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Introspection

J’ai du débuter une centaine d’articles de la même manière, mais qu’importe : Elle est quand même imprévisible cette putain de vie !

 

Pas toujours évident de commencer, mais on va dire que cette matrice fonctionne dans nombre de cas, la différence se fait dans le développement et non dans l’introduction.

Bigre ! Voilà que je parle d’introduction, de développement…et pourquoi pas de conclusion tant qu’on y est ?? Ben, en fait, le schéma, là aussi, fonctionne en toutes circonstances.

Mais peu importe.

Me voilà aujourd’hui à me poser quelques instants sur le bord de la route, histoire de laisser passer les cons qui me poussent au cul et de contempler le chemin parcouru.

Me voilà aujourd’hui à, une fois de plus, remercier celle qui a su m’ouvrir les yeux sur l’évidence de son amour, qui a su défaire les nœuds qui hier encore me tordaient de douleur, de peur ou de chagrin.

1000 vies ! J’ai l’impression d’avoir eu 1000 vies…c’est la 1001ème qui fut la bonne, comme quoi il ne faut jamais désespérer.

De cette existence chaotique qui m’entraina à la limite je ne dois pourtant ne rien oublier.

Et si elle débuta dans la violence et la mort, si elle se poursuivit cahin-caha dans la colère et l’impossibilité d’accepter, sans pour autant être capable d’exprimer ma rage autrement qu’envers moi-même, elle semble enfin, tel le fleuve qui se veut tranquille, avoir trouvée son lit.

Constance est devenue ma force, ma raison d’être, mon oasis au milieu de nulle part, mon obsession et simplement mon amour. Tout simplement et pourtant que ce fut compliqué.

Que de victimes, que de dégâts…

Enfant j’étais fasciné autant qu’effrayé par un livre. Ce livre c’est « L’histoire de la folie à l’âge classique » de Michel Foucault. Fasciné parce que ma mère y avait écrit son nom.

J’ai lu un jour une lettre d’elle qui demandait à ma tante de prendre soin de moi, elle y écrivit mon nom. Au stylo plume, de sa main. « Prend soin d’Aurélien… » C’est ce qui était écrit. Ces mots j’ai mis des mois à les digérer, tétanisé par l’importance qu’ils prenaient. J’avais 18 ans, j’étais camé jusqu’aux yeux et elle n’avait jamais pu être ma mère. Les cancers se soignent mieux aujourd’hui qu’hier, quoi qu’on en dise.

Je n’ai jamais pu vraiment mettre des mots sur ce manque, alors j’ai passé mon enfance à chercher à atteindre ceux que profondément j’aime sans jamais réussir à leur dire.

Mais ce livre…ce livre monstrueux que je parcourais en cachette le soir, ce livre je n’ai jamais pu le lire.

Oui, ce livre me faisait peur. Ou plutôt ce qui m’effrayait le plus était ce mot : folie.

Allez comprendre Foucault à 10 ans vous ! Sans blague, faut pas déconner, j’ai beau être curieux de tout j’ai vite compris que je n’étais pas assez vieux pour piger ce qu’il a voulu dire le père Foucault. Déjà qu’aujourd’hui j’ai du mal, alors à cet âge-là…non, c’est ce mot qui me regardait avec ses yeux pervers et son sourire démoniaque.

C’est bien simple quand je me trouvais face à la bibliothèque je ne voyais que lui. Et pourtant il y’avait nombre d’albums de Lucky Luke, d’Astérix, même des livres de Wolinski, qui soit-dit en passant eurent la primeur de mes premiers questionnements érotiques, on fait moins salace je vous l’accorde. Ça et les pages lingeries du catalogue de la Redoute…ne ricanez pas mesdames et allez demander à vos hommes s’ils n’ont jamais fantasmés (pour rester correct) sur les pages lingeries de la Redoute ou des 3 Suisses. S’il disent non c’est qu’il mentent !

C’était un malade le gars qui faisait la mise en page…mais passons, et revenons à Foucault.

Je crois que cette enfance, un peu piétinée quand même, me fit longtemps croire que tout venait de moi. Impuissant face à ma peine, j’étais responsable de celle des autres ? Incompréhensible pour un gosse, et ce gosse se pensait fou.

Et puis il y’eut ces épisodes déroutants, ces trous noirs, cette violence étouffée qui surgissait parfois au hasard des instants, qui se retournait contre moi et qui cassait mes jouets.

La folie me faisait peur tout simplement parce que je pensais qu’une part de moi l’était.

Et puis sur la couverture il y’avait une peinture baroque d’un asile moyenâgeux absolument traumatisant.

Cette couverture, le nom de ma mère de la même écriture que mon prénom dans cette lettre jaunie, et ce titre ont fait de cet ouvrage le symbole d’une enfance effrayante de laquelle je voulais, je devais absolument, m’enfuir !

Ce livre je l’ai oublié durant des années. Années d’errance, d’expérimentations diverses, de détours, de violence et de pertes.

Et puis il y’a quelques mois Constance est arrivée. Lumineuse, incroyable, amoureuse…magnifique.

Elle est arrivée avec son esprit tortueux mais tellement brillant, et ses livres. Ses dizaines, ses centaines de livres!

Quelques-uns d’entre eux sont à la maison. Parmi eux j’ai retrouvé « l’histoire de la folie à l’âge classique ». Je l’ai pris en main, l’ai feuilleté et reposé. Il ne me fait plus peur, je le lirai un jour.

C’est quand même vachement bien les livres, ils sont des compagnons de route infaillibles, fidèles…bienfaisants. Même si celui-ci, symbole de ma peur panique à être vivant, failli faire de moi un trouillard à jamais.

J’ai mis 25 ans à surmonter cette peur, mais je le sais désormais, je ne suis pas fou. Enfin pas tant que ça…

Retrouver ce livre chez celle auprès de qui je deviendrais vieux est un symbole étrange, un pied de nez bizarre et finalement très drôle…quand je vous dis que la vie est imprévisible ! C’est que j’en sais quelque chose.

A force de me prendre des murs, que souvent j’avais moi-même érigés, soyons honnêtes, je ne voyais même plus que la terre ne cessait pas de tourner autour de mon nombril.

Je suis désolé du mal que j’ai pu faire. Je suis désolé d’avoir fui lorsque le bonheur m’était apporté avec tant d’amour. Je suis désolé de n’avoir pas su voir qu’il allait sauter, de n’avoir pas entendu son appel…tellement désolé.

Mais je ne peux plus être contrit, alors si désormais c’est le mépris ou la haine qui a remplacé vos sentiments si louables, je n’y peux plus rien.

Je crois que je ne connais plus personne que je haïsse. Non, plus un seul. Je crois même que je ne hais plus.

Je ne peux pas revenir en arrière et m’arrêter pour réparer le mal que j’ai fait.

Ni même demander réparation à ceux qui m’en ont fait.

Aujourd’hui je me retourne pour regarder la route que j’ai parcourue, et si je ne suis pas fier de tout ce que j’ai fait, loin de là, je suis fier d’où je suis.

Je suis fier de celle que j’aime.

Je suis fier de ce cadeau que nous sommes en train de nous faire.

Et au final, au regard de ce que j’ai connu depuis les 34 dernières années, ce n’est pas si mal.

A bientôt camarades.

A Suivre…



05/10/2010
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