Zone libre

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Il n'est pas encore né le divin enfant !

Les affres de la création sont complexes et sinueux…enfin chez moi en tout cas !

Je ne vous cache pas que ça commence à me travailler sérieusement cette histoire. En deux mots voilà plusieurs semaines (voire mois) que mon esprit est accaparé par une seule chose : La grossesse de Constance et ce petit être qui n'est autre que mon fils.

Quelle fierté d'écrire ça…quel bonheur ! Mais pourtant ça m'a totalement séché en ce qui concerne les mots et les dessins que j'aime faire danser non pas le long des golfes clairs mais plutôt sur des feuilles immaculées. De format A4 en général.

J'ai bien tenté au début de me faire violence, je me disais « Bon mon petit poulet (je file souvent l'analogie animalière dès que je me parle à moi-même) tu vas être papa, faut en parler, faut le dessiner, tu as certainement un tas de choses passionnantes à dire sur le sujet !! ».

Je suis également très indulgent avec mon travail vous le constaterez, j'aime bien penser que ce que j'écris n'est pas que du vent…je sais que ça n'est pas le cas, mais ça m'aide à ne pas tout jeter à la corbeille.

Donc lorsque j'ai constaté avec joie l'état dans lequel mon amour se trouvait, de plus par ma faute,  je n'ai pas craint de me retrouver subitement en panne d'inspiration.

Je ne pensais pas me faire le coup de la panne en toute honnêteté…et pourtant.

Les premières semaines j'arrivais toujours à pondre régulièrement quelques dessins potables et quelques mots qui se tenaient entre eux. Et puis ce haricot informe qui vivotait dans l'utérus maternel s'est mis à devenir de plus en plus proche d'un humain.

J'ai tout un tas de photographies qui font foi, et je vous assure que désormais il ressemble bien plus à un bébé qu'à une crevette au crâne hypertrophié.

Mon blocage est définitivement proportionnel à l'évolution fœtale de mon bébé.

J'aurais pu en être peiné, ou bien en colère (deux sensations que je pratique régulièrement et sans beaucoup de retenue) de ne pouvoir exprimer quoi que ce soit, mais il n'en fut rien.

Ah je vous assure que je vacille dangereusement sur mes convictions devenues subitement branlantes.

Il faut dire que je suis d'un naturel assez anxieux, et j'avais atteint des sommets d'angoisse et de stress que je distillais sans même m'en rendre compte à Constance, ce qui finalement était pas super bon pour le bébé…Cercle vicieux s'il en est, j'angoissais qu'il se passe quelque chose, je transmettais cette angoisse à ma tendre et douce, qui devait le transmettre au bébé ce qui m'angoissait etc.

On n'en sortait pas. J'étais devenu une sorte de Taliban de l'aménorrhée, un gardien de la révolution de l'utérus, un ayatollah de la grossesse. Une horreur. Faut vraiment qu'elle m'aime pour ne pas m'avoir envoyé loin de Paris le temps que je ravale ces angoissantes questions.

Et je lui en sais infiniment gré !!

Et puis examens médicaux faisant, nous constations avec bonheur que tout allait bien. Que sa taille, son poids, ses bras, ses jambes, son cerveau…bref que tout son corps était en train de se construire sans problème. Qu'il était d'une grande vivacité et que même…lorsque je posais ma main sur le ventre de Constance je sentais l'asticot gigoter.

Il parait que les bébés sont tous différents in-utéro, qu'ils sont plus ou moins beaux, plus ou moins fins, plus ou moins agités…Ben le mien est très beau, des traits très gracieux comme il est écrit dans le dernier compte-rendu échographique est surtout très très agité.

C'est bien simple hier soir en rentrant j'ai retrouvé Constance épuisée de la rumba incessante que semblait organiser le petit acrobate dans sa chambre utérine. Quel bordel il mettait la vache !

Ça sautait dans tous les sens, ça mettait des coups de tête, de pieds, de poings, de tout ce qu'il pouvait jeter contre les parois et j'en avais ma main qui se soulevait sous la puissance de ses coups. J'étais aux anges, Constance avait beau lui demander gentiment de dormir, rien n'y faisait….ça promet.

