réflexes ne sont pas toujours si éloignés que ça les uns des autres.

J'aurais bien passé la matinée à disserter sur le nazisme et ses structures, mais j'ai moi aussi une crise à gérer et si je ne veux pas me retrouver à aller pointer à Pôle emploi je dois trouver une solution !
J'ai bien pensé à trouver un bouc émissaire mais il me reste quand même un peu de conscience professionnelle….en tout cas assez pour m'arrêter là !

En vous souhaitant un bon week-end.
HASTA SIEMPRE CAMARADES !!!



30/09/2011
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