Zone libre

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C'était mieux avant

J’ai mal aux genoux ce matin.

Quelle magnifique phrase d’accroche vous ne trouvez pas ?

Non ? Bon, ok c’est pas terrible je vous l’accorde. Disons qu’elle n’a de magnifique que le fait d’être véridique…j’ai mal aux genoux !

La raison ne m’apparaît pas vraiment évidente je dois avouer, je pense que je vieillis, tout simplement.

En même temps, hier, j’ai revécu une de ces journées épiques qui ont pimenté mon quotidien au cours des 8 dernières années…presque 9 même quand j’y pense.

Car je ne pense pas vous l’avoir dit mais après, donc, quasiment 9 années de bons et loyaux services à tenter de distraire la France à coup de buzzers, de questions à choix multiples et autres votes électroniques je tire ma révérence.

C’est la vie. Et si je suis excité comme un puceau face aux pages lingerie du catalogue de la Redoute je ne peux réfréner quelque élan de nostalgie. Oh point de tristesse, non, mais on ne passe pas près d’un quart de sa vie quelque part sans en garder un souvenir ému.

Or voilà, j’en ai marre des Dechavanne, Reichmann et autre Ardisson. J’en ai assez de ses petits roitelets de pacotille qui s’imagine servir à quelque chose. Leur seule utilité fut finalement de me permettre de manger au cours de ses années. Il y’a deux lectures de ces faits me concernant, mais devant absolument être en harmonie avec moi-même je quitte le milieu de la télévision !

Mon futur employeur me demandait si j’étais bien certain de quitter ce qu’il appelle le « show-business », mais il n’a pas idée comme j’en ai plein le fion de ce soi-disant Show-Business.

 

Certes je vais quitter des gens avec qui j’ai aimé travailler, certains que j’estime beaucoup, d’autres que j’apprécie uniquement et un bon paquet que je méprise.

 

Ils se reconnaitront, du moins je l’espère.

 

Donc me voilà hier après-midi sur un plateau à faire ce que l’on appelle abusivement le pompier. C'est-à-dire qu’il y’avait un problème dont personne n’arrivait à déceler l’origine et tel un sauveur du petit écran je suis arrivé pour le régler.

C’est mon truc ça, régler les problèmes. Je suis un peu résolveur de problèmes…on a les talents qu’on peut, on ne choisit pas vraiment.

A la suite de cette flamboyante intervention me voilà au bar en train de boire des canons avec des camarades de jeu afin de trinquer à ces années qui ne seront bientôt que souvenirs.

Or depuis quelques semaines je ne bois presque plus, je sais pour ceux qui me connaissent c’est risible mais c’est vrai. J’étais donc parti pour boire une simple bière mais vous savez comment ça se passe : les verres s’empilent, il y’a toujours quelqu’un pour remettre une tournée et au final tu bois un paquet de demis sans débourser un centime et en te demandant lequel des deux volants tu vas choisir en rentrant dans ta voiture. J’ai pris celui de gauche, ça me semblait plus sur…

Alors ce matin mes genoux arthritiques me font souffrir, j’en conclus que c’est soit dû à mon agitation frénétique de l’après-midi, soit à ma consommation trop élevée d’alcool.

La bière fait mal aux genoux, il m’a fallu arriver à l’âge canonique de 34 ans pour m’en rendre compte…comme quoi tout arrive.

 

Autour de la table devaient être cumulées plus d’un demi-siècle d’années d’expérience à monter des émissions si l’on additionne les parcours de chacun. Tels des anciens combattants rabâchant leurs faits d’armes les anecdotes fusaient, l’émotion était parfois réelle et l’alcool aidant, quelques larmes furent même versées, si si je vous assure…des larmes.

Point de sang néanmoins, et très peu de sueur…enfin pour certains mais je suis bon camarade et n’en dirais pas plus.

 

C’était agréable en fait.

En rentrant vers ma maisonnée, retrouver la femme de ma vie à moi, les images s’entrechoquaient et au détour d’un carrefour me vint cette fameuse phrase que chacun d’entre nous a dite au moins un jour dans sa vie : « c’était le bon temps ».

Elle est con cette phrase.