Depuis qu'on le sent vivre et grandir sous nos doigts il devient de plus en plus une personne, tant et si bien que désormais on l'appelle le plus souvent par son prénom. Certains superstitieux en sont froissés, moi-même qui ai perdu un petit frère peu après sa naissance et à qui l'on avait donné un prénom bien tôt, bien plus tôt que pour les autres je pourrais nourrir quelque superstition.

Mais voyez-vous, je refuse d'être superstitieux pour la simple et bonne raison que ça porte malheur !

Mais si jamais je ne pourrais donner le prénom de Jules à mon enfant (Jules étant le prénom de ce petit frère trop faible pour vivre parmi les hommes) je n'ai pas de crainte quant à la vivacité de mon petit. Je n'en ai plus pour être exact.

Chaque matin m'emplit de gratitude envers cette vie que j'ai maudite durant tant d'années. Je suis fou amoureux de la femme de ma vie, qui l'est tout autant de moi et qui porte notre enfant…que la vie pourrait m'apporter de plus ? Je ne vois pas, et je n'en veux pas.

Forcément que sous mon crâne, habituellement sujet à de nombreuses tempêtes cérébrales, ben c'est encore plus le bordel ! Et je ne pense plus qu'à ce petit bonhomme que je me languis de connaître enfin.

Pour l'instant je m'entraîne à lui raconter des blagues en parlant dans le nombril de sa mère, j'espère ainsi qu'il développera un magnifique et subtil sens de l'humour, tout comme son père !

Ahhh qu'il est bon de n'être point modeste parfois…

Mais revenons à nos moutons.

J'ai donc un mal de chien à écrire ou à dessiner depuis que ce bébé accapare tout ou presque de mon cerveau. Je ne lui en veux pas un instant, c'est simplement un constat.

Il y'a quelques semaines j'ai réussi à reprendre mes crayons et comme par enchantement, depuis lors, j'arrive à coucher sur le papier exactement les images que j'ai en tête…ça m'a rassuré, vous n'avez pas idée ! Certes 99 % de ma production concerne des représentations diverses et variées de Constance (En robe de mariée, nue, légèrement vêtue, enceinte ou pas…bref j'explore toutes les facettes de ma douce, du moins celles que je rencontre dans mon esprit).

Je suis assez satisfait de ces dessins, ils me donnent un peu d'air, un peu d'espoir sur le fait que je ne suis pas totalement cramé pour la création. Tous ceux qui créent connaissent l'angoisse de la page blanche, celle spécifique du travail graphique a duré quasiment 5 mois. C'est long pour moi, même si je sais qu'en réalité c'est plutôt court.

Je bataille plus ou moins pour réussir à écrire quelques lignes en prose (preuve en est du laborieux article que vous avez néanmoins l'immense plaisir de lire ! Non ? Pas de plaisir ? Allez….soyez cool, prenez-en un peu c'est gratos et ça flatte mon ego démesuré).

Par contre, et ça c'est un autre problème, je n'ai pas écrit une seule chanson depuis un sombre séjour en Hôpital Psychiatrique c'est-à-dire alentour de Janvier ou Février (j'ai un doute mais peu importe) dernier. Cette chanson, qui s'appelle « Sainte-Anne » pour bien faire les choses, je l'aime bien mais je la trouve bien seule désormais. Quand j'attrape ma guitare pour faire découvrir au petit fœtus endormi les joies du finger-picking et des arpèges à 6 cordes je me retrouve à chanter d'anciennes chansons de mon crû, qui vous devez vous en douter, ne sont pas gaies. Mais alors pas du tout. C'est du plomb ces chansons, à écouter une boite de Lexomil à portée de main !

Sauf que j'aimerais lui chanter d'autres choses à cet enfant. Bien entendu je pourrais apprendre les chansons des autres, mais en fait ça ne m'intéresse pas trop. Je ne fais ça que pour mon plaisir et celui d'une assistance réduite, autant assumer, et donc mes tours de chants sont composés de mes compositions.

Et bien il va falloir quand même que je m'y remette, ça ne va plus du tout ça !

De même en vrac, je n'arrive plus à écrire une ligne pour une bande-dessinée dont je suis en charge des textes ce qui lèse ma collaboratrice et dessinatrice préférée, je n'ai pas écrit un mot sur le scénario d'une bande-dessinée (certes ambitieuse mais qui je crois se tient) dont le nom de code est « le choix des armes », même mon roman ayant pour cadre la Nuit de Cristal n'avance pas depuis 6 mois…c'est très frustrant.

J'ai toutefois tenté de trouver quelques réponses à cela.

La première est que tant « La nuit de Cristal » que « Le choix des armes », sont des récits terrifiants de noirceur dans lesquels je déverse angoisses, peurs et certainement mes vices plus ou moins cachés.

Or je n'ai pas envie d'accueillir mon bébé avec un tas d'idées noires sur du papier. J'ai envie de l'accueillir avec simplement de l'amour, l'amour qu'on lui porte déjà et dont jamais il ne pourra soupçonner la puissance et c'est très heureux ainsi.

C'est pourquoi je n'ose plus avancer sur ces deux projets.

De même je tente en ce moment de dessiner des bébés. Il faut dire que désormais à la maison trainent un peu partout des magazines comme « Neuf Mois », « Enceinte magazine », « gouzi gouzi hebdo » et j'en passe…alors des photos de marmots j'en ai des caisses !

Sauf qu'ils ne ressemblent à rien ces bébés que je dessine…je dois me rendre à l'évidence je ne sais pas dessiner les bébés.

Mon psy me dit que c'est normal, que tant qu'il ne sera pas là je ne pourrais le dessiner.

J'adore mon psy. Il me rassure tout le temps.

Et c'est vrai que pour décrire quelque chose ou quelqu'un il faut soit maitriser son sujet, soit en avoir établi une description diaboliquement précise au fond de son cerveau.

Or j'ai beau en rêver chaque nuit, je ne peux pas décrire précisément cet enfant…et en fait dessiner les autres bébés m'emmerde.

De ces frustrations je pourrais en être blessé, ça pourrait me rendre d'une humeur de bouledogue, ça pourrait me désespérer et m'envoyer direct au bistrot histoire d'éteindre ces hurlements à coup de whisky…mais il n'en est rien.

Je sais que mes inspirations reviendront en temps voulu, et puis au final peu importe je crois bien.

C'est certes important, mais pour la première fois de ma déjà longue vie (et ouais j'ai 35 ans et un jour désormais…ça commence à faire quand même) mon nombril n'est plus le centre de mon monde.

Déjà Constance avait réussi à l'éclipser, mais nous passons un vrai cap et mon seul souhait pour cette année 2011 (ben ouais je sais que c'est con mais ça m'offre une phrase de conclusion honorable) est que la maman comme le bébé puissent sortir épanouis et en pleine santé de l'accouchement.

Qu'ils aillent bien, qu'ils soient heureux…c'est ça mon moteur, mon étoile.

Chaque jour qui passe consolide ce bonheur, et encore je ne l'ai pas encore dans les bras à brailler, à me vomir dessus, à être un enfant en somme…ce qui nous promets tant de moments formidables (sic) !

Je me demande pourquoi je n'ai pas fait d'enfant avant en fait…La réponse est certainement que je n'avais pas encore rencontré sa maman.

Ça doit être ça….comme quoi le désespoir, qui s'il est bien pratique, ne mène à rien.

Je vous promets que la prochaine fois on parlera de la Côte d'Ivoire. J'ai commencé un genre de dossier, mais l'actualité va plus vite que mes doigts sur le clavier, c'est ennuyeux.

HASTA SIEMPRE CAMARADES

Ps : Je vais certainement être chiant et obsédé par ce bébé que je trouverais forcément le plus beau, le plus éveillé, le plus intelligent du monde des bébés de la terre entière !

Je sais que vous me rétorquerez que le plus beau bébé n'est pas le mien mais le vôtre…je sais tout ça. Mais tant pis, j'adore ce jeu !

Bonne journée

 



28/12/2010
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