Il arrive également de dire « c’était mieux avant », ce qui est tout aussi passéiste et creux.

Mais en fait si c’était mieux avant, donc, c’est qu’avant…on était plus jeunes.

Le nœud de la nostalgie est là, l’origine de ce sentiment tient à cela en fait. En regardant avec envie nos années passées c’est nos jeunesses que l’on contemple. Et nos jeunesses on ne les retrouvera jamais.

D’où la nostalgie…CQFD.

Parce qu’en fait j’en ai bien chié durant ces années à trimer, j’ai beaucoup saccagé ma vie privée, sentimentale, ma santé et même ma famille.

Je suis passé à côté de beaucoup de choses mais j’ai eu le parcours qui fut le mien et aujourd’hui je ne peux que le constater et en tirer les conclusions qui doivent s’imposer.

 

Je sais que les 3 prochains mois vont être une succession de moments plus ou moins émouvants jusqu’à ce que la page soit définitivement tournée et que ce nouveau challenge qui s’offre à moi ne soit plus le futur mais bel et bien le présent.

Je le sais bien tout ça, et finalement j’en suis heureux.

Je pars en étant en parfait accord avec ma conscience, sans rancune, sans aucune haine. Je pars le cœur léger et avec tant d’envie pour l’avenir que la nostalgie ne pourra freiner tout ça.

Avoir la possibilité de prendre sa vie en main n’est finalement pas un luxe comme je le croyais il y’a encore peu de temps, elle n’existe que par notre seule volonté. On peut se laisser porter par la vague, ou bien saisir sa vie et la diriger. Longtemps je n’ai fait que subir, désormais je ne pourrais plus jamais être en situation de faiblesse face aux évènements.

C’est quand même très satisfaisant.

 

Même si ça fait un peu mal aux genoux…mais on n’a rien sans rien me direz-vous.

 

Passons à autre chose. Quoique là aussi on pourrait parler de nostalgie, mais je vous laisserai juges.

 

Voilà quelques semaines mon Pierrot de cousin préféré et moi-même nous trouvions à la maison en train de célébrer quelque nouvelle magnifique dont je parlerais certainement d’ici quelques semaines.

Nous étions seuls car nos douces et belles compagnes étaient en goguette, ça fleurait bon la testostérone et la blague douteuse.

A un moment, après avoir discuté tout notre soûl nous décidâmes de regarder un de ces films de mâles que l’on visionne avec un plaisir plus ou moins assumé selon les individus, mais dont on ne se targue jamais d’apprécier !

 

Nous avions d’ailleurs conclut lui et moi que si les filles nous demandaient ce que nous avions regardé, nous répondrions « Le mépris », ou un vieux Truffaut.

Ça passe quand même vachement mieux que…JOHN RAMBO.

 

Et oui, je n’avais jamais vu le dernier opus de la célèbre saga guerrière autant que Stallonesque et sous les conseils avisés de mon frère de sang qui tout excité me dit « Oh putain t’as ça ?? Faut absolument regarder cette horreur une fois dans sa vie ! ».

 

Et c’est ce que nous fîmes.

 

Et bien, croyez-le ou non, je pense n’avoir jamais vu un film aussi violent.

J’ai lu ensuite qu’un type s’était amusé à compter les gens que Rambo fait passer de vie à trépas au cours de l’heure et quart que dure ce magnifique spectacle, et il était arrivé si mes souvenirs sont bons au chiffre de 197.

En plus il ne tue personne entre la première et la quinzième minute du film, je vous laisse faire le calcul afin de connaitre la fréquence de la frénésie meurtrière de ce garçon.
Tous les Rambo sont violents et connus comme tels, certes. Néanmoins auparavant lorsqu’un type se faisait flinguer il mourrait simplement, lorsqu’un pont explosait il y’avait du bruit des flammes et finalement assez peu de sang. La suggestion jouait encore à plein jusque dans le précédent épisode de la série.

Dans John Rambo, le dernier avatar donc, lorsqu’il tire dans la tête d’un birman (oui les méchants sont birmans dans celui-ci, et je peux vous dire qu’ils sont sacrément méchants les gusses) cette dernière, la tête, explose avec force détails et projection de viande sur l’objectif de la caméra. Lorsqu’une mine explose les jambes se déchiquètent, les bras deviennent bouillie, le sang, la viande tout se mêle on en arrive presque à ressentir l’odeur atroce de graisse brûlée.

 

J’étais estomaqué devant un tel raffinement. En soi il n’est pas mal le film, on s’attend à un film de bourrin on n’est pas déçu. En plus il ne s’est pas emmerdé avec la dramaturgie inhérente à ce genre de production, on va directement à l’essentiel !

Normalement ça commence toujours avec un Rambo cassé, mais retiré des affaires que l’on vient chercher pour aller zigouiller quelque misérable ennemi de l’Amérique. Il refuse parce qu’il dit que ça suffit comme ça, que c’est pas sa guerre et qu’en plus il a généralement des trucs de prévu le lendemain comme construire un monastère ou tailler un bout de bois. Là il attrape des cobras.

Ensuite il arrive un évènement qui va le fâcher, et il rumine, puis prend son arme, sa bite et son couteau et va foutre un bordel pas possible dans des coins totalement improbables du globe pour terminer tout sale avec ses habits déchirés.

Or là on passe directement du moment ou il est peinard à celui ou il tue tout le monde.

On gagne du temps et ce n’est pas plus mal.

 

Ce film m’a donc marqué, et en le regardant je me demandais si les précédents étaient si violents car je n’en avais pas le souvenir. Je me disais que mes yeux d’adolescent à l’époque étaient peut-être moins sensibles ou un truc du genre.

Pas du tout.

C’est bien ce film qui est incroyablement violent, et pourquoi plus que les autres ? Une balle dans la tête fait-elle plus de dégâts en 2010 qu’en 1980 ?

Assurément non, mais par contre la société a changé, les limites ont été repoussées et l’esthétique est radicalement différente.

Les Mad Max, Terminator, Rambo et autre Die Hard ne seraient pas les mêmes s’ils étaient tournés aujourd’hui. C’est d’une affligeante banalité ce que je dis mais là ça m’a vraiment marqué.

Les codes du cinéma ont évolué, les images se doivent d’être plus choquantes, la lumière même est plus agressive…en bref j’ai pris un coup de vieux en regardant cette boucherie.

 

D’ailleurs dès le lendemain matin dans le métro je suis tombé sur l’affiche du film « Piranha 3 » (j’ai un doute sur le numéro mais on s’en fout). Cette affiche est la réplique de celle des « Dents de la mer » sortie en 1977 ou alentour, à savoir une nana sur un matelas gonflable en train de bronzer sur l’eau alors qu’en dessous le danger approche. Requin en 77, Piranhas préhistoriques (si, si je vous assure j’ai lu le pitch dans un journal) en 2010.

 

Et pourtant immédiatement on peut distinguer l’une de l’autre. Ce ne sont que des détails mais c’est flagrant en fait. Ce qui m’a frappé est la cambrure de la nana sur son matelas. Elle a une pose bien plus agressive en 2010 qu’il y’a 30 ans, l’esthétique dite « porno-chic » est passée par là.

Je ne fais que constater et n’en tire aucune conclusion vraiment intéressante.

Ça m’a juste amusé.

 

Il faut dire qu’esthétiquement les années 80 ça vaut le détour. Quelle hideuse décennie quand même.

 

Remarquez on dira peut-être la même chose des années 2000 d’ici 20 ans, qui sait ?

 

Alors était-ce mieux avant ?

J’en doute, on était plus jeune simplement et puis le monde était différent. Le capitalisme avait un ennemi et semblait garder un visage humain malgré tout. Il existait encore des limites morales à l'indécence capitaliste.

 

Et puis la chute du mur, et puis Reagan, et puis Thatcher, et puis les stock-options, les fonds de pension, l’avidité et la pression permanente…et puis, et puis.

 

On peut prendre tout ce qui fait le monde, la culture, la politique, l’architecture etc. Et constater dans quel sens les choses évoluent.

 

Alors si regarder Rambo I après avoir vu Rambo IV n’est plus possible, je pense quand même qu’un Pompidou vaut mieux qu’un Sarkozy.

 

Parfois quand même, c’était mieux avant.

 

Hasta Siempre et bonne journée.



02/09/2010
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